Des peintures de Yayoi Kusama resurgissent 60 ans plus tard
C'est en explorant la collection du Smithson American Art Museum (SAAM) de Washington qu'une de ses archivistes fait une surprenante découverte : quatre toiles de l'artiste japonaise Yayoi Kusama, réalisées au début des années 50.
Par Matthieu Jacquet.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, les musées peuvent parfois s’étonner de leurs propres ressources, et pour preuve. Quelques mois après sa citrouille gonflable jaune à pois noirs érigée au milieu de la place Vendôme, des œuvres de Yayoi Kusama font à nouveau l’actualité. Cette fois-ci, point de projets récents et inédits mais plutôt une redécouverte : quatre toiles de l’artiste japonaise réalisées dans les années 1950, retrouvées par un musée américain dans ses archives.
C’est au Smithsonian American Art Museum, situé dans la ville Washington, que l’on doit cette résurgence inattendue. Alors qu'elle explore la collection du sculpteur américain Joseph Cornell léguée au musée, l'une des archivistes remarque la présence de quatre peintures achetées à Yayoi Kusama en 1964 pour la somme de 200 dollars au total – une somme paraissant aujourd’hui dérisoire compte tenu de la valeur de l'artiste sur le marché. Ces œuvres sont d’autant plus rares qu’elles datent des prémices de sa carrière artistique : produites juste après sa toute première exposition personnelle au Japon, entre 1953 et 1954, elles précèdent également son installation aux États-Unis en 1957 qui marquera le début de sa notoriété internationale.
Si Yayoi Kusama – aujourd’hui âgée de 90 ans – s’est surtout fait connaître depuis les années 1960 par ses installations immersives qui projettent le spectateur dans un monde aux couleurs criardes peuplé de volumes phalliques, de ronds et de sphères flottantes, ces peintures retrouvées témoignent d’un tout autre style, d'un passé oublié où la plasticienne japonaise s'inscrit dans les courants de l’époque. Réalisées à l’aquarelle, au pastel et à l’encre, elles se composent de formes abstraites créées par jets de peinture colorée dont l’aspect avoisine en effet l’action painting et le tachisme, styles et courants artistiques qui germaient alors dans la création picturale d’Occident. Mais outre un Jackson Pollock, une Joan Mitchell ou une Lee Krasner, les compositions de certaines de ces toiles méconnues peuvent aussi bien rappeler celles des œuvres de Joan Miró que des peintures rupestres. Un trésor qui éclaire sous un nouveau jour l’illustre carrière de l’une des artistes les plus célèbres de notre époque.