Art Basel Paris 2024 : zoom sur la galerie High Art
Du 18 au 20 octobre, le Grand Palais accueille la troisième édition de la foire d’art contemporain Art Basel Paris. Parmi les 195 galeries participantes, focus sur la galerie High Art, fervente défenseure de la création émergente à Paris, qui présente notamment sur son stand des œuvres des artistes Matt Copson, Philipp Timischl et Masanori Tomita.
Texte par Anya Harrison.
Portrait par Blommers & Schumm.
Retrouvez le Numéro art 15 en kiosque et sur iPad.
La galerie High Art à Art Basel Paris
Ce qui avait commencé comme un project space géré par deux amis, avec un budget limité, a laissé la place depuis à une galerie installée à Pigalle, que complète un second espace abrité dans une chapelle du XIIe siècle, à Arles. Rembobinons à l’année 2011 : “Romain [Chenais] et moi dirigions Shanaynay, à Ménilmontant, quand les project spaces fleurissaient dans Paris, se souvient Jason Hwang. Il y avait de l’énergie, avec des lieux comme castillo/corrales, Treize ou The Institute of Social Hypocrisy. À l’époque, nous voulions réfléchir à la définition même d’une exposition, en partant de la base : Qu’est-ce qu’un vernissage, un communiqué de presse, un espace consacré à l’art ? Tout cela était disséqué, avant d’être réassemblé.”
Avance rapide, deux ans plus tard. Le duo a changé de braquet, désormais désireux de “stabilité et de relations plus pérennes avec les artistes, d’où la décision de tenter [sa] chance avec une galerie commerciale”. Au moment même où les deux amis envisageaient cette transition, Chris Sharp, un proche [cofondateur de Lulu, un project space à Mexico, et plus récemment de la Chris Sharp Gallery à LA] leur a présenté Philippe Joppin, qui venait de quitter Perrotin et avait déjà une expérience de vente en galerie. High Art est donc né du heureux hasard de cette rencontre, en 2013, entre Jason Hwang, Romain Chenais et Philippe Joppin, ses trois cofondateurs.
Depuis, la galerie s’est fait une place en offrant des expositions personnelles à des artistes comme Max Hooper Schneider ou Valerie Keane, et en proposant une programmation qui déjoue toute tentative de catégorisation facile, avec des noms comme John Russell, Philipp Timischl, Mélanie Matranga, Kentaro Kawabata, Wangshui ou Maryam Hoseini, mais aussi quelques nouveaux venus tels que Michael Ho, Karla Kaplun et Masanori Tomita, parmi les artistes qu’elle représente. “Nous avons réalisé assez vite que l’identité et la programmation d’une galerie ne sont pas des choses figées, explique Romain Chenais. Elles sont sans cesse en mouvement, avec des glissements qui s’opèrent, reflétant à la fois l’intérêt des galeristes, bien sûr, mais aussi celui des artistes avec lesquels nous entretenons un dialogue.” D’une certaine manière, c’est ce qui justifie le nom de la galerie : “Un nom au passé, au présent, au futur, avec une connotation très générique qui lui donne son ouverture et sa bonne adéquation avec notre programme.”
“Notre lieu est vraiment géré par des artistes. L’essentiel vient de nos artistes, de nos liens avec eux et de la responsabilité qui est la nôtre dans le cadre de cette relation. Tout le reste passe au second plan.”
Jason Hwang
Pour ce qui est des artistes exposés, “il y a une grande perméabilité dans leurs formes”, déclare Hwang. Ainsi, “Masanori Tomita vient du manga et, même si cela ne transparaît pas directement dans ses œuvres, cela nourrit sa pratique.” Ses peintures abstraites sont en effet un amalgame de surfaces, de tonalités et de textures très stratifiées. Cette porosité formelle se retrouve aussi chez Matt Copson, qui recourt à des dispositifs théâtraux, en particulier l’animation laser, comme façon alternative de dessiner dans l’espace. Ou encore chez Michael Ho, dont les toiles, avec leurs motifs gestuels et abstraits, doivent tout autant à sa formation d’architecte qu’à l’esthétique de la peinture chinoise à l’encre.
Ce qui a permis à la galerie de perdurer au fil des années ? “Notre lieu est vraiment géré par des artistes. L’essentiel vient de nos artistes, de nos liens avec eux et de la responsabilité qui est la nôtre dans le cadre de cette relation. Tout le reste passe au second plan.”
Art Basel Paris, du 18 au 20 octobre 2024 au Grand Palais, Paris 8e.