FIAC 2021 : 10 stands à visiter absolument
Après une année blanche en 2020, la FIAC fait son grand retour à Paris et investit pour la première l’espace du Grand Palais Éphémère. Au programme, plus de 160 galeries issues de 26 pays, dont une trentaine de nouveaux exposants et de nombreuses découvertes. Entre les premières sculptures de Martin Margiela, l’installation inédite et in situ de Thomas Bayrle, des œuvres méconnues des grandes figures du land art ou du surréalisme, découvrez les stands à ne pas manquer au sein de cette 47e édition.
Par Matthieu Jacquet.
1. Les fantômes de Paul Maheke à la galerie Sultana
Pour sa première participation à la FIAC, la galerie parisienne Sultana fait le choix de la poésie sur fond violet. Consacré à Paul Maheke, son stand propose un bel aperçu de la pratique de l’artiste français, éclectique et pluridisciplinaire mais aussi poétique et mystique, où le corps et le langage racontent leur propre disparition. Au sol et aux murs, on retrouve ses assemblages parallélépipédiques mêlant plaques de cuivre altérées par des émulsions chimiques et petits blocs de verre transparent emplis de formes fantomatiques, inspirées par le diable. C’est également cette figure qui habite les dessins gravés du jeune homme, dont les corps émergent par leurs yeux et leurs contours. Récurrents dans sa pratique, de nouveaux rideaux teintés voilent le fond du stand, recouverts de fragments de poèmes en anglais.
Stand F06.
2. Les papiers-peints anachroniques de Thomas Bayrle chez Neugerriemschneider
Les visiteurs de la FIAC sont habitués aux cimaises blanches, souvent les plus propices à la présentation d’un ensemble d’œuvres. Contre ce tropisme, la galerie berlinoise Neugerriemschneider et son artiste Thomas Bayrle choisissent de tapisser le stand pour confondre ses toiles dans un univers en nuances de gris, graphique et pop, pourtant bien plus sombre que l’esthétique laissée par Andy Warhol et Roy Lichtenstein. Jouant sur la répétition de motifs digitaux, l’artiste allemand a repris dans cette création inédite volontairement anachronique des scènes inspirées de fresques de la Renaissance italienne, en référence à des maîtres tels que Masaccio ou Masolino, à la manière des toiles de Jouy. Dans ces ensembles denses apparaissent également des objets emblématiques de l’ère industrielle, tels qu’un moteur de Citroën monté sur socle ou une voiture apparaissant dans un large collage sur papier.
Stand A20.
4. Les mille visages fardés de Sin Wai Kin chez Soft Opening
D’étranges visages s’alignent sur les cimaises blanches du stand de Soft Opening. En s’approchant, on découvre une succession d’empreintes de visages fardés laissées sur des lingettes démaquillantes. À travers son personnage de drag-queen, Sin Wai Kin – anciennement Victoria Sin – explore en vidéo, performance et objets les possibilités fictionnelles offertes par le travestissement. Transferts de visages de performeurs queers de la scène londonienne et d’un arsenal de nouveaux personnages imaginés par l’artiste d’origine canadienne, ces visages s’affirment comme des réinterprétations contemporaines du masque pendant que Sin Wai Kin elle-même apparaît en chair et en os, méditative, dans l’un de ses films inédits.
Stand G24.
5. Le maître du land art Dennis Oppenheim à la galerie Mitterrand
Si Robert Smithson et Walter De Maria lui volent souvent la vedette, Dennis Oppenheim reste l’un des grands noms du land art qui mérite d’être célébré à sa juste valeur. C’est ce qu’ambitionne la galerie Mitterrand, qui fait cette année son grand retour sur la foire, en prenant le parti audacieux de consacrer son stand à l’artiste américain disparu en 2011. L’installation réunit entre autres les traces photographiques et cartographiques d’un projet de 1969 dans un champ de blé en Pennsylvanie, où le paysage se transforme au passage d’une moissonneuse, ainsi que des images d’autres œuvres réalisées par l’artiste à la fin des années 60, retranscrits selon la tradition esthétique du mouvement de la fin du XXe siècle. Uniques, ces tirages et cartes sont d’ailleurs recomposés selon la disposition imaginée par leur auteur.
Stand C37.
6. Les compositions visuelles post-humaines de Kévin Bray chez Stigter Van Doesburg
Du côté de la galerie Stigter Van Doesburg, basée à Amsterdam, les œuvres de Kévin Bray interpellent. Par leur forme, d’abord. Leurs supports blancs, imprimés en 3 D, s’écartent des dispositifs habituels d’exposition par leurs crochets phalliques, leurs flèches pointées vers le visiteur ou leur convexité. Par leurs contenus, ensuite : des compositions à la frontière du réel et du virtuel où flottent silhouettes difformes sans visage, créatures hybrides non identifiées et fragments de corps boursouflés. Ces hiéroglyphes contemporains en volume répondent, ici, à trois peintures de Pim Blokker, tendres scènes urbaines du quotidien, et une photographie du Français Jimmy Robert.
Stand G12.
8. Les reliques mystérieuses de Gaia Vincensini chez Gaudel de Stampa
Que peut bien faire un coffre-fort à la FIAC, si ce n’est nous inciter à découvrir ce qu’il renferme ? Sur le stand de la galerie parisienne Gaudel De Stampa, Gaia Vincensini propose une grande installation céramique baptisée Cheval de Troie, récipient marron austère et froid de reliques intimes: à l’intérieur se cachent de petits chérubins, tandis que le contenant s’enrichit de clés, de cœurs et de symboles helvétiques. À cet objet massif répondent des plaques verticales aux tonalités sépia où quelques visages gravés à l’eau-forte sur le zinc composent sur ces supports un imaginaire poétique.
Stand G25.
3. Des figures subversives du début du XXe siècle à la Ubu Gallery
À New York, la Ubu Gallery s’est affirmée depuis les années 90 comme une fidèle défenseuse de l’avant-garde du début du XXe siècle, des Dadaïstes aux surréalistes. Son stand à la FIAC fait la part belle à des figures majeures et subversives de cette époque telles que Hans Bellmer, avec plusieurs clichés de ses fameuses poupées désarticulées, et Max Ernst, présent à travers une photographie de Paris de 1929. À l’installation s’ajoute également une série de dessins et de peintures de l’artiste et écrivaine Unica Zürn, allemande elle aussi, dont l’œuvre graphique énigmatique se peuple de créatures polymorphes et de multiples visages.
Stand D05.
7. Un ensemble de peintures hautes en couleur chez Peres Projects
Profusion de couleurs sur le stand de Peres Projects. Entre ses murs lilas et vert d’eau, la galerie berlinoise présente une sélection de huit artistes, peintres et sculpteurs. On y découvre des déformations picturales de la figure humaine par le Londonien George Rouy et le Philippin Nicholas Grafia, une large peinture du Brésilien Rafa Silvares, obsédé par les tuyaux et canalisations qu’il représente dans un style néo-pop, un immense quadriptyque ultra-coloré signé par l’Américain Richard Kennedy, ou encore une toile abstraite de Donna Huanca, dont les teintes douces et aquatiques trouvent leur écho dans sa grande sculpture circulaire en miroir.
Stand C04.
9. Le corps vu par Margiela et Marlene Dumas chez Zeno X Gallery
C’est un stand tout en teintes douces et pastel que propose la Zeno X Gallery, où le corps émerge par discrètes évocations. Au programme, deux toiles du Flamand Luc Tuymans, connu pour ses représentations du quotidien dans des couleurs diluées, auxquelles répond un sexe féminin peint par la grande portraitiste sud-africaine Marlene Dumas, célébration tendre de l’intimité. Sur papier, Pélagie Gbaguidi propose des dessins denses où le geste révèle la spontanéité d’un croquis. Mais le plus marquant restera sans doute la présence inédite à la FIAC du célèbre créateur belge Martin Margiela, émissaire d’une mode radicale et conceptuelle, qui dévoile – pour la première fois – ses sculptures au public le jour de l’ouverture de son exposition à la fondation Lafayette Anticipations : trois sculptures moulées en silicone dans lesquelles l’œuvre et le socle fusionnent pour ne plus représenter qu’un morceau de corps en majesté.
Stand B06.
10. Les personnages hybrides et surréalistes de la galerie Anne Barrault
De grands yeux fixent les visiteurs depuis le stand de la galerie Anne Barrault. Sur une paire de rideaux bleus, ce regard – brodé par Marie Losier – accompagne d’étranges petites boîtes qui semblent prendre vie par leurs plumes ou leur perruque, ainsi que des visages dessinés sur papier et ses vidéos. Un univers aux portes du surréalisme, que rejoignent les dessins de Roland Topor, scènes énigmatiques réalisées à la fin des années 70 ou au début des années 90, ainsi que les toiles récentes de Guillaume Pinard, dans lesquelles les hommes se transforment en singe ou en puma pour composer un bestiaire hybride.
Stand F38.