Art Basel : les 5 expos à ne pas manquer pendant la foire
Alors que l’incontournable foire d’art contemporain Art Basel inaugure cette semaine sa nouvelle édition, Bâle se met au pas en accueillant nombre de projets aux quatre coins de la ville et dans ses institutions phares. Découvrez 5 expositions à ne pas manquer.
par Matthieu Jacquet.
La rétrospective de Mika Rottenberg au Museum Tinguely
Derrière leurs situations surréalistes, leur esthétique pop et ludique et leur humour absurde, les œuvres de Mika Rottenberg portent un regard caustique sur les dérives du capitalisme et les effets du travail à la chaîne sur les corps contemporains.
Un travail étendu sur plus de vingt ans, dont le Museum Tinguely propose un riche aperçu à travers l’une des plus grandes expositions consacrées à l’artiste d’origine argentine. On y (re)découvre ses pièces parmi les plus emblématiques, à l’instar du film NoNoseKnows, où une femme dotée d’un nez de Pinocchio éternue des spaghettis, de l’installation vidéo Cosmic Generator, tunnel immergeant le visiteur dans les images de marchés chinois saturés d’objets en tous genres, ou encore de ses Lampshares, lampes-champignons dont les formes organiques tissent un lien poétique entre les mondes matériel et naturel.
Une riche rétrospective qui s’étend jusqu’au parc du musée, où l’artiste dévoile une étonnante fontaine : sur sa structure rose, plusieurs lèvres rouges se dessinent en relief, tirant la langue aux passants avec espièglerie.
“Mika Rottenberg. Antimatter Factory”, jusqu’au 3 novembre 2024 au Museum Tinguely, Bâle.
La peinture panafricaine à l’honneur au Kunstmuseum
Peut-on aujourd’hui parler d’une peinture “panafricaine” ? Quels liens formels, conceptuels, thématiques peut-on dégager des œuvres d’artistes issus de pays d’Afrique ou de sa diaspora, au-delà de leurs singularités ? Et comment cette peinture figurative et ses ramifications ont-elles évolué depuis un siècle, contribuant à définir la notion de “Blackness” à travers le prisme artistique ? Tels sont les points de départ de la grande exposition “When We See Us”, qui investit pendant les prochains mois l’ensemble du Kunstmuseum Basel – une surface nécessaire pour accueillir une centaines d’œuvres réalisées par près de 120 artistes. Si nombre d’entre eux sont aujourd’hui mondialement connus, tels que Henry Taylor, Mickalene Thomas ou encore Kehinde Wiley, l’exposition invite à replonger dans le travail de figures historiques très influentes dans leur pays, dont Ibrahim el-Salahi au Soudan ou Wilson Bigaud en Haïti. Le tout organisé suivant différentes thématiques, de la sensualité à la spiritualité en passant par l’émancipation.
“When We See Us. Un siècle de peinture figurative panafricaine”, jusqu’au 27 octobre 2024 au Kunstmuseum Basel, Bâle.
La Fondation Beyeler se métamorphose tout l’été
Avec son grand jardin verdoyant, sa vue imprenable sur les collines allemandes, et son architecture toute en baies vitrées signée Renzo Piano, la Fondation Beyeler a su, au-delà de la qualité de ses expositions, conquérir le public bâlois depuis 1997, au point de devenir l’un des musées les plus visités du pays. Pour la première fois de son histoire, l’institution privée investit jusqu’à la mi-août l’ensemble de ses espaces intérieurs comme extérieurs avec de nombreuses créations inédites, dans le cadre de l’exposition “Dance with Daemons”. On peut par exemple y parcourir une serre de Precious Okomonon emplie d’une végétation luxuriante et de créatures étonnantes, traverser l’immense brouillard diffusé par Fujiko Nakaja dans l’ensemble du jardin, et découvrir, à travers lui, des sculptures de Philippe Parenno, Thomas Schütte, ou encore un écran LED de Dominique Gonzalez-Foerster, surplombant les arbres. Tandis qu’à l’intérieur, des toiles s’accumulent sur les murs, des sculptures de Brancusi sont machinalement posées dans des coins, ou sont déplacées de salles en salles, transformant la forme classique de l’exposition figée en événement en mutation constante.
“Dance with Daemons”, exposition jusqu’au 11 août 2024 à la Fondation Beyeler, Riehen.
L’incontournable Kunsthaus Baselland dévoile son nouvel espace
L’histoire du Kunsthaus Baselland a commencé en 1998, dans une ancienne usine, avec une ambition majeure : étendre la visibilité de l’art contemporain à Bâle en exposant de nombreux noms internationaux, tout en mettant en avant la scène suisse émergente comme établie. Après vingt-cinq ans passés dans ce premier espace, l’institution prends ses quartiers dans un nouveau lieu, ancien entrepôt à champagne dans la commune limitrophe de Müchenstein, réaménagé par le bureau d’architectes Buchner Bründler. Pour l’inaugurer, la commissaire Ines Goldbach expose une vingtaine d’artistes autour du concept de “rewilding”, regroupant les actions mises en place pour protéger, encourager et réenchanter le développement de la nature sauvage face à sa destruction et sa mise en danger par l’espèce humaine. Peintures monochromes et projections sur la façade du bâtiment par Tony Cokes, photographie d’une surface 100 mètres carrés signée Daniela Keiser, ou encore grandes tables colorées de Laura Mietrup, pouvant être utilisées pour leur fonction pratique comme esthétique… Pour la plupart produites in situ, les œuvres réunies mettent ainsi en valeur le potentiel d’un lieu déjà propice à d’ambitieuses propositions.
“Rewilding. Opening exhibition of the new Kunsthaus Baselland”, exposition jusqu’au 18 août 2024 au Kunsthaus Baselland, Bâle.
Au HeK, la technologie redessine les canons de la beauté
Les visages déformés de l’influenceuse Kylie Jenner, le corps aux muscles hypertrophiés d’une culturiste modélisée en 3D, ou encore un buste interactif, dont les écrans tactiles permettent aux visiteurs d’en redéfinir les proportions… Présentée au HeK, lieu de création et d’exposition dédié aux croisements entre arts et technologies, “Virtual Beauty” explore la manière dont les canons de la beauté, et particulièrement notre regard sur le corps humain, se trouvent de plus en plus redéfinis par les images numériques retouchées, les personnages hyperréalistes dessinés pour exister dans le monde virtuel, ou encore les produits de l’intelligence artificielle et des algorithmes aux fonctionnements opaques. Une exploration vivante portée par une vingtaine d’artistes, tels que Frederik Heyman, connu pour ses impressionnants décors mouvants à la frontière entre l’humain et la machine, Simon Penn et son récit inquiétant d’une expérience personnelle déroulée entre le monde numérique et le monde réel, ou encore ORLAN et ses célèbres opérations chirurgicales en public, ayant dès les années 90 mis à profit les dispositifs technologiques – en l’occurence, la vidéo – pour théâtraliser la métamorphose du corps.
“Virtual Beauty”, jusqu’au 18 août 2024 au HeK (maison des arts électroniques), Bâle.