17 août 2021

Yayoi Kusama : que va devenir sa citrouille géante engloutie par les eaux ?

Un événement inhabituel s’est produit lundi dernier sur l’île Naoshima, au sud-ouest du Japon. Exposée à ciel ouvert sur un ponton, une sculpture monumentale en forme de citrouille jaune à pois noirs de l’artiste Yayoi Kusama a été emportée par la mer déchaînée, suite au typhon qui a frappé cette région du pays. Repêchée des eaux, l’œuvre en plastique renforcé a été endommagée par cet incident et devra être restaurée.

Sur de cette petite île du Sud-Ouest du Japon, la Yellow Pumpkin de Yayoi Kusama est un emblème. Apparu dans le paysage local un an après la présence de cette dernière à la Biennal de Venise en 1993, pour la première participation officielle du Japon, elle est le signe de la reconnaissance de l’artiste par son pays natale qui la néglige d’abord sur les marchés de l’art nippon dans les années 60. Entre-temps, la japonaise se sera éclipsé une quinzaine d’années, davantage chez elle dans le milieu artistique new-yorkais. 

 

Admiratrice de la nature, Yayoi Kusama n’avait-elle pas en installant sa courge kabocha (une variété japonaise) si près de l’eau fait une sorte d’offrande à la nature ? À l’instar de “Shine of Life” (2019), une sculpture tentaculaire émergent des eaux du lac du musée de Kistefos, en Norvège, cette œuvre était peut-être trop parfaitement intégrée à son environnement naturel. Quoi qu’il en soit, le site Benesse Art qui en est propriétaire ne l’a pas laissé bien longtemps à la dérive, connaissant la valeur artistique mais aussi financière de l’objet. Pour s’en donner une idée, il suffit de rappeler qu’une de ses citrouilles fut adjugée 1,9 million d’euros, en 2019 auprès de la Shanghai Mission Auction. Repêchée sur les côtes avec de nombreuses fissures, la sculpture sera restaurée et regagnera dès que possible sa place d’origine. Vendues 

La “Yellow Pumpkin” de Yayoi Kusama à la dérive sur la mer de Seto, au Sud-Ouest du Japon

II ne faut pas s’y méprendre, il ne s’agit pas ici d’une nouvelle œuvre de land art. La semaine passée, une citrouille géante jaune à pois noirs glissait sur des vagues tempétueuses, inéluctablement éloignée du rivage par des vents enregistrés à 84 km/h. Installée sur un ponton à la pointe de l’île Naoshima au sud-ouest du Japon, depuis 1994, la sculpture en plastique renforcé signée par la plasticienne Yayoi Kusama a subi de plein fouet le dernier typhon qui a touché le pays. Ses dimensions considérables – 2 mètres de haut pour 2,5 mètres de large – n’auront pas suffi à la retenir sur la terre ferme.Si les résidents de la région y sont habitués à une météo instable, déplaçant régulièrement l’œuvre mouchetée de l’artiste pour la mettre à l’abri suivant les prévisions, l’intensité de la tempête a été cette fois-ci sous-estimée, offrant au monde entier ces images impressionnantes capturées par des smartphones avant d’être partagées sur les réseaux sociaux. 

 

Sur cette petite île du Sud-Ouest du Japon, la Yellow Pumpkin de Yayoi Kusama était devenue un emblème. Apparue dans le paysage local un an après la présence de l’artiste nippone à la Biennale de Venise en 1993, pour la première participation officielle du Japon, elle s’est fait le symbole de sa reconnaissance par son pays natal, qui avait d’abord montré peu d’intérêt pour son travail dans les années 60. La petite île Naoshima, connue des amateurs d’art contemporain pour abriter plusieurs musées aux architectures avant-gardistes tels que le musée d’art de Chichū, est en effet un lieu d’exposition prestigieux. Depuis 2006, elle héberge également une citrouille rouge de Yayoi Kusama, qui elle n’a subit aucun dommage. Son homologue jaune poussin déraciné la semaine dernière a vite été repêché, rappelant la valeur artistique mais aussi financière des œuvres de son auteure : à 92 ans, Yayoi Kusama en effet est l’une des artistes vivantes les plus cotées du marché. En 2019, une autre de ses citrouilles fut adjugée 1,9 million d’euros par la Shanghai Mission Auction. 

 

Grande admiratrice de la nature, Yayoi Kusama n’avait-elle pas, en installant sa courge kabocha (une variété japonaise) si près de l’eau, proposé une sorte d’offrande à la nature ? À l’instar de Shine of Life (2019), une sculpture tentaculaire émergeant des eaux du lac du musée de Kistefos, en Norvège, cette œuvre était peut-être trop parfaitement intégrée à son environnement naturel. Récurrent dans la pratique de l’artiste au fil des décennies, le motif de la citrouille lui provient de souvenirs d’enfance, lorsqu’elle jouait dans des champs de courge voisin de sa maison familiale. Depuis, elle reproduit cette forme rebondie dans de multiples versions et formats, de l’aquarelle à la structure gonflable géante, à l’instar de celle érigée en 2019 sur la Place Vendôme à l’occasion de la Fiac. Suite à l’incident de Naoshima, de nombreuses fissures sont apparues sur la Yellow Pumpkin, qui sera restaurée avant de pouvoir regagner sa place d’origine.