27 mar 2020

Wim Wenders donne vie aux personnages d’Edward Hopper

Inaugurée le 26 janvier dernier, la grande exposition monographique consacrée à Edward Hopper à la fondation Beyeler a été contrainte de fermer ses portes plus tôt que prévu. À cette occasion, le musée suisse avait commandé un projet inédit : un court-métrage en 3D inspiré par les toiles du peintre américain et signé par le réalisateur allemand Wim Wenders.  

Devant les peintures d’Edward Hopper, j’ai toujours eu le sentiment qu’elles représentent des plans de films qui n’ont jamais été tournés”, confie Wim Wenders dans la bande annonce de son court-métrage. Comme pour combler cette profonde frustration, le réalisateur allemand signe cette année un nouveau film inspiré des toiles de l’artiste. Commandé par la fondation Beyeler dans le cadre de l’exposition dédiée au peintre qui a ouvert en ses lieux à Bâle depuis le 26 janvier, ce court-métrage nommé Two or Three Things I Know about Edward Hopper (Deux ou trois choses que je sais à propos d’Edward Hopper) est ainsi projeté dans l’une des salles du musée.

 

À travers cette création immersive inédite pensée en 3D, le réalisateur de Alice dans les Villes imagine la vie autour des scènes capturées par ces oeuvres réalistes et silencieuses : qu’advient-il de ces femmes au regard nostalgique, éperdument assises sur leur lit, ou de ces couples éclairés par la seule lumière du seuil de leur maison dans le noir de la nuit? Conçu comme un véritable hommage au peintre, ce court-métrage n’est toutefois pas une première pour le cinéaste allemand, qui s’est déjà par le passé inspiré de ses toiles, de leurs compositions à leurs couleurs vives. Ainsi, dans Paris, Texas (1984), Wim Wenders leur emprunte l’ambiance solitaire des routes vides et une certaine âme américaine.

 

Au-delà de la peinture, les toiles d’Edward Hopper ont largement influencé le cinéma : on pense par exemple à Terrence Malick, qui, dans Les Moissons du Ciel, recrée l’étrange manoir de La Maison près de la voie ferrée, mais aussi au décor de la célèbre toile Nighthawks reconstruit dans Les Frissons de l’Angoisse, de Dario Argento. Pour Two or Three Things I Know about Edward Hopper, Wim Wenders a tiré son inspiration de toiles légèrement moins célèbres, à l’image de Morning Sun ou Gas, et nous plonge dans l’Amérique des années 50, pour une ambiance mystérieuse proche des films d’Elia Kazan. Si les portes de la fondation Beyeler sont actuellement fermées jusqu'à nouvel ordre, la bande-annonce du court-métrage nous donne pour l'instant l'occasion de découvrir un aperçu du court-métrage en attendant de pouvoir le visionner dans son intégralité, et d'apprécier sous un nouveau jour les atmosphères si particulières créées par ce peintre de la solitude moderne.