Un groupe anonyme brûle un Banksy pour mettre en vente sa version digitale
Ce mercredi 3 mars, un groupe d’amateurs de tech et d’art conservant son anonymat a posté une vidéo dans laquelle ils mettent le feu à une estampe de Banksy… pour en vendre après coup la version digitale.
Par La rédaction.
Alors que le monde virtuel a pris, depuis un an, le dessus dans toutes les sphères de nos vies professionnelles, privées, sociales et culturelles, il semblerait continuer à prendre d’assaut la matérialité même de la création artistique. Il y a quelques temps, un groupe d’amateurs d’art s’est posé une question : pourquoi vendre une oeuvre originale quand on pourrait la brûler et en mettre en vente la version digitale ? Sur un compte Twitter baptisé “BurntBanksy“, le groupe anonyme est passé à l’acte en postant la vidéo d’une performance où l’un de ses membres met le feu avec un briquet à une œuvre imprimée de Banksy intitulée Morons (2006), adjugée 27 800 euros par la maison Christie’s en décembre dernier. Représentant une scène de vente de mise aux enchères, où visiblement un tableau comportant l’inscription “I can’t believe you morons actually buy this shit” (“Je n’arrive pas à croire que vous, bande de crétins, achetez vraiment cette merde”) est en train d’être enchéri, l’estampe de Banksy dénonçait déjà en son temps l’absurdité et la superficialité du marché de l’art contemporain.
En brûlant l’oeuvre pour ensuite en vendre aux enchères la version digitale, qui devient donc par là même le seul original de l’oeuvre, le groupe de BurntBanksy appuie et pousse d’un cran plus loin la critique cynique développée par l’artiste britannique. Afin d’expliquer l’idée derrière cet acte, visiblement aussi sérieux que satirique, l’un de ses membres dit à la caméra : “Si vous aviez le NFT [“Non Fungible Token“, soit l’exemplaire numérique unique et authentifié de l’oeuvre], la valeur serait mise d’abord sur l’œuvre physique. En supprimant l’œuvre physique, on assure que désormais plus personne ne pourra jamais l’altérer et que seulement une pièce unique de l’œuvre existe dans le monde. Ainsi, la valeur de l’oeuvre physique est transposée sur celle du NFT.”
Mise aux enchères depuis ce vendredi 5 mars, et jusqu’au 9 mars sur le marché virtuel OpenSea, la version digitale du Morons de Banksy représente le nouveau témoignage d’un cap inédit pour le marché d’art contemporain. Car bien que largement débattue – elle est loin de faire l’unanimité chez les collectionneurs et amateurs d’art contemporain –, la vente d’art virtuel continue de faire sa place au sein du marché alors qu’une solution parant au problème de reproductibilité des œuvres numériques se démocratise de plus en plus. Labellisée “NFT” (Non Fungible Token, c’est-à-dire “preuve non fongible”), la technique utilisée afin de les rendre uniques consiste à encrypter la signature de son propriétaire dans le fichier même en utilisant la blockchain. Ainsi, jusqu’au 11 mars la maison de vente aux enchères Christie’s met en vente pour la première fois une œuvre intégralement digitale réalisée par l’artiste américain Beeple. Au même moment où les spéculations sur son prix de vente continuent, débutées au montant symbolique de 100 dollars, celles sur le NFT de Banksy fleurissent à leur tour, actant avec fracas l’ouverture d’un nouveau chapitre pour l’art contemporain.