13 déc 2023

Tout savoir sur l’artiste Tarek Atoui, sculpteur du son exposé à l’IAC

Chaque semaine, Numéro décrypte le travail d’un artiste contemporain exposé actuellement. Ici, focus sur l’artiste franco-libanais Tarek Atoui, sculpteur du son, à l’affiche de sa première exposition personnelle en France à l’IAC de Villeurbanne.

L’artiste Tarek Atoui, sculpteur du son et créateur d’instruments

 

Véritable architecte et sculpteur du son, Tarek Atoui en fait le cœur des installations et performances qu’il réalise depuis une vingtaine d’années. Né au Liban en 1980, ce Français d’adoption entre dans l’art contemporain par la musique : une formation en composition électro-acoustique, puis une expérience en tant que directeur artistique du STEIM – centre de recherche dédié aux nouveaux instruments de musique à Amsterdam – lui ouvrent un riche champ de possibles. Depuis, l’homme conçoit des objets sonores qui mêlent matériaux séculaires et techniques traditionnelles, entre branches d’arbres, pierres de granit et récipients en bronze utilisés comme instruments, cymbales, hauts-parleurs, harmonicas et platines vinyles, avec des machines informatiques créées sur mesure, que les mécanismes déclenchent automatiquement ou qui captent les vibrations de leur environnement. Souvent collaboratives, ses œuvres sont régulièrement créées à l’issue de workshops, avec par exemple des élèves de maternelle ou des personnes sourdes et malentendantes. L’artiste, représenté en France par la galerie Chantal Crousel, a déjà exposé à la Biennale de Venise, à la Tate Modern ou encore au Mudam.

 

 

Tarek Atoui à l’IAC : sa première exposition institutionnelle en France

 

Pour sa première exposition monographique dans une institution française, Tarek Atoui propose à l’IAC – Institut d’Art Contemporain de Villeurbanne – une expérience visuelle et sonore dans laquelle les visiteurs sont invités à utiliser leurs oreilles autant que leurs yeux et leurs mains. D’une salle à l’autre, l’artiste franco-libanais égrène ainsi une soixantaine d’instruments de son invention : ensemble de sept grands tubes noirs traversant presque toute une salle, harmonica électronique de poche à six hauts-parleurs, ensemble de pierres volcaniques plates sur pilotis, ou encore totem surplombé d’un bol en bronze rempli d’eau… Si certaines s’animent automatiquement grâce à des machines conçues pour l’occasion, d’autres invitent le visiteur à les manipuler lui-même, tandis que certaines restent silencieuses, attendant les interventions ponctuelles de l’artiste et laissant le visiteur dans l’attente d’une potentielle activation.

L’œuvre choisie par l’artiste : la symphonie du familier

 

Une installation étonnante et complexe trône au milieu d’une des salles de l’IAC. Plusieurs éléments apparaissent, posés au sol sur un tapis gris : un seau en métal, une platine et un tas de vinyles, une caisse claire noire, un bac en plastique transparent, ou encore des petits morceaux de bois géométriques, rappelant les blocs d’un jeu de tangram. Si a priori rien ne semble relier ces objets familiers, les câbles noirs tissent entre eux une véritable réseau, tel une toile activée par une programmation invisible. Comme de coutume dans les œuvres de Tarek Atoui, l’installation s’anime alors sous les yeux du spectateur interloqué : d’un côté, des balles de ping pong vibrent légèrement sur la caisse claire, de l’autre, un tube d’arrosage goutte à goutte fait discrètement résonner le seau, pendant qu’un deuxième fait couler l’eau sur la cymbale en équilibre sur le bac, générant une symphonie discrète, accessible aux plus attentifs d’entre nous.

 

 

Les mots de Tarek Atoui

 

“Le Whispering Playground est une œuvre pivot à la fois par sa symbolique, et son rapport avec les éléments de l’exposition. C’est une forme de synthèse des différentes directions qu’explore ma série The Whisperers, et particulièrement le Whispering Manual qui présente une série d’ateliers pédagogiques. L’œuvre est un point de rencontre des différents axes de ma pratique : la composition, l’exposition mais aussi l’atelier et la pédagogie. Cette installation est très sérieusement composée, mais a été pensée avec des objets de la vie de tous les jours, que l’on peut trouver dans une salle de classe, à la maison ou dans d’autres lieux. Elle est à la fois œuvre et espace d’activation, puisqu’elle est avant tout destinée à des ateliers et à des moments de pédagogie, qui ont lieu sur sa surface et sa topologie. 

 

Le Whispering Playground est comme un microcosme de tout ce qu’on voit et rencontre dans l’exposition “The Drift” : les différents modes d’écoute qui peuvent être visuels, vibratoires, oraux ; les différents matériaux tels que la pierre, le plastique, le métal ou le bois ; mais aussi les différents mécanismes de production de son comme la rotation, l’eau ou la vibration. J’aime beaucoup cette pièce, qui a été pour moi d’une grande inspiration et d’une simplicité complexe – ce qui me plaît toujours dans la production de mon travail.”

 

“Tarek Atoui. The Drift”, exposition jusqu’au 11 février 2024 à l’Institut d’Art Contemporain (IAC), Villeurbanne.

 

 

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