9 fév 2022

Serpentine Gallery : l’artiste Theaster Gates dévoile son projet mystique pour le 21e pavillon

En mai dernier, la Serpentine Gallery révélait que Theaster Gates serait à l’origine de son 21e pavillon d’été, structure éphémère installée depuis 2000 pendant quatre mois dans les Kensington Gardens à Londres. Le plasticien afro-américain, connu pour ses œuvres engagées mais également ses initiatives urbaines œuvrant pour la démocratisation de l’art dans les quartiers populaires, vient de dévoiler la première image de son projet Black Chapel, inspiré par son rapport au sacré.

Zaha Hadid, Jean Nouvel, Frank Gehry ou encore Rem Koolhaas… Les noms des plus célèbres architectes de notre époque sont derrière les étonnants pavillons d’été développés par la Serpentine Gallery ces deux dernières décennies. Chaque année depuis 2000, le musée d’art contemporain londonien fait appel à une figure de l’architecture pour concevoir cette structure éphémère, installée pendant quelques mois durant dans les Kensington Gardens, à l’ouest de la capitale britannique, non loin de ses bâtiments permanents. Ces créations ouvertes, destinées à accueillir le public pour divers événements, transforment ainsi d’un été à l’autre le paysage de ces jardins. Après le pavillon ovale lumineux du cabinet Counterspace, imaginé en 2020 mais finalement présenté l’an passé, ou encore la construction en ardoise ondulant comme une vague du Japonais Junya Ishigami en 2019, ce n’est cette fois-ci pas à un architecte mais à un plasticien que la Serpentine Gallery a confié la conception de son 21e pavillon : Theaster Gates. Si cet Afro-Américain de 48 ans s’est fait connaître par ses sculptures à base de matériaux pauvres comme le goudron et la terre, son travail s’étend bien au-delà de l’objet pour investir l’échelle de la ville, témoignant de son grand engagement pour la démocratisation de la culture auprès des classes les plus populaires. L’artiste vient de dévoiler les plans et premières images de son projet pour l’institution britannique, qui ouvrira ses portes à partir du 10 juin prochain.

Très sensible aux inégalités de territoire et d’infrastructures présentes à Chicago, ville dont il est originaire, Theaster Gates entame en 2009 un ambitieux projet de réhabilitation de bâtiments abandonnés des quartiers pauvres pour en faire des lieux d’échange et de création, comme des ateliers et une bibliothèque qui revalorisent l’histoire du quartier tout en exploitant des matériaux de récupération locaux. Un vaste chantier urbain qu’il continue de développer depuis douze ans, et qui nourrit désormais de l’autre côté de l’Atlantique son projet pour la Serpentine Gallery : une cloche récupérée de l’église St. Laurence, bâtie dans le sud de Chicago, avant d’être démolie il y a quelques années, se retrouvera désormais dans son pavillon dans le parc londonien. Car pour cette création inédite et éphémère réalisée avec l’aide d’Adjaye Associates, agence fondée par le célèbre architecte britannique David Adjaye, Theaster Gates a imaginé une structure ouverte verticale et circulaire aux airs de chapelle. Réalisée en bois, matériau employé par le plasticien dès les débuts de sa pratique, elle accueillera la lumière du jour à travers une ouverture percée dans son plafond oblique.

Serpentine Pavilion 2022, Black Chapel, designed by Theaster Gates. Design render, interior view. © 2022 Theaster Gates Studio

Entre sanctuaire et lieu de rassemblement, le pavillon de Theaster Gates reflète la relation de l’artiste au monde du sacré. Son nom Black Chapel renvoie à “l’impact que la musique et les arts sacrés ont eu sur [sa] pratique, et le rôle collectif de ces initiatives émouvantes et communautaires”, explique le plasticien quadragénaire, avant d’ajouter avoir toujours voulu construire “des espaces qui envisagent le pouvoir du son et de la musique comme un mécanisme de guérison, et une force émotive qui permet d’entrer dans un moment de profonde réflexion et/ou de profonde participation”. Installée à l’entrée du pavillon, la cloche de l’église St. Laurence sera ainsi sonnée régulièrement pour annoncer les différents événements tenus dans le pavillon pendant ses quatre mois d’ouverture, entre concerts, lecture de poèmes et spectacles de danse. En lien avec les préoccupations écologiques de l’institution londonienne et de l’artiste, interviewé dans le dernier Numéro homme, la structure pourra être démontée dans son intégralité à partir du 16 octobre, avant d’être reconstruite ailleurs pour y rester de façon permanente.

 

 

Le 21e Pavillon de la Serpentine Gallery sera inauguré le 10 juin dans les Kensington Gardens, à Londres. Il y restera jusqu’au 16 octobre.