Référence de l’art contemporain, la méga-galerie Hauser & Wirth s’installe à Paris
Avec une quinzaine d’espace répartis dans trois continents et la représentation de près de cent artistes au total, Hauser & Wirth est ce qu’il convient d’appeler une “méga-galerie” et une véritable référence de l’art contemporain. Implantée à Zurich, Londres, New York et Hong Kong, ou plus récemment Minorque et Monaco, la galerie qui fête cette année ses trente ans d’existence vient d’annoncer l’ouverture d’ici 2023 de son premier espace à Paris dans un hôtel particulier du huitième arrondissement.
Par Matthieu Jacquet.
Lorsqu’en 2020, Numéro art rencontrait le couple Iwan et Manuela Wirth à la tête de Hauser & Wirth, l’une des plus influentes galeries d’art au monde implantée dans une quinzaine de lieux dans le monde et trois continents, l’entretien se terminait par l’inévitable question : “allez-vous ouvrir un espace à Paris?” À l’époque, Iwan Wirth répondait avec humour : “Nous l’avions en tête pour 2021. (…) La question n’est pas de savoir si nous allons ouvrir à Paris, mais quand”. C’est désormais officiel : après Zurich, St. Moritz et Gstaad en Suisse, New York, Hong Kong, Londres, Somerset, et plus récemment Minorque et Monaco, la méga-galerie fondée en 1992 s’implante enfin dans la capitale française. Une arrivée très attendue pour cette référence du domaine qui représente près de soixante artistes vivants, parmi lesquels George Condo, Cindy Sherman, Jenny Holzer ou encore Rashid Johnson, ainsi que les successions d’immenses artistes désormais historiques, de Louise Bourgeois à Alexander Calder. Pour certaines de ses antennes comme celle de Somerset, occupant une ferme du 18e siècle complètement transformée pour accueillir, outre ses espaces d’expositions, un espace restaurant et des chambres d’hôte, ou celle de Minorque, immense espace implanté sur une micro-île entre les murs d’un ancien hôpital naval, Hauser & Wirth avait démontré sa capacité à diversifier son modèle pour sortir de l’expérience du white cube. C’est vers un format plus classique que semble se diriger la galerie pour son espace parisien, en investissant l’intégralité d’un hôtel particulier de la rue François Ier, dans le huitième arrondissement, à quelques pas de la prestigieuse avenue des Champs-Elysées.
Avec ses quatre étages, et ses 800 mètres carrés de surface totale, le bâtiment édifié en 1877 porte une riche histoire : jusqu’à 1940, la galerie d’arts décoratifs Maison Decour occupait ces lieux, avant que la station de radio historique Europe 1 ne s’y installe de 1955 à 2018. Confié à l’architecte parisien Luis Laplace, qui a notamment travaillé avec Hauser & Wirth sur ses derniers projets d’ouverture, l’aménagement de l’immeuble demandera de nombreux mois de travaux afin de créer, notamment, un espace d’accueil dans un rez-de-chaussée bénéficiant d’une exceptionnelle hauteur sous plafond, un espace d’exposition principal au premier étage, ainsi que des bureaux pour l’équipe. L’implantation de la galerie à Paris, pour laquelle le couple Wirth n’a jamais caché son amour et sa passion envers l’histoire et le foisonnement culturels, est également motivée par des évidentes raisons économiques. Suite au Brexit début 2020, et même depuis les quelques années qui l’ont précédé, Paris a repris une place de choix sur le marché international jusqu’à devenir le carrefour majeur du monde de l’art en Europe occidentale, attirant aussi bien les Américains que les Asiatiques, en passant par les acteurs artistiques influents des pays du Moyen-Orient.
Plus précisément, le huitième arrondissement est une zone particulièrement stratégique pour un monument de l’art contemporain de l’envergure de Hauser & Wirth. Déjà investi par la méga-galerie américaine Gagosian depuis douze ans, le quartier a depuis accueilli les nouveaux espaces des plus grandes galeries parisiennes, parmi lesquelles Kamel Mennour, Almine Rech, Perrotin – qui inaugurait en septembre dernier un bâtiment entier consacré à sa section second marché sur l’avenue Matignon – ou encore Nathalie Obadia. Mais l’attrait de Paris à l’international a également motivé l’implantation, notamment au fil de ces deux dernières années, de galeries étrangères telles que la Londonienne White Cube – qui dispose aussi d’espaces à Hong Kong et São Paulo –, l’Américaine Mariane Ibrahim ou encore l’Ivoirienne Cécile Fakhoury dans ces mêmes pâtés de maison. Ce retour en grâce du huitième arrondissement s’explique, lui aussi, par plusieurs facteurs : face à l’afflux depuis l’ouest de la capitale de nombreux collectionneurs véhiculés, aujourd’hui encombrés par les changements de circulation dans Paris qui compliquent leur accès aux galeries historiques du Marais ou de Saint-Germain-des-Prés, le quartier de l’ouest de la rive droite offre une certaine praticité pour la clientèle locale et fidèle de ces établissements. Nombreuses entreprises possèdent par ailleurs leur siège dans les environs, apportant également aux galeries une fréquentation au cours de la semaine dans des créneaux très spécifiques comme entre midi et deux, moment des pauses déjeuner, où en fin de journée, lorsque les travailleurs quittent leurs bureaux. Enfin, le huitième arrondissement bénéficie aussi d’une proximité immédiate avec les plus grandes maisons de vente aux enchères telles que Sotheby’s, Christie’s, Artcurial et Piasa, et bien sûr avec une institution comme le Grand Palais, dans lequel on retrouvera dès sa réouverture en 2024 la foire d’art contemporain Paris+ par Art Basel, succédant à l’historique Fiac, qui dévoilera d’ici là ses premières éditions dans le Grand Palais Éphémère édifié temporairement au sud du Champ-de-Mars.
L’ouverture officielle de Hauser & Wirth Paris au 26bis rue François Ier est prévue pour 2023.