Quels artistes suivre cette saison dans l’art contemporain ? Dior a la réponse avec Lady Dior Art
Cela fait maintenant 8 ans que la maison Dior a initié son projet Lady Dior Art, invitant chaque année plusieurs artistes contemporains à revisiter son iconique sac Lady Dior. Au rendez-vous : savoir-faire d’exception et créativité flamboyante. Mais la sélection d’artistes forme également un passionnant instantané du milieu de l’art contemporain offrant aux amateurs et collectionneurs une liste d’artistes à suivre.
par Thibaut Wychowanok.
Depuis les débuts du projet Lady Dior Art en 2016, la maison a toujours su s’associer à des artistes iconiques. La star britannique Marc Quinn (révélé au sein des Young British Artists aux côtés d’un certain Damien Hirst) fut ainsi l’un des premiers invités. Il est rejoint aujourd’hui par le duo Gilbert & George qui, lui aussi, fut exposé par le mythique galeriste Jay Jopling à Londres dans les années 90. Sa galerie Whitecube s’imposait alors comme le creuset d’une scène britannique subversive et radicale qui allait conquérir le monde. Mais Lady Dior Art ne se contente pas des têtes d’affiche connues du grand public et propose une sélection alliant jeunes artistes émergents et talents confirmés parfois encore connus des seuls avertis. Tour d’horizon avec 4 artistes internationaux….
Ludovic Nkoth : un Lady Dior Art inspiré par l’Afrique de l’Ouest
À seulement 30 ans, Ludovic Nkoth est l’un des artistes les plus jeunes de cette édition 2024 de Lady Dior Art. Alors que les peintures africaines et africaine-américaines attirent tous les regards depuis plusieurs années, le jeune artiste est exposé dès 2021 chez le très estimé galeriste Massimo De Carlo à Londres, un group show suivi d’un solo show en 2022 à New York. La même année, le voici sélectionné par la star Kehinde Wiley à qui l’on doit un fameux portrait de Barack Obama pour une exposition organisée à Los Angeles. Plus récemment encore, il était l’invité de la Fondation Le Corbusier pour sa première exposition en institution à Paris.
Originaire du Cameroun, Ludovic Nkoth s’installe aux États-Unis alors qu’il n’a que 13 ans. Ses œuvres, dont de nombreux portraits, explorent à travers des superpositions de couleurs et de textures hypnotiques les multiples expériences des communautés noires, passant de l’intimité des histoires familiales aux grands thèmes de la migration et de la vie diasporique. “Je suis intéressé par les représentations diasporiques du “foyer” [home] en tant que concept, en tant que lieu où vivent des gens et des objets auxquels nous tenons, résumait-il en 2023 dans une interview. Je me retrouve souvent à déconstruire un concept intrinsèque à mon histoire personnelle – la migration, la famille recomposée, la colonisation, le monde spirituel.”
Ce sont les peintures issues de sa série System qui se dévoilent sur les doublures des 3 créations réalisées pour Lady Dior Art. Des sacs d’apparence très objets Art déco, ourlées de perles noires et ornées de petits masques métalliques et coquillages en émail faisant offices de poignées. “J’ai souhaité recontextualiser le sac Lady Dior en utilisant des motifs personnels évoquant pour moi l’Afrique de l’Ouest, confie-t-il. Mon histoire personnelle est une source d’inspiration essentielle.”
Ha Chong-hyun : un Lady Dior Art texturé et monochrome
C’est une toute autre génération d’artistes que la maison Dior a souhaité mettre en avant avec Ha Chong-hyun. À 89 ans, le maître de l’abstraction coréenne a vu sa notoriété se développer en France auprès d’un large public grâce à l’action, notamment, de sa galerie Almine Rech, qui lui consacre une exposition rétrospective dès 2017. On l’aura remarqué également à l’occasion de la Biennale de Venise en 2022 au Palazzetto Tito, qui lui offrait une sublime exposition…
Le courant Dansaekhwa, dont Ha Chong-hyun fut une figure majeure, n’a, en réalité, jamais été aussi représenté à Paris. Alors que la galerie Almine Rech célébrait Ha Chong-Hyun à nouveau en 2023, David Zwirner, toujours à Paris, présentait Yun Hyong-keun, autre ténor de ce mouvement artistique né dans les années 1970 en Corée du Sud qui s’intéressait à la spiritualité du monochrome. Particularité de Ha Chong-hyun, l’artiste appliquait sa peinture au verso de la toile jusqu’à ce qu’elle réapparaisse par pénétration, au travers, sur le recto du tableau…. Une pratique de l’apparition et de la révélation toute spirituelle.
Pour la maison Dior, Ha Chong-hyun transpose ses tableaux iconiques dont l’emblématique “Conjunction 74-26” exposé au MoMA sur quatre Lady Dior. “Mon but était d’évoquer la texture du tissu de chanvre que j’utilise pour mes toiles, confie-t-il. À la fois douce et rugueuse. Pour les sacs aux tons rouges et bleus, j’ai sélectionné le tissu tweed le plus proche de mon œuvre.”
Zadie Xa : Le Lady Dior vu à travers l’artisanat traditionnel coréen
L’artiste d’origine canadienne et coréenne a intégré, l’année de ses 40 ans, la puissante galerie Thaddaeus Ropac. C’était en 2023, mais Zadie Xa s’était en réalité déjà fait remarquer l’année précédente à la Whitechapel Gallery à Londres, ou encore en 2021 pour sa performance à la National Gallery, sans oublier sa présence à la 58e Biennale de Venise et au Palais de Tokyo en 2018. On attend avec impatience sa première exposition parisienne chez Thaddaeus Ropac pour explorer ses vastes installations immersives entremêlant textiles, peintures, sculptures, sons et performances.
“Quand j’étais enfant, confiait récemment Zadie Xa à l’auteure Sarah Shin, ma mère me racontait toujours des histoires folkloriques coréennes avant que j’aille au lit. Ces histoires étaient souvent des paraboles avec des finalités morales, et elles incluaient souvent des animaux. Même adulte, ces fables me restent très chères et représentent un monde que j’ai envie de pénétrer.” C’est dire si la mythologie, le chamanisme et le folklore coréen forment une assise essentielle pour l’œuvre de Zadie Xa, qui s’intéresse autant à la manière dont cet héritage a pu être effacé (ou réprimé) par l’Occident qu’à la capacité qu’il a, aujourd’hui, à dialoguer avec la fiction contemporaine et la pop culture, de la musique à la mode. Les costumes et les vêtements, souvent portés lors de ses performances, forment ainsi des éléments clés pour explorer son identité diasporique et interroger le rôle de la mode dans la représentation de soi. “Les vêtements parlent de magie et de métamorphose”, explique-t-elle.
Avec le Lady Dior, Zadie Xa met en lumière justement l’artisanat traditionnel du Najeon Chilgi, une technique coréenne ancestrale qui utilise la nacre pour la décoration de divers objets, mais aussi celle du patchwork (le pojagi traditionnel) aux couleurs vives. “Le sac Lady Dior est luxueux tout, tout en conservant une élégance minimaliste. À l’opposé, mon travail utilise une méthodologie maximaliste : plus il y a de couleurs, de superpositions, de textures contrastantes, mieux c’est ! J’ai pensé qu’en réinterprétant le sac en associant ces caractéristiques, on aurait quelque chose d’intéressant, de fantaisiste et d’inattendu.”
Michaela Yearwood-Dan : un Lady Dior en forme de feu d’artifice
Si Michaela Yearwood-Dan va tranquillement sur ses 30 ans, elle a déjà marqué l’art contemporain avec des résultats stratosphériques en ventes aux enchères. Sur la seule année 2023, la cession de sept de ses toiles a suffi pour franchir la barre des 2 millions de dollars, parmi lesquelles son tableau Love Me Nots (créé en 2021), vendu à 884 000 $. Exposée par la Fondation Alexander McQueen en 2019, elle intègre la galerie Marianne Boesky et finit de s’imposer comme l’une des jeunes peintres abstraites les plus en vue du Royaume-Uni.
Avec ses couleurs vives et sa touche vibrante, Michaela Yearwood-Dan revendique un langage visuel influencé par la féminité, les identités noires, la culture du carnaval et les rituels de guérison. Ses toiles forment ainsi de véritables safe spaces pour la communauté queer, marqués par une forme d’abondance et d’allégresse toute dionysiaque.
Pour Dior, son installation Let Me Hold You se transpose en 3 dimensions grâce à divers textiles et perles. Les broderies reproduisent les effets de matière ornant ses tableaux alors que des pétales de fleurs en métal s’inspirent directement de ses céramiques.
Les nouveaux sacs de la collection Dior Lady Art #8 sont à retrouver sur dior.com.