Quand va-t-on finalement emballer l’Arc de Triomphe ?
Soixante ans après avoir germé dans l’esprit de l’artiste bulgare Christo, le projet d’emballage de l’Arc de Triomphe verra finalement le jour le 18 septembre prochain, reporté d’un an. Une œuvre d’ampleur mobilisant 25 000 mètres carrés de tissu et 3000 mètres de corde pour recouvrir le monument parisien, qui verra le jour sans la présence de son auteur, tristement disparu le 31 mai 2020 à l’âge de 84 ans.
Par Matthieu Jacquet.
Les résidents et visiteurs de Paris fin septembre 1985 s’en souviennent : pendant deux semaines, le Pont Neuf, plus ancien pont de Paris, revêtait un immense habit couleur or. Recouvert du sommet de ses réverbères à ses voûtes trempant dans la Seine d’un immense polyamide maintenu par des cordes, l’édifice invitait les passants à en faire une expérience inédite sur 140 mètres de long et 20 mètres de large. A l’origine de cet emballage monumental bien qu’éphémère, on retrouve l’artiste bulgare Christo et sa femme Jeanne-Claude, qui ont ensemble fait leur signature de ces projet d’ampleur investissant l’espace public : entre une côté au sud de Sydney recouverte de tissu blanc en 1968, le paysage d’une vallée du Colorado enrichi d’immenses tentures oranges, ou encore l’imposant Reichstag de Berlin habillé d’argent en 1995, les projets du duo — lui dessine, elle gère l’organisation colossale – demandent souvent de nombreuses années voire décennies de préparation et allers-retours bureaucratiques avant de pouvoir voir le jour. En 1961, plus de vingt ans avant son coup de maître sur le Pont Neuf, Christo Vladimiroff Javacheff (de son nom complet) a une idée folle : emballer l’un des monuments les plus célèbres au monde, l’Arc de Triomphe.
Résidant à seulement quelques rues du bâtiment parisien, l’artiste commence alors dès l’année suivante à réaliser une série d’études sur ce projet, dont un photomontage présentant l’arche de 50 mètres de haut recouvert d’un emballage, et s’imagine même étendre son œuvre aux arbres du rond point et de l’avenue des Champs Elysées. Comme de nombreux projets du duo, l’emballage de l’Arc du Triomphe n’aboutit pas, ce qui ne décourage pas les deux artistes. Quelques années après le décès de Jeanne-Claude en 2009, la brèche s’ouvre à nouveau et l’œuvre de Christo est prévue pour être produite et présentée en septembre 2020. Hélas, trois mois avant de la découvrir, l’artiste bulgare s’éteint à l’âge de 1984, sans jamais avoir pu voir le résultat de ses nombreuses années de travail. Quant au projet, retardé à nouveau par la crise sanitaire, il sera finalement reporté.
Soixante ans après avoir germé dans l’esprit de son auteur, l’Arc de Triomphe emballé verra finalement le jour du 18 septembre au 3 octobre prochains. Pour cette ambitieuse entreprise, réalisée avec le concours du Centre Pompidou et du Centre des monuments nationaux, 25 000 mètres carrés de tissu recyclable bleu argenté et 3 000 mètres de corde rouge seront nécessaires afin de couvrir la surface du monument. Comme tous les projets de Christo et Jeanne-Claude, cette œuvre posthume est complètement autofinancée par le duo grâce à la vente de leurs œuvres, mais ne sera pas encore le point final de sa carrière artistique. Le couple disparu laisse également derrière lui un projet entamé en 1977 : une mastaba de 150 mètres de haut composée de barils colorés prévue pour être édifiée au sud d’Abu Dhabi, qui deviendra alors la première œuvre permanente des deux artistes dans l’espace public.
Christo, L’Arc de Triomphe, Wrapped, du 18 septembre au 3 octobre, Paris 8e.
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