Pilule d’ecstasy et préservatif géants : 5 sculptures à découvrir au jardin des Tuileries
Alors que la première édition de Paris+ par Art Basel bat son plein dans l’enceinte du Grand Palais Éphémère, la foire internationale d’art contemporain s’étend également à plusieurs lieux clés de la capitale française. Jusqu’au dimanche 23 octobre, vingt sculptures monumentales réalisées par autant d’artistes internationaux peuplent le jardin des Tuileries dans une exposition collective pensée par la commissaire d’exposition Annabelle Ténèze. Entre un préservatif géant signé Niki de Saint Phalle et une pilule d’ecstasy gonflable de Zuzanna Czebatul, découvrez 5 œuvres insolites à découvrir ce week-end au détour d’une promenade automnale.
1. La serre luxuriante d’Odile Decq
En écho aux pelouses verdoyantes du jardin des Tuileries, une maison de verre installée près de la fontaine monumentale de ce lieu emblématique de la capitale française abrite une végétation luxuriante. Pensée par l’artiste et architecte française Odile Decq, cette serre éphémère tout en transparence fait dialoguer nature et culture, et s’inscrit au sein des recherches de la sexagénaires sur l’architecture des jardins depuis la Renaissance. Ce terrarium monumental invite à s’arrêter pour contempler une flore vivace. Intitulé The Green Pavilion (2022), il propose une méditation poétique sur la place de la nature comme refuge et convie les passants à repenser notre relation au vivant.
2. Le préservatif géant de Niki de Saint Phalle
Dans l’allée centrale du jardin, une sculpture phallique aux motifs floraux miroitants en mosaïque s’aligne avec l’Obélisque de Louxor, qui trône au centre de la Place de la Concorde. Clin d’œil ironique à l’art phallique et phallocratique tant critiqué par Niki de Saint Phalle de son vivant, ce préservatif géant conçu par l’immense artiste française en 1992 constitue un monument hommage aux victimes de l’épidémie de sida. Il fait d’ailleurs écho à l’engagement de l’artiste sur la question. En 1987, quelques années seulement après la découverte et la propagation du massive du virus, elle écrivait et illustrait déjà un livre intitulé AIDS : You Can’t Catch It Holding Hands (Sida : tu ne peux pas l’attraper en tenant la main), dans le cadre d’une campagne de sensibilisation.
3. L’ode à l’amour de Robert Montgomery
Pour la semaine de l’art parisienne, l’artiste conceptuel et poète écossais Robert Montgomery propose, entre deux statues du jardin à l’effigie de figures féminines, une installation monumentale intitulée Love Is the Revolutionary Energy (2021). Ce lettrage lumineux évoquant les panneaux publicitaires prend la forme d’une déclaration d’amour explicite : “L’amour est l’énergie révolutionnaire qui annihile les ombres et brise la distance entre nous”, y formule en anglais l’artiste. Intégrant la poésie à l’espace public, le quinquagénaire invite le visiteur, au détour d’une allée, à lever les yeux et à interrompre un instant le flux de ses pensées. Une manière émouvante de ponctuer une promenade automnale dans le jardin des Tuileries.
4. Les cubes fissurés en béton brut de Christoph Weber
En plein centre d’une des majestueuses allées du jardin, trois énormes monolithes de bétons brisés, avec au centre de chacun une faille saillante, bloquent le passage. Hommage à la sculpture minimale américaine portée par des artistes tels que Carl Andre et Tony Smith, l’œuvre intitulée Gegentück series a été réalisée en 2022 par l’artiste autrichien Christoph Weber. Travaillant souvent les matériaux industriels, le sculpteur livre ici une installation jouant sur les antagonismes, entre la force du béton brut et la fragilité de la faille. Les lignes géométriques qui définissent les contours de ces cubes monumentaux contrastent avec les formes courbes et sensuelles des sculptures historiques situées tout autour de la fontaine. Une façon pour l’artiste d’initier un dialogue entre passé et présent dans ce jardin emblématique.
5. La pilule d’ecstasy XXL de Zuzanna Czebatul
C’est une installation délibérément subversive que propose l’artiste polonaise Zuzanna Czebatul au sein de cette programmation off de Paris+. Au détour d’une des allées arborées de l’ancien jardin royal, une énorme sculpture gonflable représente une pilule d’ecstasy vert fluo. Sur l’un des côtés du comprimé, le mot RUSH fait référence aux effets euphorisants de cette drogue irriguant le milieu des rave parties depuis les années 90, fréquentées par l’artiste lors de sa jeunesse à Berlin. De l’autre côté, une inscription monumentale forme le mot REVOLUTION, comme un écho aux aspirations libertaires de la contre-culture techno. Intégrant ainsi l’espace public, l’artiste rend hommage aux espoirs déchus de la jeunesse contemporaine, l’invitant à réinvestir la fête comme espace de résistance.