4 mai 2021

More than 30 years after his death, Andy Warhol is being accused of copyright infringement

34 ans après sa mort, le “pape du pop art” continue malgré lui de créer la polémique. Après avoir premièrement gagné en 2019, la Andy Warhol Foundation a perdu vendredi dernier, 26 mars 2021, le dernier verdict du procès opposant la fondation à la photographe Lynn Goldsmith. Cette dernière accuse Andy Warhol d’avoir sans autorisation utilisé dans les années 80 son portrait de Prince pour en produire l’une ses célèbres sérigraphies.

Le portrait d’Andy Warhol pour Vanity Fair, basé sur la photo de Lynn Goldsmith, Credit: Court Documents

Lynn Goldsmith a finalement obtenu gain de cause. Après des années de bataille juridique et un premier jugement en sa défaveur, la photographe américaine a gagné vendredi 26 mars dernier le procès qui l’opposait à la Andy Warhol Foundation. Une bataille qui trouve son origine en 1984 : à l’époque, l’artiste américain alors au sommet de sa carrière réalise des sérigraphies consacrées au célèbre chanteur Prince. Et si le pape du pop-art est aussi connu pour sa riche production photographique regroupant les visages de nombreuses célébrités de l’époque, il n’utilise pas ici un cliché de sa confection mais un portrait de Prince réalisé par la photographe Lynn Goldsmith en 1981 pour le journal Newsweek. Alors que le papier qu’il devait illustrer n’avait finalement jamais vu le jour, le magazine Vanity Fair acquiert les droits sur l’une de ces photos et demande à Andy Warhol d’en faire une illustration transformée par l’artiste en une série de 16 portraits. 

 

Mais il faudra attendre 32 ans pour que le scandale n’éclate. En 2016, Vanity Fair republie la série sans prévenir ni mentionner la photographe Lynn Goldsmith, qui ne la découvre qu’à la sortie du numéro. Sur ces portraits prenant pour base son propre cliché, Prince apparaît tour à tour le visage bleu, le visage rouge, les cheveux jaunes et la moustache violette. La patte d’Andy Warhol y est indubitablement reconnaissable, mais est-ce suffisant pour déclarer ces portraits comme l’oeuvre originale du maître du pop art ? Après sa découverte, Lynn Goldsmith décide de demander à reconnaître ses droits d’auteur l’œuvre. L’affaire aurait pu se clore à l’amiable, les droits reconnus et dûment acquittés, mais cela était sans compter l’intervention de la Andy Warhol Foundation. Créée en 1987 suite à la mort de l’artiste, dans le but de défendre son héritage mais aussi la création contemporaine à travers l’attribution de bourses et l’organisation de conférences et d’expositions, la fondation rejette l’accusation de viol de droits d’auteur défendue par Lynn Goldsmith : pour la Andy Warhol Foundation, il ne fait aucune doute que l’artiste ait produit ici une oeuvre originale. S’ensuit alors un premier procès de la fondation contre la photographe en avril 2017 puis en 2019 un premier verdict donnant raison à la fondation, contre lequel la photographe fait recours.

 

C’est donc devant  cet épineux débat que le juge Gerald E. Lynch, qui a présidé le deuxième procès, a tranché vendredi dernier, cette fois-ci en la faveur de Lynn Goldsmith. En 2019, la cour avait considéré les portraits d’Andy Warhol comme des œuvres transformatives : un jugement aujourd’hui revu car aux États-Unis, une œuvre doit pour se libérer des droits d’auteurs être réellement altérée par rapport à son originale. Afin de justifier son verdict, le magistrat a précisé dernièrement au journal Artnet : “Pour pouvoir entrer dans la catégorie d’usage transformatif, il faut que la nouvelle œuvre offre quelque chose de plus que la simple addition d’un style artistique sur l’oeuvre primaire. Toute œuvre secondaire qui ajoute une nouvelle esthétique à la source primaire n’est pas nécessairement transformative.” Une décision contre laquelle la Andy Warhol Foundation a déjà annoncé vouloir faire appel, promettant sans doute un nouvel épisode dans l’affaire.