Le plus grand musée des NFT au monde existera-t-il vraiment ?
Lundi dernier, le chef d’entreprise Todd Morley a annoncé à la télévision américaine la construction du plus musée de NFT au monde. Le bâtiment qui prendra la forme d’une tour de 400 mètres, en plein cœur du centre-ville de Manhattan, sera en réalité principalement dédié à l’optimisation des flux de circulation de crypto-monnaie. Simple effet de communication ou sincère volonté curatoriale ? Le doute est permis.
Par La rédaction.
En 1993, le développeur informatique Hal Finney émet l’idée d’une première monnaie d’échange complètement dématérialisée, transmise par le biais de données informatiques. Un projet visionnaire qui annonce l’arrivée du bitcoin et autres crypto-monnaies, mais également d’un acronyme que l’on ne cesse d’entendre depuis quelques mois : NFT. En 2021, le phénomène de ces “Non Fungible Tokens” (jetons non fongibles), qui permettent d’authentifier un document numérique et le rendre ainsi unique, se déploie dans toute son ampleur : alors que de nombreux artistes s’en emparent pour vendre des œuvres virtuelles, les collectionneurs s’enthousiasment, les prix flambent et le marché de l’art tremble. Début mars dernier, la maison Christie’s fait du Britannique Beeple le troisième artiste vivant le plus cher du monde en vendant l’une de ses œuvres numériques pour la somme de 69,4 millions de dollars tandis qu’un mois plus tard, la maison Phillips adjuge le GIF du canadien Mad Dog Jones pour 4,1millions de dollars. Car telle la signature d’un peintre au dos d’un tableau, l’apport majeur des NFT est de distinguer numériquement par un encryptage informatique l’œuvre originale et certifiée par l’artiste de sa reproduction format JPG, GIF ou encore MP3, accessible à tous.
Lundi 24 mai dernier, Todd Morley annonce sur la chaîne de télévision américaine Bloomberg TV construire actuellement à New York le plus grand musée de NFT au monde. Son gratte-ciel effectivement en cours de construction dans Manhattan, au pied de Central Park, se ferait d’après le chef d’entreprise américain l’hôte prochain de ce lieu historique. Pourtant, la vocation première du bâtiment n’est en aucun cas muséale. D’une hauteur de 400 mètre, cette tour revêtue d’un mélange de terre cuite, de bronze et de verre, aura une fonction d’antenne géante, permettant l’amélioration de la circulation de la crypto-monnaie par un réseau sans-fil optimisé. Les NFT et la crypto-monnaie empruntant le même circuit de communication, à savoir le réseau blockchain, l’homme d’affaires profite de l’agitation récente autre des premiers pour donner de la visibilité à sa propre entreprise, Overline Network, une société spécialisée l’optimisation des communications sans-fil. Un coup de communication qui sème le doute sur les réelles intentions de l’investisseur : lors de cette annonce, ll’Américain n’a en effet donné aucune indication ni détails quant aux modalités d’exposition physiques ou virtuelles de potentielles œuvres numériques.
Si les contours du musée restent donc pour l’instant très obscurs, la déclaration de Todd Morley surgit dans un contexte de défiance à l’égard des crypto-monnaies suite aux déclarations de l’ingénieur milliardaire Elon Musk, qui a récemment pointé l’impact écologique négatif de ces technologies. Ces flux dématérialisés rejetteraient à eux seul autant de carbone dans l’atmosphère qu’une nation européenne de taille moyenne. Un constat pessimiste qui concernerait donc également les NFT, reposant sur les mêmes procédés techniques.