Le Greco : une toile anonyme attribuée au maître de la Renaissance espagnole
Après plus de deux années de recherches, le Centre d’art Epoque Moderne espagnol (CAEM) vient de rendre son verdict : une œuvre représentant un Christ portant la croix est bien signée par Le Greco, figure de proue de la peinture de la fin du XVIe siècle et fondateur de l’école espagnole. Celle-ci s’avère être une version miniature d’une huile sur toile appartenant à la collection du Met.
Par La rédaction.
Sa chevelure brune est ornée d’épines, son corps enveloppé dans une cape bleue et pourpre, son regard éploré fixe le ciel avec désespoir et ses mains tiennent la croix de bois à laquelle il sera bientôt cloué. L’auteur de cette huile sur toile n’est nul autre que le peintre Domínikos Theotokópoulos, bien davantage connu aujourd’hui sous le surnom “Le Greco” : figure de la Renaissance picturale et fondateur de ladite “école espagnole”, l’artiste d’origine grecque a marqué la fin du XVIe siècle par ses toiles pourvues de couleurs vives, de visages particulièrement expressifs et de silhouettes aux membres allongés. Mesurant plus d’un mètre de haut, l’œuvre intitulée Christ portant la croix aurait été réalisée entre 1577 et 1587 et appartient depuis des années à l’immense collection du Metropolitan Museum of Art à New York.
Mais hier, une autre œuvre extrêmement similaire vient d’être attribuée à l’artiste espagnol. Jésus y apparaît également les yeux dirigés vers le ciel, vêtu des mêmes vêtements et dans l’exacte position retranscrite sur la première toile, jusqu’au placement très particulier de ses mains et ses doigts sur la croix en bois. Une différence est toutefois marquante : la taille, car cette version miniature mesure seulement 57,5 sur 38,5 centimètres. Propriété d’un collectionneur anonyme soucieux d’en vérifier l’authenticité, l’œuvre a été confiée au Centre de Recherche de l’art moderne espagnol (CAEM) afin de confirmer ses suppositions. Au total, plus de deux ans d’investigation auront été nécessaires aux chercheurs pour en confirmer l’auteur. Pour ce faire, l’œuvre a notamment été mise en regard avec d’autres peintures du Greco conservées dans des musées espagnols tels que le Prado de Madrid.
En ce début d’année 2021, le CAEM a finalement rendu son verdict : l’œuvre a bien été réalisée directement de la main du Greco et non de son atelier, et quelques uns de ses élèves auraient également pu participer à sa réalisation. Si la peinture n’a pas été authentifiée officiellement pendant quatre siècles, c’est principalement car elle n’a pas été exposée ni intitulée du vivant du peintre mais conservée dans sa boutique. Elle pourra ainsi connaître une nouvelle vie, dans la lignée de sa jumelle appréciée depuis des années par des visiteurs du monde entier.