16 nov 2022

Le génie d’Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat en majesté à la Fondation Vuitton au printemps

C’est un duo iconique de l’histoire de l’art : le pape du pop art Andy Warhol et le prodige de l’art underground Jean-Michel Basquiat sont entrés dans la légende de leur vivant, contribuant au foisonnement du New York de la deuxième moitié du 20e siècle. À partir d’avril, la Fondation Louis Vuitton réunira une centaine d’œuvres des deux artistes dans une exposition “à quatre mains”, issue de leur collaboration prolifique entre 1984 et 1985.

Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol, « OP OP », 1984 © Estate of Jean-Michel Basquiat Licensed by Artestar, New York © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / Licensed by ADAGP, Paris 2022. Crédit photographique : Courtesy of Bischofberger Collection, Männedorf-Zurich

Leurs œuvres sont exposées aux quatre coins du monde, rentrées dans les collections des plus grands musées et battent des records aux enchères. Andy Warhol et Jean-Michel Basquiat sont indéniablement les artistes parmi les plus renommés de ces soixante dernières années, représentant à leur manière – l’un à travers le mouvement pop art et ses sérigraphies décuplant les codes et figures de la communication de masse, l’autre à travers la traduction de la violence de classe, le croisement entre l’art urbain et l’héritage haïtien – le foisonnement du New York underground de l’époque jusqu’à leur disparition respective, en 1987 pour le premier et en 1988 pour le second. De leur vivant, Andy Warhol fut même l’un des mentors de Jean-Michel Basquiat : il n’est donc pas surprenant de les voir réunis prochainement dans une exposition d’ampleur à Paris, orchestrée par la Fondation Louis Vuitton à partir d’avril 2023. Celle-ci promet de présenter leurs tableaux réalisés en communs au milieu des années 80, mais aussi quelques unes de leurs peintures personnelles. Un projet évènement qui promet d’attirer autant si ce n’est plus de monde que  l’exposition déjà consacrée à Jean-Michel Basquiat par l’institution parisienne en 2018.

 

Près de 35 ans après leurs décès respectifs (Warhol à l’âge de 59 ans et Basquiat à 27 ans), les deux artistes continuent en effet de fasciner et restent au cœur de l’actualité culturelle. En attestent des événements encore très récents : en mars dernier, le réalisateur Ryan Murphy dévoilait sur le géant du streaming Netflix une série entièrement dédiée à Andy Warhol et basée sur ses journaux intimes. Un mois plus tard, les sœurs de Jean-Michel Basquiat inauguraient au Starrett-LeHigh Building de Chelsea (États-Unis) l’exposition “King Pleasure” – controversée à cause du merchandising qui l’a entourée –, présentée comme une immersion dans l’univers de leur frère à travers ses peintures, son mobilier, sa musique favorite et ses propres photographies…

Suite à leur rencontre à la fin des années 70, les deux artistes américains ont construit une relation aussi fusionnelle que prolifique. Âgé d’à peine vingt ans à l’époque, Jean-Michel Basquiat n’est encore pas connu du grand public mais Andy Warhol perçoit déjà son potentiel : le père du pop art l’héberge jusqu’à sa mort dans son studio au 57 Great Jones Street, de 1983 à 1988. L’artiste mondain introduit le jeune peintre  à son entourage influent et lui ouvre les portes du monde de l’art. Malgré leur proximité, leurs personnalités restent très différentes : alors que le plus âgé des deux vit dans le faste et l’énergie des eighties à New-York, le second se contente d’un groupe d’amis restreint et d’un sous-sol pour créer. Fascinés l’un par l’autre, toutefois, les deux artistes se photographient et peignent leur portrait, avant de finalement envisager de co-réaliser une exposition. Entre 1984 et 1985, ils se rejoindront presque quotidiennement dans l’atelier de Jean-Michel Basquiat pour peindre ensemble. Pour Andy Warhol, cette expérience sera un déclic l’incitant à reprendre le pinceau, abandonné au profit des sérigraphies qui ont fait son succès.

Après leur rencontre à la fin des années 70, ils ont construit une relation aussi fusionnelle que prolifique. Basquiat n’est alors pas connu du grand public mais Warhol perçoit son potentiel : il l’héberge jusqu’à sa mort dans son studio au 57 Great Jones Street, de 1983 à 1988. Sa fréquentation introduit le jeune peintre à son entourage influent et lui ouvre les portes du monde de l’art. Mais leurs personnalités sont très différentes : alors que l’un vit dans le faste et l’énergie des eighties à New-York, l’autre se contente d’un groupe d’amis restreint et d’un sous-sol pour créer. Mais ils sont fascinés l’un par l’autre, se photographient et se peignent l’un et l’autre le portrait, avant d’envisager de co-réaliser une exposition. Entre 1984 et 1985, ils se rejoindront presque quotidiennement dans l’atelier de Basquiat pour peindre ensemble. Pour Andy Warhol, c’est un déclic qui l’incite à reprendre la peinture manuelle, abandonnée pour ses sérigraphies qui avaient fait son succès. 

Sur leurs toiles de deux à quatre mètres de haut réalisées à quatre mains, chacun appose un morceau de son univers : le pape du pop art colle ses morceaux de journaux ou de publicité, le jeune prodige les recouvre à la peinture de ses crânes et autres masques colorés avant de laisser le premier les retravailler. Une complicité amicale et créatrice dont découleront plus de 200 œuvres. Leur grand ami et artiste Keith Haring (1958-1990) les décrira même comme “deux esprits fusionnant pour en créer un troisième, séparé et unique”. Du printemps à la fin de l’été prochain, c’est donc la production de ce “troisième esprit” bicéphale qui se déploiera dans toutes les galeries de l’imposant bâtiment signé Frank Gehry pour accueillir les expositions de la Fondation Louis Vuitton. En plus de la centaine de toiles cosignées par les deux peintres s’inviteront quelques unes de leurs œuvres individuelles ainsi que la production d’autres artistes comme Keith Haring, Kenny Scharf ou Jenny Holzer. L’exposition s’ouvrira sur une série de portrait croisés – Basquiat par Warhol et Warhol par Basiquat –, introduisant les prémisses de leur relation avant leurs premières collaborations avant que l’on y découvre des photographies cultes des deux hommes et du milieu artistique new-yorkais des années 80. Une immersion dans cette époque qui promet d’être aussi riche que fascinante.

 

 

“Basquiat x Warhol. À quatre mains”, du 5 avril au 28 aout 2023 à la Fondation Louis Vuitton, Paris 16e.

Andy Warhol, « Portrait of Jean-Michel Basquiat as David », 1984 © The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / Licensed by ADAGP, Paris 2022
Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol, « Untitled (collaboration no. 23) / Quality », 1984-1985 © Estate of Jean-Michel Basquiat Licensed by Artestar, New York;© The Andy Warhol Foundation for the Visual Arts, Inc. / Licensed by ADAGP, Paris 2022. Crédit photographique : Courtesy Galerie Bruno Bischofberger, Männedorf-Zurich