3 juil 2024

Rencontres de la photographie d’Arles : 6 expositions à ne pas rater

Comme chaque année, Arles vibre au rythme des nombreuses expositions photos qui envahissent les institutions et musées de la petite ville provençale. Alors que la semaine d’ouverture des Rencontres bat son plein, Numéro en retient six à ne pas rater.

Kawauchi Rinko, "Sans titre", série the eyes, the ears (2002-2004) © Courtesy de l'artiste/Aperture.

Kawauchi Rinko, « Sans titre », série the eyes, the ears (2002-2004) © Courtesy de l’artiste/Aperture.

Narahashi Asako, "Kawaguchiko" (2003) © Courtesy de l'artiste/PGI/Aperture.

Narahashi Asako, « Kawaguchiko » (2003) © Courtesy de l’artiste/PGI/Aperture.

Nomura Sakiko, "Sans titre", série Hiroki (1997) © Courtesy de l'artiste/Aperture.

Nomura Sakiko, « Sans titre », série Hiroki (1997) © Courtesy de l’artiste/Aperture.

Watanabe Hitomi, "Sans titre", série Tōdai Zenkyōtō (1968-1969) © Courtesy de l'artiste/Aperture.

Watanabe Hitomi, « Sans titre », série Tōdai Zenkyōtō (1968-1969) © Courtesy de l’artiste/Aperture.

Yamazawa Eiko, "Buttai" (1986) © Courtesy de l'artiste/Aperture.

Yamazawa Eiko, « Buttai » (1986) © Courtesy de l’artiste/Aperture.

Ishiuchi Miyako, "Mother's #35" © Courtesy de l'artiste/The Third Gallery Aya.

Ishiuchi Miyako, « Mother’s #35 » © Courtesy de l’artiste/The Third Gallery Aya.

Ishiuchi Miyako, "Frida by Ishiuchi #7" © Courtesy de l'artiste/The Third Gallery Aya.

Ishiuchi Miyako, « Frida by Ishiuchi #7 » © Courtesy de l’artiste/The Third Gallery Aya.

Ishiuchi Miyako, "Frida by Ishiuchi #34" © Courtesy de l'artiste/The Third Gallery Aya.

Ishiuchi Miyako, « Frida by Ishiuchi #34 » © Courtesy de l’artiste/The Third Gallery Aya.

Ishiuchi Miyako, "ひろしま /hiroshima #21" © Courtesy de l'artiste/The Third Gallery Aya.

Ishiuchi Miyako, « ひろしま /hiroshima #21 » © Courtesy de l’artiste/The Third Gallery Aya.

Ishiuchi Miyako, "ひろしま /hiroshima #37F" © Courtesy de l'artiste/The Third Gallery Aya.

Ishiuchi Miyako, « ひろしま /hiroshima #37F » © Courtesy de l’artiste/The Third Gallery Aya.

Quand les femmes japonaises s’emparent de la photographie

Alors que les Rencontres d’Arles célèbrent cet été le Japon à travers plusieurs expositions, les photographies qui peuplent les murs du palais de l’Archevêché et de la salle Henri-Comte nous plongent dans près de 70 ans d’exploration du médium. Mais ici, ce sont les femmes qui s’emparent de la caméra, capturant les changements majeurs qui ont bousculé la société japonaise depuis les années 50 telle que l’évolution du rôle qui leur a longtemps été imposé et les bouleversements militaires et économiques qui ont marqué le pays.

Des souvenirs émus d’Ishiuchi Miyako qui capture les objets ayant appartenu aux femmes disparues d’Hiroshima ou à sa mère décédée, aux images évanescentes et poétiques du banal quotidien d’Hara Mikiko, vingt-cinq artistes de générations différentes sont mises à l’honneur au gré de photographies, d’installations, de vidéos et de livres, prodiguant un riche aperçu de leur contribution à l’histoire du médium – et à l’histoire du Japon.

“Quelle joie de vous voir – Photographes japonaises des années 1950 à nos jours”, exposition collective dans le cadre des Rencontres de la photographie d’Arles 2024, jusqu’au 29 septembre 2024 au palais de l’Archevêché, Arles.

Mary Ellen Mark, Manifestation féministe à New York (1970) © The Mary Ellen Mark Foundation / Howard Greenberg Gallery.

Mary Ellen Mark, Manifestation féministe à New York (1970) © The Mary Ellen Mark Foundation / Howard Greenberg Gallery.

Mary Ellen Mark, Rekha avec des perles dans la bouche à Mumbai (1978) © The Mary Ellen Mark Foundation / Howard Greenberg Gallery.

Mary Ellen Mark, Rekha avec des perles dans la bouche à Mumbai (1978) © The Mary Ellen Mark Foundation / Howard Greenberg Gallery.

Mary Ellen Mark, "Vashira et Tashira Hargrove" (1993) © The Mary Ellen Mark Foundation / Howard Greenberg Gallery.

Mary Ellen Mark, « Vashira et Tashira Hargrove » (1993) © The Mary Ellen Mark Foundation / Howard Greenberg Gallery.

Mary Ellen Mark, "Baiser dans un bar" (1977) © The Mary Ellen Mark Foundation / Howard Greenberg Gallery.

Mary Ellen Mark, « Baiser dans un bar » (1977) © The Mary Ellen Mark Foundation / Howard Greenberg Gallery.

Mary Ellen Mark, "La famille Damm dans sa voiture" (1987) © The Mary Ellen Mark Foundation / Howard Greenberg Gallery.

Mary Ellen Mark, « La famille Damm dans sa voiture » (1987) © The Mary Ellen Mark Foundation / Howard Greenberg Gallery.

La première rétrospective mondiale de Mary Ellen Mark

Première rétrospective mondiale du travail de la photographe documentaire américaine, l’exposition “Mary Ellen Mark : Rencontres” plonge dans les préoccupations et les motivations qui l’ont animée depuis ses débuts dans les années 60. Si cette dernière fut un temps membre de l’agence Magnum grâce à ses portraits de célébrités, elle est aujourd’hui surtout célébrée pour son travail de reporter, qu’elle entame d’abord au travers de commandes de grandes revues comme Life, Vanity Fair ou The New Yorker, mais qu’elle finit par poursuivre de manière autonome.

Capturant les anonymes et marginalisés de la société états-unienne pendant de nombreuses années, et nouant souvent des liens forts avec ces derniers, Mary Ellen Mark (1940-2015) dessine un portrait humain et sensible des visages qui peuplaient les rues des grandes métropoles mondiales de la fin du 20e siècle. Des femmes internées à l’Oregon State Hospital aux prostituées de Mumbaï en passant les enfants sans-abri de Seattle aux cirques familiaux itinérants d’Inde : les clichés de la photographe mettent en lumière les inégalités et le quotidien de centaines de protagonistes, accompagnés au sein de cette exposition inédite de notes personnelles et de planches-contacts.

“Mary Ellen Mark : Rencontres”, exposition dans le cadre des Rencontres de la photographie d’Arles 2024, jusqu’au 29 septembre 2024 à l’Espace Van Gogh, Arles.

Tania Mouraud, "City performance N°1" (1977) © Courtesy de l’artiste/Ceysson & Bénétière/Studio Mouraud.

Tania Mouraud, « City performance N°1 » (1977) © Courtesy de l’artiste/Ceysson & Bénétière/Studio Mouraud.

Ari Marcopoulos, "Sonoma" (2008) © Courtesy de l’artiste/Frank Elbaz.

Ari Marcopoulos, « Sonoma » (2008) © Courtesy de l’artiste/Frank Elbaz.

Jamel Shabbaz, "The Righteous Brothers" (1981) © Courtesy de l’artiste/Galerie Bene Taschen, Cologne.

Jamel Shabbaz, « The Righteous Brothers » (1981) © Courtesy de l’artiste/Galerie Bene Taschen, Cologne.

Gusmano Cesaretti, "Chaz Running : a back street near Whittier Boulevard" (1973) © Courtesy de l’artiste.

Gusmano Cesaretti, « Chaz Running : a back street near Whittier Boulevard » (1973) © Courtesy de l’artiste.

Gordon Matta-Clark découpant au chalumeau son Graffiti Truck (juin 1973) © Estate Gordon Matta-Clark.

Gordon Matta-Clark découpant au chalumeau son Graffiti Truck (juin 1973) © Estate Gordon Matta-Clark.

La photographie pour conjurer l’oubli du graffiti

Si les graffitis qui tapissent les murs des villes sont souvent voués à disparaître avec le temps, ils sont surtout les témoins des idéaux et des imaginaires qui traversent les esprits contemporains. Alors la photographie s’impose-t-elle comme l’un des seuls souvenirs qui résisterait au passage des années, immortalisant les tags et les décors urbains. 

Imaginée par Hugo Vitrani, l’exposition “Au nom du nom” explore sous l’angle surprenant de la photographie l’histoire du graffiti, qui recouvre, pour reprendre les mots du curateur du Palais de Tokyo, “les recoins, la crasse, les impasses” des villes. Au travers d’une quarantaine d’artistes internationaux, entre clichés argentiques et images numériques, les tirages présentés au sein de l’église Sainte-Anne explorent les frontières poreuses entre photographie picturale et la photographie documentaire, et ravivent ce “langage des contestations” que représente le graffiti, à toute époque et dans toutes les villes. 

“Au nom du nom. Les surfaces sensibles du graffiti”, exposition dans le cadre des Rencontres de la photographie d’Arles 2024, jusqu’au 29 septembre 2024 à l’église Sainte-Anne, Arles.

Sophie Calle, « Finir en beauté » (2024) © Courtesy de Anne Fourès.

Les œuvres agonisantes de Sophie Calle

L’été dernier, à l’occasion des Rencontres d’Arles, Sophie Calle découvrait le souterrain des cryptoportiques. Sur ses pierres séculaires étaient alors exposées les photographies de Juliette Agnel qui, prises dans l’humidité du bâtiment, ont été finalement emportées par les champignons… De là a germé une idée dans l’esprit de Sophie Calle : y présenter ses propres œuvres endommagées par la moisissure, redécouvertes dans son grenier alors qu’elle préparait son exposition au musée Picasso de Paris

Ainsi, et suivant le conseil de ses restaurateurs lui suggérant de détruire ces clichés afin d’éviter tout risque de contamination, la plasticienne française organise cette année à Arles l’enterrement de ces tirages défectueux, entre images de la série Les Aveugles et natures mortes de tombes ou de fleurs, et offre une seconde mort à ses œuvres “agonisantes”, qui finiront en beauté exposées à la vue de tous…

“Sophie Calle. Finir en beauté”, exposition dans le cadre des Rencontres de la photographie d’Arles 2024, jusqu’au 29 septembre 2024 aux Cryptoportiques, Arles.

Cemil Batur Gökçeer, "Série Thin Air" (2021) © Courtesy de l’artiste.

Cemil Batur Gökçeer, « Série Thin Air » (2021) © Courtesy de l’artiste.

Cemil Batur Gökçeer, "Série Thin Air" (2021) © Courtesy de l’artiste.

Cemil Batur Gökçeer, « Série Thin Air » (2021) © Courtesy de l’artiste.

Coline Jourdan, "Site de Nartau", série Soulever la poussière (2020) © Courtesy de l’artiste.

Coline Jourdan, « Site de Nartau », série Soulever la poussière (2020) © Courtesy de l’artiste.

Coline Jourdan, "Roche arséniée", série Soulever la poussière (2022) © Courtesy de l’artiste.

Coline Jourdan, « Roche arséniée », série Soulever la poussière (2022) © Courtesy de l’artiste.

Marilou Poncin, "Liquid Love Is Full of Ghosts", installation vidéo, comédien Frédéric Radepont (2024) © Courtesy de l'artiste et de la galerie Laurent Godin.

Marilou Poncin, « Liquid Love Is Full of Ghosts », installation vidéo, comédien Frédéric Radepont (2024) © Courtesy de l’artiste et de la galerie Laurent Godin.

Marilou Poncin, "Liquid Love Is Full of Ghosts", installation vidéo, comédien Hugues Jourdain (2024) © Courtesy de l'artiste et de la galerie Laurent Godin.

Marilou Poncin, « Liquid Love Is Full of Ghosts », installation vidéo, comédien Hugues Jourdain (2024) © Courtesy de l’artiste et de la galerie Laurent Godin.

Matan Mittwoch, "And The Stars Look Very Different Today" (2023) © Courtesy de l’artiste.

Matan Mittwoch, « And The Stars Look Very Different Today » (2023) © Courtesy de l’artiste.

Matan Mittwoch, "Cracks" (2023) © Courtesy de l’artiste.

Matan Mittwoch, « Cracks » (2023) © Courtesy de l’artiste.

Nanténé Traoré, "Ce qu’il me reste des parapluies" (2023) © Courtesy de l’artiste.

Nanténé Traoré, « Ce qu’il me reste des parapluies » (2023) © Courtesy de l’artiste.

Nanténé Traoré, "Hunter" (2023) © Courtesy de l’artiste.

Nanténé Traoré, « Hunter » (2023) © Courtesy de l’artiste.

Tshepiso Mazibuko, "Thapelo, Thokoza" (2017-2018) © Courtesy de l’artiste.

Tshepiso Mazibuko, « Thapelo, Thokoza » (2017-2018) © Courtesy de l’artiste.

Tshepiso Mazibuko, "Buyafuthi Hostel" (2017-2018) © Courtesy de l’artiste.

Tshepiso Mazibuko, « Buyafuthi Hostel » (2017-2018) © Courtesy de l’artiste.

Les finalistes du Prix Roederer investissent l’Espace Monoprix

Dystopie où l’homme se lie d’affection à la technologie, photographies de feux de forêt et de tremblements de terre, signes annonciateurs de pollution dans notre paysage quotidien… Les projets finalistes retenus pour le Prix Découverte de la Fondation Louis Roederer envahissent le premier étage de l’Espace Monoprix d’Arles et plongent les visiteurs dans une atmosphère inquiétante. Réunis au sein d’une même exposition par la commissaire Audrey Illouz, sept artistes abordent nos préoccupations contemporaines et façonnent, par le biais de leur caméra, autant de projections que de remparts vers le futur. 

Ils documentent, réinventent ou analysent notre réalité et happent, au gré de leurs projets, le regard des visiteurs. De série en série, ce dernier reste ainsi “sur le qui-vive” face aux portraits des born free d’Afrique du Sud de Tshepiso Mazibuk comme devant le regard intimiste de Nanténé Traoré sur la vie des personnes queer. Un ensemble dense et émouvant, duquel se détacheront cette semaine deux lauréats.

“Sur le qui-vive”, dans le cadre des Rencontres de la photographie d’Arles 2024 et du Prix Découverte Fondation Louis Roederer 2024, jusqu’au 29 septembre 2024 à l’Espace Monoprix, Arles.

Lee Friedlander, "New Jersey" (1966). © Lee Friedlander, avec l’aimable autorisation de Fraenkel Gallery, San Francisco et de Luhring Augustine, New York.

Lee Friedlander, « New Jersey » (1966). © Lee Friedlander, avec l’aimable autorisation de Fraenkel Gallery, San Francisco et de Luhring Augustine, New York.

Lee Friedlander, "Dallas" (1977). © Lee Friedlander, avec l’aimable autorisation de Fraenkel Gallery, San Francisco et de Luhring Augustine, New York.

Lee Friedlander, « Dallas » (1977). © Lee Friedlander, avec l’aimable autorisation de Fraenkel Gallery, San Francisco et de Luhring Augustine, New York.

Lee Friedlander, "New York City" (1970). © Lee Friedlander, avec l’aimable autorisation de Fraenkel Gallery, San Francisco et de Luhring Augustine, New York.

Lee Friedlander, « New York City » (1970). © Lee Friedlander, avec l’aimable autorisation de Fraenkel Gallery, San Francisco et de Luhring Augustine, New York.

Lee Friedlander, "San Diego, California"(1997). © Lee Friedlander, avec l’aimable autorisation de Fraenkel Gallery, San Francisco et de Luhring Augustine, New York.

Lee Friedlander, « San Diego, California »(1997). © Lee Friedlander, avec l’aimable autorisation de Fraenkel Gallery, San Francisco et de Luhring Augustine, New York.

Portrait de Lee Friedlander. © Lee Friedlander, avec l’aimable autorisation de Fraenkel Gallery, San Francisco et de Luhring Augustine, New York.

Portrait de Lee Friedlander. © Lee Friedlander, avec l’aimable autorisation de Fraenkel Gallery, San Francisco et de Luhring Augustine, New York.

Lee Friedlander dans l’œil de Joel Coen

Troquant ses plateaux de tournage pour les archives de Lee Friendlander, Joel Coen s’est improvisé curateur, le temps d’une exposition au LUMA Arles. Au gré de photographies puisées autant au début de la carrière du photographe, dans les années 60, qu’au sein de ses projets plus récents, le réalisateur américain imagine un face à face avec son travail, où se dessinent de nombreux échos entre jeux de cadrages et panoramas caustiques de la société américaine.

Largement influencé par Friedlander, Joel Coen déroule près de six décennies de tirages, et expose autant les portraits d’artistes de jazz des années 50 que les prises de vues chaotiques des passants new-yorkais capturés par l’Américain au milieu du 20e siècle. Un panorama subjectif et passionné sur l’œuvre de Friedlander dont on ne se lasse pas de (re)découvrir les clichés en suspens, où une partie de l’action semble éternellement nous échapper.

“Lee Friedlander Framed by Joel Coel”, exposition dans le cadre des Rencontres de la photographie d’Arles 2024, jusqu’au 29 septembre à La Tour, Parc des Ateliers (LUMA), Arles.


Rencontres d’Arles 2024, du 1er juillet au 29 septembre 2024 à Arles et dans sa région.

Découvrez la programmation complète sur le site du festival.