16 déc 2020

Enchères: les 5 œuvres d’art les plus chères de 2020

Le classement est tombé en début de semaine, relayé notamment par les magazines de référence ARTnews et Artnet. Malgré un contexte extrêmement difficile, le marché de l’art a connu en 2020 la résurgence de quelques pépites ayant battu des records lors des ventes aux enchères. Entre un triptyque de Francis Bacon, deux rouleaux chinois très rares et un paysage de David Hockney, découvrez les 5 œuvres d’art adjugées aux sommes les plus élevées cette année.

1. Un triptyque signé Francis Bacon : 84,6 millions de dollars

 

Le triptyque pictural était à Francis Bacon ce que la sérigraphie était à Andy Warhol. À partir des années 40, l’artiste britannique n’a cessé de représenter les figures difformes et créatures mi-humaines mi-monstres qui peuplaient son imaginaire sur trois toiles de même taille, composant ainsi des scènes dépassant les frontières du tableau unique. En 2013, son œuvre Trois études de Lucian Freud de 1969 est même adjugée à 142,4 millions de dollars lors d’une vente de la maison Christie’s à New York, devenant ainsi la douzième œuvre d’art la plus chère du monde. Cette année, le Triptyque inspiré par l’Orestie d’Eschyle de 1981 a battu un nouveau record. Appartenant à la collection du Norvégien Hans Rasmus Astrup, l’œuvre a été vendue en ligne par Sotheby’s en mai dernier à un anonyme et a atteint les 84,6 millions de dollars – soit 75 millions d’euros.

Wu Bin, “Ten Views of a Lingbi Rock” (1610). Image courtesy Poly Auction.

2. Un rouleau chinois du XVIIe siècle : environ 76,6 millions de dollars

 

Hors de la Chine, le comté de Lingbi est assez peu connu, mais ses pierres le sont sans doute davantage. Convoitées depuis des siècles pour leurs formes organiques emplies de cavités et de circonvolutions leur attribuant une fascinante singularité, elles ont longtemps peuplé les demeures et jardins des savants et autres académiciens tout en inspirant de nombreux artistes. C’est le cas du peintre Wu Bin, connu pour ses nombreux paysages sur papier, qui décide en 1610 de représenter une pierre de Lingbi d’après dix vues différentes. En détaillant ses reliefs par des lavis d’encre noire sur un rouleau de papier, l’artiste en présente une vue presque abstraite, entre volutes de fumée, vagues déferlant sur la rive et feuillage d’une végétation luxuriante. 31 ans après avoir été la première peinture chinoise à dépasser le million de dollars lors d’une vente aux enchères, l’œuvre a été adjugée à Pékin par la maison Poly Auction 76 fois son prix de vente initiale, soit 76,6 millions de dollars.

Roy Lichtenstein, “Nude with Joyous Painting“ (1994). Photo : Courtesy Christie’s

3. Un nu féminin de Roy Lichtenstein : 46,2 millions de dollars

 

Difficile de parler de pop art sans mentionner Roy Lichtenstein, dont les toiles peintes et sérigraphiées font les choux gras des maisons de vente depuis plusieurs décennies. Si l’œuvre de l’artiste new-yorkais est devenue représentative de l’esthétique américaine des années 60, lorsque la culture de masse et la bande-dessinée ont définitivement infiltré les beaux-arts, il a en réalité traversé les décennies jusqu’aux années 90. C’est en 1994, la même année où il appose sa touche unique sur un yacht de course, que le plasticien réalise Nude with Joyous Painting, mettant en scène un personnage repris de la bande-dessinée DC Comics Girls’ Romances. Peinte à l’huile et acrylique sur toile seulement trois ans avant la mort de l’artiste, celle-ci reprend les éléments qui ont fait sa signature – les myriades de points évoquant les techniques d’impressions du XXe siècle et les contours gras noirs qui délimitent les sujets. En juillet dernier, elle devient le lot phare d’une vente de la maison Christie’s.

David Hockney, “Nichols Canyon” (1980).

4. Un paysage californien de David Hockney : 41 millions de dollars

 

Long de plus de deux mètres de haut sur 1,50 mètre de large, la toile Nichols Canyon fait figure d’exception dans la carrière de David Hockney, peu coutumier des grands formats. Réalisée en 1980, elle témoigne d’un retour à la peinture de l’artiste britannique après une brève interruption ainsi que de ses années passées dans les hauteurs de Los Angeles, qu’il représente ici. Par l’utilisation de couleurs vives et de formes ondulées qui situent l’œuvre en héritière du fauvisme et de l’expressionnisme, l’artiste donne de ces paysages une vision fantasmée presque hallucinée, où la végétation devient fantastique et les collines se séparent par des lignes sinueuses. Acquise par le galeriste André Emmerich en 1982, soit deux ans après sa création, la peinture est revenue le 7 décembre dernier sur le marché grâce à la maison Phillips pour être adjugée 5 millions de dollars au-dessus de son estimation initiale à un collectionneur américain.

Ren Renfa, “Five Drunken Princes Returning on Horseback”. Photo : Sotheby’s

5. La chronique des princes de la dynastie Tang par Ren Renfa : 39,5 millions de dollars

 

75 minutes, soit une heure et quart. C’est le temps qu’a duré l’enchère de l’œuvre signée par le peintre et fonctionnaire du gouvernement chinois Ren Renfa. Réalisé à l’orée du XIVe siècle, ce rouleau de deux mètres de long représente cinq princes, dont le futur empereur de la dynastie Tang quelques siècles plus tôt, enfourchant des chevaux, animaux régulièrement représentés par l’artiste. Pour sa rareté due à la finesse de ses traits et ses couleurs exceptionnelles, l’œuvre a attiré plus de cent enchérisseurs lors de sa vente chez Sotheby’s Hong Kong en octobre dernier. Finalement, c’est le Long Museum, musée privé de Shanghaï, qui remportera l’enchère avec une adjudication à 39,5 millions de dollars, bien supérieure à la déjà haute estimation initiale.