29 juil 2021

Douze artistes s’immiscent dans un fastueux palace italien de la Renaissance

Jusqu’au 15 septembre au sud de l’Italie, huit galeries d’art contemporain, dont les Parisiennes Balice Hertling et Ciaccia Levi et la Londonienne Sadie Coles, invitent une douzaine de leurs artistes à investir un palais datant de la Renaissance. Parmi eux, Xinyi Cheng, Isabelle Cornaro, Enzo Cucchi ou encore Simone Fattal se fondent dans ce décor exceptionnel, érigé à Lecce au XVIe siècle.

Située dans la région des Pouilles, formant le talon du pays en forme de botte, la ville de Lecce abrite un mystérieux palais aussi fastueux que suranné. C’est au cœur de ce Palazzo Tamborino Cezzi, un vaste bâtiment construit au XVIe siècle, que les galeries parisiennes Balice Hertling et Ciaccia Levi ont décidé, en collaboration avec huit autres galeries internationales dont la Londonienne Sadie Coles HQ et la New-Yorkaise Blum & Poe, d’organiser une exposition collective invitant douze artistes à investir ses salles historiques. Présenté durant tout l’été, le projet curatorial prend le nom de “Palai”, un mot emprunté au dialecte local apulien, désignant à la fois l’architecture qui accueille les artistes et visiteurs mais aussi l’organe du goût, situé dans la bouche. Bien que cette demeure, cinq fois centenaire, ait été rénovée de nombreuses fois depuis son édification dans la Renaissance tardive, l’aura de ses murs marqués par le temps enveloppent les œuvres proposées. Plutôt petites pour la plupart et éparpillées dans les différentes pièces de cette demeure aristocratique, ces productions diverses – toiles, sculptures et installations – se fondent parfaitement dans leur décor.

Série de Julie Beaufils, “Sans titre”, Huile sur toile, 2021

En remontant un escalier caduc, le visiteur tombe nez-à-nez avec un tableau dérangeant : est-ce une femme, un oiseau ou l’amalgame des deux ? Camille Blatrix détourne les codes du portrait pour inventer une créature hybride, en reprenant la technique traditionnelle de l’huile sur toile. Plus loin, une main bleue surgit d’un de ces murs dégradés : c’est l’une des toiles surréalistes, voire paranormales, d’Enzo Cucchi conçues en trompe-l’œil. Dans une salle réservée à la bibliothèque, l’Italien de 71 ans expose aussi des sculptures, elles aussi de petit format, figurant des personnages mythologiques incrustés dans des compositions céramiques colorées et abstraites. Beaucoup des peintres réunis emploient le format dit de la “peinture de cabinet”, de petite échelle, particulièrement apprécié des collectionneurs du XVe siècle qui les exposaient dans leurs espaces privés. En continuant son exploration, le spectateur pourra notamment s’attabler au-dessus d’assiettes peintes par l’artiste chinoise Xinyi Cheng. À l’instar de ses tableaux, elle représente avec poésie sur la céramique des scènes intimes du quotidien, tels qu’un personnage nu adossé à son oreiller, un paquet d’allumettes, un chat regardant par la fenêtre.

 

 

“Palai”,  jusqu’au 15 septembre au Palazzo Tamborino Cezzi, à Lecce, en Italie.