31 mai 2021

Des œuvres retrouvées sur l’ordinateur d’Andy Warhol adjugées 3,4 millions de dollars

Qui aurait deviné qu’en 1985, à l’heure des premiers ordinateurs personnels, celui que l’on surnomme le pape du pop art, l’artiste new-yorkais Andy Warhol, s’était déjà essayé à l’art numérique? Cinq de ces œuvres authentifiées par la technologie NFT ont été adjugées par la maison Christie’s New York ce 27 mai 2021, 3,4 millions de dollars.

Cinq images numériques aux couleurs criardes – deux autoportraits oranges vif, une banane verte sur fond bleu électrique, la boîte vermeille de soupe Campbell, et une fleur rouge – produites par  Andy Warhol, ont été adjugées 3,4 millions de dollars par la maison Christie’s New York. Cette dernière réaffirme aussi son intérêt pour le secteur des “Non Fungible Tokens” (jetons non fongibles), suite à la vente mémorable, en mars dernier, de Everydays – The First 5000 days, une NFT de l’artiste Beeple adjugée 69,4 millions de dollars.

 

 

Ces dessins seraient restés dans les limbes du vieille ordinateur de l’icône du pop art, un Amiga 1000 de la marque Commodore, si l’artiste américain Cory Arcangel n’avait pas demandé à des informaticiens de le fouiller, en 2014. Comment l’existence de tels dessins numérique lui a-t-elle été communiquée ? Une vidéo disponible sur YouTube, montre Andy Warhol participant à une émission organisée par le fabriquant pour promouvoir ses nouveaux produits… Paré de lunettes aux contours roses, l’artiste semble très à l’aise avec le logiciel de production d’images ProPaint, sur lequel il réalise le portrait de la chanteuse Deborah Harry. Pour récupérer ces images, 29 ans plus tard, il a fallu une équipe d’experts du club informatique de l’université Carnegie Mellon de Pittsburgh pour remettre en état les disquettes obsolète de l’ordinateur.

 

Mais la restauration de ces images numériques fait débat. Si les acheteurs ont reçu un fichier TIFF de 4500 sur 6000 pixels, il est inimaginable que le logiciel d’époque sur lequel travaillait Andy Warhol fusse en mesure de produire des images d’une si haute résolution. Le club d’informatique à l’origine de la restauration accuse un défaut d’authenticité: la fondation Warhol aurait augmenté la résolution des œuvres, s’éloignant très nettement de ce que pouvait voir l’artiste en les produisant. 

 

 

Un débat qui vient complexifier la notion d’authenticité dans le domaine des NFT. Si le propre de ces technologies est de permettre l’authentification d’une œuvre, ces modifications de résolution interrogent. Est-ce que modifier la résolution d’une image virtuelle revient au même que la pigmenter d’anciens tableaux ? “À l’instar des œuvres d’art physiques qui subissent une conservation minutieuse, les œuvres créées par Warhol ont été soigneusement préservées pour la postérité ” se défend Michael Dayton Hermann, directeur du marketing à la fondation Warhol, accentuant le parallélisme entre œuvre physique et numérique. Il est pourtant légitime de se demander si la certification de l’image doit avoir lieu avant ou après sa restauration, si les acheteurs auraient dû recevoir le véritable original, en basse qualité, ou la version retouchée.