De Sheila Hicks à Urs Fischer, que réserve la deuxième édition de Paris+ par Art Basel ?
Un an après une première édition à succès, la foire Paris+ par Art Basel donnera le coup d’envoi de la Semaine de l’art dès le 16 octobre prochain. Au-delà de son site principal, le Grand Palais Éphémère, l’événement se déploie dans six lieux emblématiques de la capitale française, dont la place Vendôme et le jardin des Tuileries. Tour d’horizon des temps forts de cette nouvelle édition.
Par Matthieu Jacquet.
Paris+ par Art Basel 2023 : une sélection de galeries affûtée et très internationale
Un an après la première édition de la foire Paris+, l’implantation d’Art Basel dans la capitale française a visiblement porté ses fruits. Tenu au Grand Palais Éphémère, l’événement d’envergure internationale a accueilli un vaste public d’amateurs et de professionnels de l’art, et animé la ville grâce à la présence de plusieurs œuvres in situ déployées sur des sites emblématiques, auxquelles se sont ajoutées des rencontres exclusives sur la péniche du Bal de la Marine. Cette année, la foire reprend donc possession du bâtiment parisien avec, au total, 154 galeries, dont quinze nouvelles exposantes telles que l’américaine Document, la sud-africaine Smac Art Gallery et la belge Jan Mot, qui dotent sa sélection de propositions pointues et audacieuses.
La foire a avant tout misé sur l’expansion de son programme public: pendant une semaine, ses projets se déploieront dans non moins de six lieux emblématiques de la capitale, du palais d’Iéna à l’Institut de France… Dans le cadre d’un partenariat inédit, le Centre Pompidou accueillera également le cycle Conversations, animé par le duo de curateurs Pierre-Alexandre Mateos et Charles Teyssou, où seront proposés des débats et des conférences autour de Chantal Akerman, d’Antonin Artaud, des studios Walt Disney ou encore de la culture drag.
Paris+ par Art Basel, du 19 au 22 octobre 2023 au Grand Palais Éphémère, Paris 7e.
D’Urs Fischer à Sheila Hicks, les artistes métamorphosent Paris
Comme de coutume, la place Vendôme sera l’hôte d’une installation monumentale. Après le très controversé sapin de Noël de Paul McCarthy, la citrouille géante de Yayoi Kusama, ou encore l’architecture cosmique d’Alicja Kwade l’an passé, la proposition de cette seconde édition de Paris+ par Art Basel révélera le site historique sous un nouveau jour grâce à l’intervention d’Urs Fischer. Connu pour ses œuvres aux portes de l’absurde jouant avec la matière et sa transformation, l’artiste suisse érigera sur les pavés parisiens une immense vague en aluminium de cinq mètres de hauteur. Irradiant la place Vendôme de ses reflets argentés, la sculpture porte sur elle les empreintes des doigts de l’artiste, reproduites d’après un modèle petit format qu’il avait réalisé en argile.
De l’autre côté de la Seine, sur le parvis de l’Institut de France, les quais vibreront aux couleurs d’une colonne signée Sheila Hicks, comme une réponse à la structure solide d’Urs Fischer. Conçue avec des tissus imperméables et durables, l’œuvre de l’artiste américaine témoigne de son goût pour le textile et de son désir de sublimer des matériaux souples et peu nobles. Plus loin, une installation multimédia de l’artiste britannique Jessica Warboys sera à découvrir dans la chapelle des Petits-Augustins, bâtiment historique de l’École des beaux-arts de Paris.
Urs Fischer, “Wave”, du 18 octobre au 1er décembre 2023 sur la place Vendôme, Paris 1er.
Sheila Hicks, “Vers des horizons nouveaux”, du 17 au 24 octobre 2023 sur le parvis de l’Institut de France, Paris 6e.
Jessica Warboys, “This tail grows among ruins”, du 17 au 22 octobre 2023 à la chapelle des Petits-Augustins, École nationale des beaux-arts, Paris 6e.
“Une cinquième saison” : l’humain et la nature fusionnent au jardin des Tuileries
Une fois de plus, le parcours de la Semaine de l’art fera halte au jardin des Tuileries, hôte d’une nouvelle exposition de sculptures. Dans le prolongement du projet présenté l’an passé, Annabelle Tenèze y réunit 26 artistes qui explorent “les traces de l’humain sur la nature et les traces de la nature sur l’être humain” à travers des œuvres installées dans les bassins et les exèdres du parc, de même que dans ses arbres et dans son allée centrale. Ainsi, au fil de cette promenade, on croisera un grand cœur lumineux percé d’une flèche signé Gaetano Pesce, des vases noirs percés de Joël Andrianomearisoa, ou encore quatre femmes en bronze émergeant de l’herbe, sculptures inédites de la photographe Zanele Muholi ; autant de pièces croisant les thématiques du minéral, du végétal et de l’animal, mais également de l’eau et de l’habitat. La sélection sera aussi marquée par la toute première performance de l’histoire du jardin, une création musicale et chorégraphique de l’artiste italienne Romina De Novellis, ainsi qu’une ingénieuse construction de Pierre Jeanneret et Jean Prouvé, conçue en 1942, reconstituée pour l’occasion et longtemps considérée comme la maison la plus écologique au monde.
“Une cinquième saison”, du 18 au 22 octobre 2023 au jardin des Tuileries – Domaine national du Louvre, Paris 1er.
Michelangelo Pistoletto et Daniel Buren au Palais d’Iéna : une rencontre au sommet
La Semaine de l’art sera enfin marquée par la rencontre au sommet de deux immenses figures contemporaines : Michelangelo Pistoletto et Daniel Buren. Dans l’impressionnante salle hypostyle du palais d’Iéna, emblème de l’architecture moderne des années 30, l’Italien et le Français dévoileront des œuvres produites sur mesure, au millimètre près. “C’est une exposition aussi gigantesque que chirurgicale”, annonce le curateur Matthieu Poirier, chef d’orchestre de ce dialogue. “Les deux artistes ont pensé leurs créations comme un dispositif de vision plutôt que comme un objet à regarder. L’architecte Auguste Perret deviendra ainsi le troisième artiste de cette exposition.” Si le fruit de cet échange reste encore mystérieux, on s’attend à y retrouver les composantes caractéristiques des œuvres des deux artistes: les miroirs chez Pistoletto et les rayures chez Buren. Tout se jouera ainsi sur les vides, les pleins, les jeux de niveau et la lumière naturelle, faisant du spectateur l’acteur principal de cette proposition inédite.
Daniel Buren & Michelangelo Pistoletto, du 18 au 31 octobre octobre 2023 au Palais d’Iéna, Paris 16e.