25 jan 2022

Dans son film Cor, le chorégraphe Mès Lesne incarne le cri d’une jeunesse en quête de liberté

Jeune danseur et chorégraphe français, Mès Lesne a souhaité transmettre son art par la vidéo pour incarner avec les corps l’énergie ardente de la génération Z. Réalisé par Simona Gun, son premier court-métrage Cor sera dévoilé ce jeudi 27 janvier au 3537 à Paris.

La danse comme un cri de liberté, celui d’une génération qui cherche un espace moins balisé, moins étouffant et segmentant, loin des codes trop genrés et des étiquettes… telle est l’idée directrice de Cor, le court-métrage chorégraphique imaginé par le jeune danseur français Mès Lesne. Lui-même est un esprit qui aime à s’affranchir des carcans. Sa rencontre avec la danse, intervenue tôt dans son adolescence, lui offre la possibilité d’élaborer un langage personnel. “Dès mes 14 ans, j’ai tourné dans toute l’Europe avec la compagnie du chorégraphe Michel Onomo, nous raconte-t-il. Puis à 17 ans, j’ai pris mon envol et j’ai commencé à travailler avec d’autres chorégraphes. Je me suis nourri de beaucoup d’influences, notamment du flamenco, et aujourd’hui, je ne pourrais pas mettre une étiquette sur mon style. Mais j’ai toujours voulu avoir une signature, une énergie et un type de mouvements qu’on identifierait même sans voir mon visage.” Un mouvement, symbolisant cette soif de liberté, deviendra sa signature : le sauté décroché, un saut cassé et désarticulé, “où les membres se laissent porter par l’élan”, poursuit-il. Avec son physique androgyne aussi remarquable que ce saut, Mès Lesne est bien sûr rapidement repéré par le monde de la mode, et se retrouve à tourner à ses 19 ans une campagne Saint Laurent à Palerme. Il réalise alors que le monde de la mode et celui de la danse n’ont jamais été si étroitement connectés.

Mais c’est toujours vers l’expression personnelle la plus pointue possible que le porte ses désirs. Ainsi naît l’idée de Cor, alors qu’il regarde un film mettant en scène des rugbymen sous la pluie. “Ce qui m’intéressait, c’était cette énergie presque tribale, ces personnes qui se battaient comme une meute, sur ce terrain boueux. J’imaginais ce genre de scène au ralenti, avec plus d’émotions, en montrant davantage les visages”. Pour donner corps à son projet, Mès Lesne s’est rapproché du duo de réalisateurs Simona Gun, qui s’efforce d’imposer dans ses réalisations commerciales des histoires plus “vraies”, en phase avec la génération Z. Ensemble, ils décident de tourner sur l’île volcanique de Lanzarote, âpre et sombre, où la force de la nature se fait sentir à chaque instant. Mès Lesne réunit alors sa meute, son casting rêvé de danseurs : Patrick Kuo, Aliashka Hilsum, Tom Migné, Katharina Dedrich, Eva Ndiaye et Mattéo Pierre Masson, qui répèteront sous sa direction pendant une semaine intense à Paris. “Mais une fois arrivés à Lanzarote, tout ce que j’avais chorégraphié a été modifié par l’énergie du lieu, les émotions tellement intenses qu’il suscite, poursuit Mès Lesne.”

 

C’est donc une authentique expérience transformatrice qu’est venue capter au plus près la caméra de Simona Gun, alternant les plans séquences pour laisser se développer les mouvements des danseurs, et les gros plans sur les visages au bord de la transe. Le jeune peintre Enfant Précoce a imaginé un signe mystérieux, peint en bleu, comme un marquage tribal rassemblant les personnages. Ensemble, ils nous entraînent, sur la musique de Pablo Bozzi, dans leur cri du corps sauvage et libérateur. Pour les accompagner, le label Acne a vêtu les danseurs de leurs jeans bruts emblématiques, qui deviennent ici un signe de ralliement de ce gang fascinant. Le film sera projeté toute la journée du 27 janvier au nouveau haut lieu des projets atypiques, engagés et ambitieux, le 3537.

 

 

Cor, film chorégraphique imaginé par Mès Lesne, réalisé par Simona Gun. Projection le 27 janvier au 3537, 35-37, rue des Francs-Bourgeois, Paris IVe. www.3537.org.