Christophe Delcourt raconte sa collection de mobilier pour la CFOC
Rencontre avec Christophe Delcourt, qui signe une collection de table, fauteuil et canapé pour la Compagnie Française de l’Orient et de la Chine, entre légèreté et modernité.
Propos recueillis par Camille Bois-Martin.
Fondée à Paris en 1966, la Compagnie Française de l’Orient et de la Chine invite au voyage avec ses objets de décoration et son mobilier inspirés par l’artisanat d’art asiatique et fabriqués par des ateliers réputés en Asie. De la broderie vietnamienne au verre soufflé indien en passant par l’ébénisterie chinoise, des céramistes ou des émailleurs, leurs sublimes créations, proposées au sein de ses deux boutiques parisiennes, exaltent les savoir-faire ancestraux, transmis de génération en génération. Régulièrement, la maison convie des designers qui partagent ses valeurs et son goût du beau, à concevoir des collections d’objets et de mobilier, à l’instar de la créatrice belge Valérie Barkowski en mars dernier. Aujourd’hui la CFOC dévoile une collection de table, fauteuil et canapé, aux lignes épurées et contemporaines, signée Christophe Delcourt. Depuis 1995, le designer français imagine des meubles sur-mesure, conçus et produit dans l’hexagone et qui valorisent les savoir-faire locaux. Pour Numéro, il revient sur cette collection.
Comment est née cette collaboration avec la CFOC ?
Valérie Le Héno, directrice artistique de la maison, était intéressée par mon travail sur les formes et les matières, mais aussi par mon approche qui valorise les savoir-faire français comme l’ébénisterie. Nous avons tous les deux l’habitude de créer à partir de matières naturelles et nous partageons aussi une passion pour le voyage qui nous a permis de développer un langage commun.
Quels savoir-faire retrouve-t-on dans cette collection ?
La collection a été divisée en deux parties. La première, tout juste dévoilée, explore le travail de la garniture et de la tapisserie dans la conception des fauteuils mais surtout du canapé. C’est d’ailleurs la seule pièce réalisée au sein d’un atelier français — le reste ayant été confié à leurs artisans asiatiques. Dans la seconde partie de la collection, qui comprend des chaises et une table [prévue pour début 2023], le bois est la matière principale.
Justement, le bois est votre matériau de prédilection. Pourquoi est-t-il absent des premières pièces ?
Il n’est juste pas toujours visible ! Je l’ai conservé dans la structure des fauteuils. Mais c’est vrai que quand je conçois un meuble, pour moi, c’est comme une évidence : il faut le faire en bois.
Vous dites avoir conçu ces meubles comme des “ sculptures ”. Un artiste vous a-t-il inspiré en particulier ?
Les travaux de Constantin Brâncuși (1876-1957) et d’Eduardo Chillida (1924-2002) sur la forme m’inspirent beaucoup. Ce sont des sculpteurs qui maîtrisent parfaitement les formes imposantes, qu’ils parviennent contre toute attente à rendre légères : leurs œuvres attrapent la lumière grâce à leurs jeux de pleins, de creux, de rondeurs… Que j’ai mobilisés pour concevoir le canapé et le fauteuil.
Quelle est votre pièce préférée ?
J’aime beaucoup le canapé, dont j’ai exploré l’importance au sein d’un intérieur. J’ai étudié ses formes, ses détails creux ou bombés, pour qu’il soit intéressant sous tous ses angles. Je voulais que ce soit un élément mobile qui laisse les autres créations s’exprimer : il est léger, presque flottant grâce à ses pieds recouverts d’un tissu identique.
D’où vient cet intérêt pour la légèreté dans le mobilier ?
J’ai voulu exploré le bagage culturel de la Compagnie Française de l’Orient et de la Chine : car, selon moi, les designers Chinois sont les maîtres de la légèreté. J’ai été particulièrement inspiré par les meubles Ming, d’un siège ou d’une table qui sont comme sculptés.
Dans quel intérieur projetez-vous ces meubles ?
Au début de notre collaboration, je trouvais que la CFOC était une marque très parisienne, car implantée dans la capitale. Et je souhaitais justement concevoir une collection qui s’adresse à tous les intérieurs, et à tous les climats. J’aime ce travail de séduction opéré par un matériau ou un volume précis, qui va inviter une personne à acheter une pièce pour l’intégrer dans sa propre identité. Je suis toujours curieux de découvrir dans quels univers tous ces objets vont se retrouver, notamment via Instagram.