Bill Skarsgård pays tribute to Francis Bacon in an exclusive story for Numéro art
L’acteur Bill Skarsgård, clown tueur d’enfants dans les films “Ça”, a accepté d’incarner pour Numéro art les personnages tourmentés des toiles de Francis Bacon dans une version totalement revisitée et digitale. Cet hommage au maître britannique intervient alors que le Centre Pompidou lui consacre une exposition évènement réunissant ses œuvres tardives réalisées entre 1971 et 1992.
Par Thibaut Wychowanok.
Portraits Tim Richardson.
Direction de création Amir Zia.
Portraits Tim Richardson.
Art direction Amir Zia.
Bill Skarsgård est diabolique. Disons surtout que le jeune Suédois de 29 ans aime incarner les rôles les plus pervers. L’acteur s’est fait connaître du public international avec son personnage de vampire dans la série Netflix Hemlock Grove. Mais c’est avec son interprétation du clown tueur d’enfants dans les films Ça (2017) et Ça II (sorti en septembre) que sa cote explose à Hollywood. Il s’en amuse en interview lorsqu’il résume ses pensées sur le tournage : “Il y avait quelque chose de très étrange à me dire que mon jeu d’acteur serait jugé à l’aune de ma capacité à traumatiser les enfants, sur le plateau et dans les cinémas.”
“On dirait que les portraits de Francis Bacon sont paralysés dans un état permanent de désespoir…”
Bill Skarsgård semblait tout indiqué pour réinterpréter les figures tourmentées des toiles de Francis Bacon dans l’hommage que nous souhaitions rendre à l’artiste britannique. Son visage taillé à la serpe, ses yeux bleu glacé et glaçant et, surtout, sa faculté à exprimer pulsions et intériorité psychique dans le moindre rictus faisait de lui le candidat idéal pour cet exercice de style. Fils de l’acteur suédois Stellan Skarsgård (acteur chez Lars von Trier aussi bien que dans la saga Avengers et le prochain Dune de Denis Villeneuve), issu d’une fratrie de huit enfants – dont quatre sont aussi acteurs, Bill Skarsgård a naturellement commencé à tourner à l’âge de 9 ans. Rien ne semble donc l’effrayer dans un milieu du cinéma dont il se met volontairement en retrait.
“J’ai tendance à aimer les thrillers psychologiques. Répulsion et Rosemary’s Baby de Polanski, Shining de Kubrick…”
Pour jouer le rôle du clown tueur Pennywise dans la nouvelle adaptation du roman de Stephen King (après les deux téléfilms cultes des années 90), la nouvelle coqueluche de Hollywood explique avoir dû s’adapter à un personnage particulièrement abstrait : “Il n’est pas humain, et cela a rendu le jeu plus facile d’un certain côté. Cela aurait été plus difficile pour moi de jouer un véritable être humain psychopathe.” Cette humanité, il ira plutôt la puiser pour répondres aux attentes du photographe Tim Richardson, mêlant pour Numéro art prises de vue réelles et images digitales.
Numéro : Quand avez-vous fait vos débuts comme acteur ? Quel était votre premier film ?
Bill Skarsgård : Mon premier rôle était celui du petit frère d’Alex dans le film suédois Järnganget. J’avais 9 ans à l’époque.
Qu’avez-vous trouvé le plus difficile dans l’interprétation de Pennywise dans Ça et Ça 2 ?
Rendre justice à ce personnage culte de Stephen King, tout en essayant de réinventer ce que Tim Curry avait déjà si bien réussi.
Quels sont vos films d’horreur préférés, et pourquoi ?
J’ai tendance à aimer les thrillers psychologiques. Répulsion et Rosemary’s Baby de Polanski, Shining de Kubrick… Et, histoire de ne pas passer pour un bouffon prétentieux, L’Heure du loup de Bergman.
Quels genres d’états et de sentiments souhaitiez-vous dégager en interprétant un personnage de Francis Bacon ?
On dirait que ses portraits sont paralysés dans cet état permanent de désespoir, ou peut-être de vérité. Mais j’ai principalement suivi les directives du photographe Tim Richardson.
Que préférez-vous dans les peintures de Francis Bacon ?
De ses peintures émane une vérité émotionnelle. Il ne représente pas la façon dont on est perçu physiquement, mais comment l’on se sent vraiment de l’intérieur. Et le soi intérieur de Francis se révèle lui aussi sur la toile. Comment tu te sentais Francis ? Tout va bien ?
Vous intéressez-vous à l’art ? Qui sont vos artistes préférés ?
Je ne dirais pas que je m’intéresse particulièrement à l’art, mais je l’apprécie. J’adore P.S. Krøyer : personne n’a su capturer la Scandinavie de façon aussi idyllique.
Qu’est-ce qui vous manque le plus en Suède quand vous êtes loin ?
Ma famille et mes amis. Ils habitent tous à Stockholm, c’est pourquoi je ne peux pas la quitter trop longtemps.
Quels sont vos futurs projets ?
Je joue Willard dans le nouveau film d’Antonio Campo, The Devil All the Time, qui sortira l’année prochaine. Je joue aussi Dane dans le premier film de Chase Palmer, Naked Singularity, ainsi que Kane dans le premier film d’Edson Oda, 9 Days.
Bacon en toutes lettres, jusqu’au 20 janvier 2020, Centre Pompidou.
Bill Skarsgård is diabolical. At any rate the 29-year-old Swedish actor seems to like taking on rather perverse parts. He first became known internationally for his role as a vampire in the Netflix series Hemlock Grove, but it was in his portrayal of the child-killing clown Pennywise in the movies It (2017) and It Chapter Two (out this September) that he took Hollywood by storm. Yet he remains sanguine about his career choices, joking in an interview that “there was something rather strange in saying to myself that my acting would be judged on my ability to traumatize children both on set and in movie theatres.”
Skarsgård consequently seemed a natural choice to reinterpret Francis Bacon’s tormented figures in our homage to the late British artist’s work: the Swede’s chiselled features and ice-blue eyes, not to mention his ability to convey hidden emotions with the utmost economy of means, make him an ideal candidate for the exercise. One of eight children (of whom four others are actors) born to Swedish star Stellan Skarsgård (who has worked with Lars Von Trier, starred in the Avengers saga and will feature in Denis Villeneuve’s forthcoming Dune), Skarsgård started out young, at just nine years old. Nothing can therefore frighten him in a movie business from which he deliberately takes a step back.
To play the role of the killer clown Pennywise in the new adaptation of Stephen King’s novel (which follows on the heels of two cult telefilms made in the 90s), Skarsgård had to get his head around a rather abstract character. “He’s not human, which made playing him easier in a certain way. It would have been a lot more difficult for me to take on the role of a real psychopathic human.” Instead, Skarsgård has used his humanity to satisfy the demands of photographer Tim Richardson for Numéro art, who skilfully blends real shots and digitally produced images in his Bacon-inspired series.
Numero: When did you start acting? What was your first movie?
Bill Skarsgård: I did my first role, playing Alex’s little brother, in a movie called järngänget in Sweden. I was nine years old.
What was the most difficult part about playing Pennywise in It / It 2?
For me, it was doing justice to Kings iconic character and at the same time, reinventing what Tim Curry already did so well.
What are your favorite horror movies and why?
I tend to like psychological horror. Polanski’s Repulsion and Rosemary’s Baby. Kubrick’s The Shining. And, just so I don’t come off as a complete pretentious buffoon, Hour of the Wolf by Bergman.
What kind of mood/feelings did you want to convey by playing a Bacon’s character?
Seems like his portraits are paralyzed in a moving state of despair or maybe truth. Mostly I just listened to our photographer, Tim Richardson.
What do you like the most about Francis Bacon’s paintings?
They are paintings conveying an emotional truth. Not how we’re physically seen, but how we’re really feeling on the inside. And Francis’s inner self revealing itself on the canvas. How where you doing, Francis? You all right?
Are you interested in art? Who are your favorite artists?
I wouldn’t say I have an interest in art. I appreciate it. I love P.S Krøyer. No one captures Scandinavia more idyllically.
What do you miss most about Sweden when you’re away?
My family and my friends. They all live in Stockholm and I can’t stay away too long.
What are your upcoming projects?
I play Willard in Antonio Campos’s new movie, The Devil All The Time. This will be released next year. I also play Dane in Chase Palmer’s first feature, Naked Singularity, as well as Kane in Edson Oda’s first feature, 9 Days.
Bacon en toutes lettres, jusqu’au 20 janvier 2020, Centre Pompidou.