23 août 2021

Autour de la Bourse de Commerce, l’artiste Paulo Nazareth organise une performance engagée

Quelques mois après son ouverture remarquée en plein cœur de Paris, la Bourse de Commerce – Collection Pinault organise les 25 et 26 août prochains un événement gratuit autour de son bâtiment principal. Dans ce quartier des Halles, l’artiste brésilien Paulo Nazareth y présentera une performance engagée et olfactive imprégnée par l’histoire coloniale et de l’esclavage. 

Jardin des Tuileries, octobre 2018. Treize jeunes femmes et hommes noirs tout de blanc vêtus arpentent le parc parisien, tenant chacun dans leurs mains un moulin à café manuel. Pendant cinq heures, ces protagonistes sèment à travers ce mouvement rotatif une poudre brune moulue qui embaume leur parcours par l’odeur caractéristique de la graine de caféier. Réalisée dans le cadre de la Fiac par l’artiste Paulo Nazareth, la performance met en scène des immigrés issus de l’Afrique ou de sa diaspora afin de refaire saillir dans l’espace public un souvenir douloureux : celui des traites négrières, de l’esclavage et de la colonisation, dont la culture du café fut un enjeu économique majeur. Près de trois ans après cet événement, son auteur renouvellera les 25 et 26 août l’expérience dans la capitale française en optant pour le décor des Halles de Paris, quelques minutes à pied des Tuileries.

 

Rénové au fil des des treize dernières années, le quartier s’est peu à peu transformé pour accueillir notamment la Canopée, grande structure abritant le centre commercial, tandis que le milliardaire François Pinault y a installé sa collection d’art contemporain dans le bâtiment de la Bourse de Commerce ouvert au public il y a quelques mois. Cette nouvelle adresse dans le paysage culturel parisien, qui attire déjà de nombreux curieux et amateurs d’art, s’est immédiatement distinguée par ses particularités : outre l’architecture intérieure de l’édifice remarquablement repensée par le Japonais Tadao Ando, le nouveau propriétaire des lieux et fondateur du groupe Kering y démontre son goût pour des artistes engagés, voire hors des clous du monde de l’art. Parmi les pièces de la collection exposées actuellement sur ses cimaises, on retrouve ainsi les œuvres d’artistes tels que David Hammons et Kerry James Marshall, tous deux particulièrement sensibles à l’histoire afro-américaine et soucieux de la retranscrire dans leur travail.

 

Tout aussi engagée et imprégnée par la mémoire humaine, matérielle et sensorielle, la démarche de Paulo Nazareth n’a pas manqué d’attirer l’attention de François Pinault qui, dans les années 2010, commence à acquérir certaines de ses installations et photographies. Après son enfance dans une favela, l’artiste brésilien a très vite souhaité étudier les migrations en les ressentant avec son propre corps : il entreprend alors à pied et en bus un voyage d’ampleur de l’Amérique Latine à New York, puis un autre sur le continent africain qui inspireront aussi bien ses autoportraits que ses vidéos et sculptures, pérennes ou éphémères. Aujourd’hui quadragénaire, l’homme qui se considère comme “citoyen du monde” mettra dans quelques jours sa performance Moinho de Vento en vis-à-vis l’histoire de la Bourse de Commerce, dont l’ancrage colonial est notamment signifié par la présence en son sein de papiers-peints du XIXe siècle. Un nouveau contexte significatif pour cette œuvre a fois performative et olfactive, que les passants du quartier pourront apprécier gratuitement pendant trois heures.

 

 

Paulo Nazareth, “Moinho de Vento / Windmil.”, les 25 et 26 août 2021 de 14h à 17h aux abords de la Bourse de Commerce, Paris 1er.