26 oct 2020

Alberto Giacometti deviendra-t-il avec Pablo Picasso l’artiste le plus cher du marché ?

Du 21 au 27 octobre, la maison Sotheby’s met en vente une œuvre exceptionnelle : “Grande femme I”, une sculpture monumentale en bronze réalisée en 1960 par l’artiste suisse Alberto Giacometti. Pour l’occasion, sa vente privée se déroulera sous scellé et les intéressés devront entamer les enchères à partir d’une somme conséquente : 90 millions de dollars. 

Alberto Giacometti, “Grande Femme I” (1960). Courtesy Sotheby’s

141,28 millions de dollars. C’est la somme impressionnante à laquelle est partie, le 11 mai 2015, une sculpture d’Alberto Giacometti lors d’une vente de la maison Christie’s. Réalisée en bronze en 1947, cette silhouette masculine baptisée L’homme au doigt a battu ce jour-là un nouveau record : celui de la statue la plus chère jamais adjugée aux enchères. Une assise non négligeable pour l’artiste suisse, devenu depuis plusieurs décennies l’un des plus chers du marché grâce notamment au succès et à la cote remarquable de ses sculptures anthropomorphes grand format, créées durant la dernière partie de sa vie. Son célèbre L’homme qui marche I, intégré en 1964 à la collection de la Fondation Maeght, en représente sans doute l’exemple le plus significatif.

 

Ce mois-ci, c’est au tour de la maison Sotheby’s de miser sur cette figure incontournable de l’art moderne en consacrant une vente exclusive à l’une de ses sculptures, Grande femme I. Debout, les bras le long du corps dans une posture statique, cette œuvre également sculptée dans le bronze témoigne de tout le virtuose de Giacometti : une approche de la matière qui dote l’œuvre d’une texture unique tout en l’éloignant du réalisme, tandis que le corps s’étire en une silhouette longiligne dont émane une grande fragilité. Comme l’ajoute le vice-président du département des Beaux-arts de Sotheby’s, Brooke Lampley, “Grande femme I incarne l’apogée du projet d’une vie d’Alberto Giacometti consacré à la sculpture de l’humain, et plus précisément du corps féminin.” Conçue en 1960, l’œuvre fait en réalité partie d’une série de quatre sculptures monumentales mesurant toutes près de 3 mètres de haut et supposées peupler la place d’un gratte-ciel de Manhattan. Un projet revu et corrigé ensuite par l’artiste, qui s’éteignit avant de pouvoir le terminer. 

 

À pièce exceptionnelle, format exceptionnel : à l’occasion de cette opportunité rare, la maison Sotheby’s de New York a décidé d’organiser une vente privée sous scellé. Depuis le 21 octobre, et ce pendant six jours, les intéressés pourront miser sur l’œuvre tout en gardant le montant de leurs enchères privé, à condition toutefois que celui s’élève à un minimum – et pas des moindres : 90 millions de dollars, une somme impressionnante mais cohérente avec la valeur de l’artiste sur le marché. Dès le 27 octobre, le conseil général de Sotheby’s épluchera toutes les offres et adjugera Grande femme I au plus offrant. Si son estimation initiale est dépassée de 10 millions ou plus, la sculpture pourrait bien atteindre un nouveau record établi par Pablo Picasso : celui de vendre quatre œuvres au-dessus de 100 millions de dollars. À ses côtés, Alberto Giacometti deviendrait ainsi officiellement le deuxième artiste du XXe siècle le plus cher du marché.

 

 

“In Confidence: A Masterpiece by Alberto Giacometti”, vente privée sous scellé du 21 au 27 octobre. L’œuvre Grande femme I est visible sur rendez-vous jusqu’au 27 octobre dans les locaux de la maison Sotheby’s à New York.