À quoi ressemble la nouvelle œuvre monumentale d’Olafur Eliasson ?
Le grand artiste des installations atmosphériques et temporelles vient de dévoiler sa dernière œuvre : une installation à grande échelle sur le Jackson Boulevard du centre-ville de Chicago.
Par Jordane de Faÿ.
Basé à Berlin, Olafur Eliasson et son studio éponyme, constitué d’un peu moins d’une centaine d’artisans, artistes, technicien.ciennes, architectes, archivistes, historien.iennes de l’art, graphistes, réalisateur.trices, administrateur/trices mais aussi chef.fes de cuisine, s’emploient depuis près d’une trentaine d’années à faire le lien entre nature, technique et art. Ses créations, qui relèvent toujours d’une virtuosité aussi technique qu’artistique, puisent leurs sources dans la merveille et la complexité des phénomènes naturels. Après avoir invité il y a quelques mois certains de ces phénomènes – grand soleil, nuage pluvieux, arc-en-ciel… – dans nos intérieurs, et ainsi permis, en plein confinement, une simili expérience de vie en plein air grâce à son projet de réalité virtuelle (gratuitement accessible par une app) Wunderkammer, Olafur Eliasson revient avec sa nouvelle oeuvre à l’espace extérieur et public pour faire d’une des avenues du centre-ville de Chicago.
Depuis le 12 janvier, un immense mur d’ondes atmosphériques imitant les ondoiements de l’eau s’intègre parfaitement au paysage de fenêtres de verre que dessinent les gratte-ciels gris et blancs du centre-ville de Chicago. Telle une façade de bureau, l’installation prend place entre les deux plans d’eau de la Willis Tower et se compose de presque 2000 tuiles en acier, incurvées et peintes en nuances de bleu et de vert, qui modifient son apparence tout au long de la journée. “Atmospheric wave wall” : tel est le nom de cette œuvre publique, qui n’est pas sans rappeler la dénomination scientifique d’un phénomène océanique, et dont l’auteur n’est autre qu’Olafur Eliasson. Connu pour s’inspirer et reproduire artificiellement de nombreux phénomènes naturels, l’artiste islandais-danois a cette fois-ci regardé du côté des vagues des lacs environnants, puis a fait en sorte que les prismes “aquatiques” du mur suivent la trajectoire et l’inclination du soleil, les saisons de l’année mais aussi les déplacements des passants.
“Inspirée par le climat imprévisible que j’ai constaté à la surface du lac Michigan, Atmospheric wave wall se modifie selon votre position et l’heure du jour et de l’année, explique Olafur Eliasson quant à la genèse et l’idée phare de l’oeuvre. Ce que nous voyons dépend de notre point de vue : le comprendre est une étape importante pour réaliser que nous sommes capables de changer la réalité.” Commandée par la société d’investissement et de gestion immobilière EQ Office en collaboration avec les curateurs de CNL Projects, l’oeuvre édifie artistiquement le Jackson Boulevard du centre-ville de Chicago.
Comme un phare, l’oeuvre est éclairée, par un ingénieux système de rétroéclairage à travers les fissures du panneau géant, autant qu’elle éclaire la nuit. L’installation (littéralement) réfléchissante incite ainsi, de jour ou de nuit, à une réflexion sur la perception visuelle, la présence et la mobilité physique – du corps et du monde – comme le faisait déjà la sculpture Cloud Gate d’Anish Kapoor, un kilomètre à pied plus loin. Autant dire que les prévisions météorologiques pour la création contemporaine à Chicago sont plutôt bonnes en ce moment. Pour ceux qui auraient le mal de mer, ou en ces temps d’immobilité, le mal du voyage, une vidéo du mur saura calmer la tempête.