Art

22 juil 2025

19 œuvres d’art en plein air à Paris

À Paris, l’art ne se confine pas à l’intérieur des bâtiments. La capitale s’offre toute entière comme un véritable musée à ciel ouvert, accessible à tous ceux qui veulent bien se donner la peine de lever les yeux, avec plus d’une centaine de créations signées d’artistes de renommée internationale. Numéro propose une petite sélection des œuvres à ne pas rater lors d’une escapade parisienne.

  • Par Antoine Ruiz.

  • Du Palais-Royal au jardin des Halles…

    Dans un jardin, au détour d’un carrefour ou près d’une ligne de tramway, l’art public prolifère dans la capitale française. Outre les traditionnelles statues des grandes personnalités de l’histoire émaillant les jardins, parcs et places, un certain nombre d’œuvres contemporaines ont jailli au fil du temps dans des lieux moins fréquentés.  

    Stars incontestées des réseaux sociaux, les fameux Deux Plateaux de Daniel Buren (1986) furent très décriés lors de leur installation dans la cour du Palais-Royal. Et c’est sous un nom plus simple qu’ils ont acquis la célébrité : les “colonnes de Buren”. Non loin d’elles dans la cour d’honneur, le promeneur est aussi invité à contempler les Sphérades de Pol Bury (1985).

    Paris, un musée à ciel ouvert

    Datant de la même époque et voisine du Centre Georges-Pompidou, la Fontaine Stravinsky de Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle (1983) est une sculpture-fontaine incontournable haute en couleur du quartier du Marais. Autre grand classique : Le Mur des je t’aime (inauguré en 2000). Une déclaration amoureuse de 40m carrés dans plus de 300 langues réalisée par Frédéric Baron et Claire Kito. Et perchée sur le square Jehan-Rictus, dans les hauteurs de Montmartre

    Moins connues, d’autres œuvres ont été installées en plein cœur de Paris. On y passerait presque à côté sans même s’en rendre compte… C’est sans doute le cas pour les petites Welcoming Hands de Louise Bourgeois (1996), situées sur un rocher du jardin des Tuileries. Et situées non loin du Bel Costumé de Jean Dubuffet (1998), sculpture contemporaine extravagante à la forme humaine. Posé à même le sol, dans le jardin des Halles, un immense visage de pierre incliné, derrière une main, semble tendre l’oreille vers nous. Il s’agit de la sculpture Écoute, réalisée par Henri de Miller en 1986.

    De l’art pour habiller les rues – et sublimer la mémoire collective

    Dans le jardin des Champs-Élysées, impossible de rater Le Voilage d’Alexander Nicolaevich Bourganov (2006). Ironique sculpture montrant deux mains tenant un voile, dissimulant le visage qu’on s’attendrait à voir au-dessus du buste de pierre. Et, si l’on s’aventure en dehors des pavées de ce que l’on surnomme “la plus belle avenue du monde”, on découvre également, planté dans les jardins du Petit Palais, la dernière grande installation de Jeff Koons. Un grand Bouquet de tulipes multicolore, installé en 2019 en hommage aux victimes des attentats de 2015 et 2016.

    En dehors des espaces verts, plusieurs œuvres se dispersent également à l’écart des zones les plus touristiques. Notamment à l’occasion des opérations d’aménagement urbain initiées par la ville de Paris depuis plus de 50 ans. En se perdant dans le Quartier latin, on pourrait ainsi tomber nez à nez sur La Vénus des Arts (1992). Une sculpture contemporaine en bronze d’Arman (qu’on retrouve pour L’Heure de tous et Les Valises, sur le parvis de la Gare Saint-Laraze), qui revisite la fameuse figure grecque en une décomposition sophistiquée.

    Entre scandales et installations mythiques

    Seulement à quelques quartiers, Le Centaure de César Baldaccini (1985) trône au bout de la rue du Cherche-Midi. La sculpture représente une créature mythique, dont la tête est en fait un autoportrait du sculpteur… Certaines œuvres ont d’ailleurs parfois suscité quelques polémiques. Sur le boulevard de Clichy, La Quatrième Pomme de Franck Scurti (2011) en a fait en effet les frais. Cette sculpture de pomme provoquait de nombreux questionnements avant de finalement révéler son contexte. Car l’œuvre rend hommage au philosophe Charles Fourier, qui avait alors émis une théorie sur les méandres des mécanismes indusriels (imagés par le prix de la pomme). 

    Bien qu’en dehors de Paris, la zone de la Défense foisonne également de petits trésors contemporains résultant d’une politique de valorisation artistique du site depuis 1958. Au programme, 69 œuvres ont été installées. Parmi elles, le célèbre Pouce de César (1981). Une représentation en marbre massif du pouce du sculpteur, dont une des autres reproductions se dressait sur la devanture du Centre George Pompidou à l’occasion d’un rétrospective sur l’artiste au musée d’art contemporain.

    Jusqu’au parvis de la Défense

    Pour les adèptes des clichés instagrammables, la sculpture abstraite Utsurohi d’Aiko Miyawaki (1988) se fond parfaitement dans le décor ultra moderne offert par le parvis de la Défense. Désignant un état de flottement, l’œuvre de l’artiste japonais propose de nouvelles perspectives dynamiques sur les bâtiments industriels avoisinants. Autrement, Les Personnages fantastiques de Joan Miró (1976) présentent un véritable contraste. Deux sculptures bariolées semblables à des personnages de dessins animés détonnent devant l’architecture sobre du centre commercial Les Quatre Temps

    Quoi de plus original que d’observer des œuvres depuis un siège de tramway ? Sous la direction de Christian Bernard, directeur du Musée d’art moderne et contemporain de Genève, plusieurs œuvres conçues par des artistes internationaux ont ainsi été placées près des rails de la ligne de tramway T3 (A et B) afin de redessiner les contours de Paris. Pour rivaliser avec le design futuriste en bronze des quais de la ligne 11 de la station de métro Arts et métiers, l’artiste Anita Molinero a proposé en 2013 L’Homme debout (ou La Station). Un édifice à la forme élancée, parsemé de traces de pas faisant office de station de tramway à Porte de la Villette.

    Pour les voyageurs qui s’aventureraient dans le fin fond du 13e arrondissement, certains auront peut-être la chance d’apercevoir les palmiers de l’installation de Bertrand Lavier, Mirage (2006), qui se soulèvent aléatoirement une fois par heure. Non loin, en levant légèrement les yeux, on peut aussi observer Les Rochers dans le ciel de Didier Marcel (2012). Des rochers se hissent en haut de mâts, dont l’inspiration provient d’une photographie de l’artiste même. Et donnent l’illusion qu’ils flottent dans l’air…