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12 expositions à voir en France pendant les fêtes
Josèfa Ntjam à L’IAC, Clément Cogitore au Mucem, Sylvie Fleury au Mrac Occitanie… Alors que la période des fêtes approche à grands pas, Numéro propose son tour de France des expositions d’art contemporain à ne pas manquer, de Dijon à Toulouse en passant par Nîmes et Poitiers.
Par Matthieu Jacquet.


Josèfa Ntjam à Lyon
Remarquée récemment avec ses expositions à Paris et à Venise, Josèfa Ntjam déploie un univers visuel et plastique où se croisent divinités des cosmogonies diasporiques, créatures subaquatiques et grandes figures de l’activisme. Pour son nouveau solo show à l’Institut d’art contemporain (IAC) de Villeurbanne, la jeune artiste française continue d’inviter le public dans ses fantasmagories aux airs de science‑fiction à travers le film, l’impression 3D, la sculpture, et, pour la première fois, l’installation sonore.
Josèfa Ntjam, “Intrications”, jusqu’au 11 janvier 2026 à l’Institut d’art contemporain, Villeurbanne.

Alison Knowles, The Dnieper at the Black Sea (1992).
Avec l’aimable autorisation d’Alison Knowles.

Alison Knowles dans son atelier, 2012. Photo : Jessica Higgins.
Alison Knowles à Saint-Étienne
Elle est la seule femme à l’origine du mouvement Fluxus, qu’elle ouvrit dès les années 60 à l’art de la performance. Alison Knowles (1933-2025) a marqué l’histoire de l’art via une pratique variée et avant-gardiste qui inclut, entre autres, des repas collectifs ritualisés, des partitions minimalistes, des poèmes informatisés, des installations sonores interactives ou encore des cyanotypes. Une carrière foisonnante que revisite sa rétrospective au musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Étienne (MAMC+), riche d’une centaine d’œuvres, et inaugurée début novembre dernier, seulement quelques jours après son décès à l’âge de 92 ans.
“Alison Knowles. Une rétrospective”, jusqu’au 15 mars 2026 au MAMC+, Saint-Étienne Métropole.

Korakrit Arunanondchai à Dijon
Dans les vidéos et installations in situ de Korakrit Arunanondchai, la nature, les traditions et croyances ancestrales – chamanisme, animisme ou encore boudhisme – se confrontent aux nouvelles technologies et notre monde globalisé, en vue de créer des expériences multisensorielles qui viszent l’œuvre d’art totale. Pour sa proposition au Consortium de Dijon, l’artiste d’origine thaïlandaise a fabriqué un sol tellurique à partir des cendres récupérées dans la Kunsthalle de Bangkok, invitant les visiteurs à le fouler, accompagnés par une pièce sonore ensorcelante mêlant chœurs d’église et grondements souterrains.
Korakrit Arunanondchai, “The Blood of the Earth”, jusqu’au 24 mai 2026 au Consortium, Dijon.

Sylvie Fleury, The Black Shiny Vinyl Raincoat (2024).

Sylvie Fleury, Rose Pétillant (2023).
Sylvie Fleury à Sérignan
Sacs de shopping, fards à paupières géants, caddies dorés ou encore toiles duveteuses… Depuis les années 90, Sylvie Fleury emprunte au monde du luxe, de la cosmétique et du consumérisme de masse pour composer une œuvre pop, offrant un regard teinté d’ironie sur la société d’aujourd’hui. Raillant à la fois le capitalisme débridé, les diktats de l’apparence et la fétichisation du corps féminin, son travail toujours très contemporain fait actuellement l’objet d’une monographie au Mrac Occitanie comprenant de nombreuses pièces majeures de sa carrière, dont plusieurs installations in situ.
Sylvie Fleury, ”Thunderb”, jusqu’au 22 mars 2026 au Mrac Occitanie, Sérignan.

Clément Cogitore à Marseille
La taïga sibérienne ponctuée d’éléments fantastiques, l’intérieur des grottes de Lascaux ou encore le ciel d’Alaska, illuminé par un phénomène mystérieux… Pour ses vidéos et films, Clément Cogitore aime voyager dans des territoires fascinants, sujets à fantasmes et légendes, où se confrontent récits scientifiques et croyances locales. En 2022, l’artiste et réalisateur s’intéressait à l’île éphémère Ferdinandea, apparue dans le canal de Sicile à plusieurs reprises au 19e siècle, et complètement engloutie depuis. Au Mucem, on découvre le film qu’il y a consacré, éclairé par de nombreux documents d’archives qui révèlent ce pan fascinant de l’histoire méditerranéenne.
Clément Cogitore, “Ferdinandea, l’île éphémère”, du 10 décembre 2025 au 20 septembre 2026 au Mucem, Marseille.


Photos : Emile Ouroumov.
Monia Ben Hamouda à Noisiel
Depuis plusieurs semaines, le sol du CAC La Ferme du buisson est enseveli sous des dunes de sables aux couleurs ocres et cuivrées, laissant émerger quelques toiles abstraites peintes à base d’épices, tandis que lévitent des symboles extraits de l’alphabet et de l’iconographie arabes. Pour sa première exposition personnelle en France, l’artiste italo-tunisienne Monia Ben Hamouda nous invite dans ce délicat désert en transformation, imprégné par la poésie nadjite et tradition orale pré-islamique, mais aussi sa propre connaissance de la calligraphie arabe, transmise par son père.
Monia Ben Hamouda, “Post-Scriptum”, jusqu’au 25 janvier 2026 au CAC de la Ferme du Buisson, Noisiel.


Courtesy de Red Bull Arts New York et de Rammellzee Estate.
Rammellzee, la suite, à Bordeaux
Maître du graffiti, peintre, sculpteur, rappeur et performeur, mais aussi théoricien, l’Américain Rammellzee (1960-2010) a développé une œuvre novatrice aussi fascinante qu’inclassable, pourtant longtemps boudée par le monde institutionnel. Après l’exposition “Alphabeta Sigma (Face A)” au Palais de Tokyo cet été, le CAPC de Bordeaux présente le second volet “(Face B)”, qui replace le travail de l’artiste dans le contexte artistique du New York des années 80, associé à des figures telles que Basquiat, Warhol, Kenny Scharf ou encore Madonna…
“RAMMELLZEE ALPHA BETA SIGMA (FACE B)”, jusqu’au 26 avril 2026 au CAPC, Bordeaux.


© Magasin CNAC, Courtesy de l’artiste. Photos : Tomas Souček
Julie Béna à Grenoble
“Parodie” : voilà le mot qu’a choisi Julie Béna pour intituler son exposition personnelle au Magasin CNAC, mot qui se lit d’ailleurs en grandes et scintillantes lettres arc-en-ciel au sein du centre d’art grenoblois. Pour cette proposition d’envergure, l’artiste française nous plonge dans un monde situé quelque part entre la littérature, le cirque et le cabaret. Bouffon du roi, chevaux de manège, calèches, marionnettes et autres personnages étranges se croisent et semblent dialoguer dans ce corpus de films, sculptures et installations réalisées au fil des dix dernières années.
Julie Béna, “Parodie”, jusqu’au 5 avril 2026 au Magasin CNAC, Grenoble.

Jean-Charles de Castelbajac à Toulouse
Dès la création de son label à l’aube des années 80, Jean-Charles de Castelbajac a souhaité repousser les limites de la mode et de la création. Collage et upcycling, vêtements puisant dans la pop culture et l’imaginaire lié à l’enfance, réalisation d’œuvres monumentales pour l’aéroport d’Orly ou le Grand Palais, collaborations avec des artistes comme Cindy Sherman, créations de costumes pour Beyoncé et Lady Gaga, jusqu’à sa conception du vestiaire liturgique de Notre-Dame de Paris… les nombreux projets du créateur français (né en 1949) témoignent d’une créativité insatiable dont Les Abattoirs, à Toulouse, se font l’écho à travers une rétrospective historique.
Jean-Charles de Castelbajac, “L’imagination au pouvoir”, du 12 décembre 2025 au 23 août 2026 aux Abattoirs, Toulouse.

Beatrice Bonino à Paris
Fidèle à sa mission de prospection et de mise avant de la nouvelle scène artistique, la Fondation Pernod Ricard offre sa première exposition institutionnelle en France à Beatrice Bonino. Héritière de l’Arte povera et du post-minimalisme, passionnée par la trivialité du monde mais aussi par le langage et les signes, la jeune Italienne y présente ses sculptures et ses assemblages composites croisant des matériaux du quotidien, en dialogue avec des œuvres de ses aînés tels que Marisa Merz, Dieter Roth ou encore Lutz Bacher.
Beatrice Bonino, “In the main in the more”, jusqu’au 31 janvier 2026 à la Fondation Pernod Ricard, Paris 8e.

Vivian Suter à Nîmes
Depuis les années 80, Vivian Suter peint inlassablement en pleine nature, près de sa maison au Guatemala. Consacrée tardivement, la peintre d’origine suisse connaît depuis quinze ans une notoriété croissante. À Lisbonne l’an passé, puis au Palais de Tokyo à Paris l’été dernier, elle présentait “Disco”, une nouvelle exposition personnelle réunissant plusieurs centaines de ses toiles pour créer une véritable jungle de formes et de couleurs. Depuis novembre, l’exposition se dévoile dans une troisième et nouvelle version au Carré d’art, à Nîmes.
Vivian Suter, “Disco”, jusqu’au 29 mars 2026 au Carré d’art, Nîmes.

Romuald Jandolo à Poitiers
Enfant du cirque, Romuald Jandolo a développé un goût certain pour les arts du spectacle. Pour les 40 ans du Confort Moderne, l’artiste a envahi les lieux de mystérieux personnages drapés dans des capes et capuches pointues pailletées dont les présences spectrales illuminent un décor de bottes de foin. Si leur silhouette évoque instantanément la communauté suprémaciste américaine du Ku Klux Klan, cette mise en scène flamboyante plonge ces figures dans une incarnation ambiguë, où se croisent la légèreté et la liesse du bal populaire et la noblesse de certains costumes médiévaux.
Romuald Jandolo, “Pardon pour la lumière”, jusqu’au 21 décembre 2025 au Confort Moderne, Poitiers.