17 nov 2025

Que penser de Ça : Bienvenue à Derry, la série inspirée de l’œuvre de Stephen King ?

Entre horreur psychologique, critique sociale et nostalgie des sixties, la ville fictive de Derry, imaginée par Stephen King en 1986, révèle ses plus sombres secrets. Plongez dans les origines du clown le plus terrifiant de la pop culture avec Ça : Bienvenue à Derry, la nouvelle série de HBO Max.

  • par Alexis Thibault.

  • Publié le 29 octobre 2025. Modifié le 17 novembre 2025.

    Ça : Bienvenue à Derry remonte aux origines du cauchemar de Stephen King

    En 1986, le romancier Stephen King débute ce qui sera l’un de ses plus célèbres ouvrages par ces mots : “La terreur, qui ne devait pas prendre fin avant vingt-huit ans – si tant est qu’elle prît jamais fin – commença, pour autant que je sache, avec un bateau fait d’une feuille de journal qui descendait un caniveau gonflé par la pluie.” Ça s’impose immédiatement comme un monument de la littérature horrifique. Une fresque de plus de mille pages mêlant récit d’apprentissage, critique sociale et scènes fantastiques.

    En 1990, une première adaptation télévisée de Ça devient culte malgré des moyens techniques modestes. Le monde y découvre Pennywise, clown cauchemardesque incarné avec une intensité inoubliable par Tim Curry. Près de trois décennies plus tard, Bill Skarsgård reprend le flambeau sous la direction du réalisateur Argentin Andrés Muschietti, qui redonne vie à la ville de Derry à travers deux longs-métrages à succès. D’abord Ça en 2017, puis Ça : Chapitre 2 en 2019, composant un diptyque qui cumule plus d’un milliard de dollars de recettes mondiales.

    Avec Ça : Bienvenue à Derry, HBO entend remonter aux sources du mal. Andrés Muschietti, de nouveau aux manettes, nous propulse dans les années 1960. Ainsi explore-t-il les origines de la malédiction qui pèse sur la ville et sur ses habitants.

    En tissant des liens avec Shining et le personnage de Dick Halloran, le cuisinier de l’hôtel Overlook doté du pouvoir extrasensoriel du “shining”, la série élargit également l’univers de Stephen King. Une passerelle subtile entre les œuvres majeures de l’écrivain américain, pensée pour les fans de l’auteur.

    La bande-annonce de Ça: Bienvenue à Derry (2025).

    L’Amérique face à ses propres terreurs

    Ce n’est pas l’Amérique, c’est Derry,” glisse un militaire dans le second épisode de Ça: Bienvenue à Derry. Pourtant, cette ville imaginaire du Maine (état d’origine de Stephen King) agit comme un miroir fidèle d’une nation en déclin, gangrenée par la peur, le racisme et la paranoïa de la guerre froide.

    Au son de Mashed Potato Time (1962) de Dee Dee Sharp et de Why Do Fools Fall in Love (1965) de Frankie Lymon & the Teenagers, la série ressuscite l’esthétique saturée des sixties. Un monde fait de néons tremblants des diners, couloirs de collège multicolores et vernis social craquelé.

    Derrière cette carte postale rétro, la série décortique en fait une Amérique fracturée, où l’horreur surnaturelle n’est qu’un prolongement des tensions sociales. Fidèle à l’esprit du roman, le récit déplace la peur du fantastique vers le réel : les violences domestiques, les humiliations, les silences d’une communauté qui préfère détourner le regard. Ainsi, le clown maléfique Pennywise (Bill Skarsgård) n’est plus seulement le visage du mal. Ici, il devient le révélateur d’une société malade, rongée par ses propres terreurs.

    Que penser de la série diffusée sur HBO max ?

    Mais qu’est-ce qui ne va pas chez Lily Bainbridge ? Cette jeune fille traumatisée concentre à elle seule les obsessions de la série. À savoir, le deuil, la culpabilité et la peur comme héritage inévitable. Sous la direction de ses créateurs, Ça: Bienvenue à Derry s’impose comme une relecture plus cruelle et viscérale que les films précédents et nettement plus violente que le téléfilm culte des années 1990. La mise en scène ose un cran supérieur dans l’horreur, gore, mais toujours au service du récit. On regrette cependant une utilisation malvenue d’effets spéciaux grossiers…

    Si le décor des sixties et les codes du groupe d’enfants marginaux sentent parfois le déjà-vu, le programme compense par une réelle inventivité dans la représentation du trauma et des névroses familiales. Notamment à travers la figure paternelle, arrachée, absente ou ambiguë. Bienvenue à Derry ne réinvente pas Ça, mais en approfondit les zones d’ombre, transformant la psyché humaine en véritable champ de bataille. Plus radicale que ses prédécesseurs, la série trouve son équilibre entre l’effroi physique et la terreur mentale. Car, au fond, rien n’est plus effrayant qu’une peur qui échappe à la raison.

    Ça: Bienvenue à Derry (2025) d’Andrés et Barbara Muschietti et Jason Fuchs, disponible sur HBO Max.