1 oct 2025

Pourquoi le virage romantique de Matières Fécales nous séduit

En ce mardi 30 septembre 2025, Matières Fécales a dévoilé une collection printemps-été 2026 comme une lettre d’amour poétique et lancinante. Un show réussi, ponctué de nombreuses références au génie d’Alexander McQueen.

  • Par Louise Menard.

  • Place Vendôme, mardi 30 septembre 2025. L’excitation est palpable. Matières Fécales, l’une des marques les plus radicales du calendrier officiel, s’apprête à dévoiler sa deuxième collection. Effrayant pour certains, absolument génial pour d’autres, le couple de créateurs Hannah Rose Dalton et Steven Raj Bhaskaran avait déjà marqué les esprits lors de la saison précédente. Au sein de l’hôtel d’Évreux, Michèle Lamy et FKA Twigs ont pris place au premier rang. Le défilé peut donc commencer. 

    Une collection comme une éclosion de bourgeons de roses

    Après une première collection sombre dévoilée en mars dernier, Matières Fécales se tourne, contre toute attente, vers quelque chose de plus… romantique. Car après les ténèbres vient la douceur de l’aurore. Effusions de roses et bouquets grandioses, le décor donne le ton. Cette saison sera placée sous le signe de l’éclosion, de la renaissance, de la beauté.

    Intitulée HANNAH, la collection n’est rien d’autre qu’une lettre d’amour de Steven Raj Bhaskaran à sa compagne Hannah Rose Dalton, qui ouvre et clôture le défilé. Pour le printemps-été 2026, les créations demeurent couture, mais toujours dramatiques. Silhouettes structurées, épaules hautes, tailles accentuées, jeux de transparence et drapés d’organza sont autant d’éléments qui nous avaient déjà séduit auparavant.

    Du casting aux vêtements, Matières Fécales ne fait pas semblant d’embrasser le monde tel qu’il est. Dans toute sa splendeur et sa violence, ses aspérités et ses imperfections. À l’image de la marque, la collection est sans compromis. Un pied de nez à l’exclusivité du luxe, là où il se manifeste à son paroxysme, place Vendôme. 

    Des références tacites aux créations d’Alexander McQueen

    Tandis que des ailes d’ange, confectionnées par le célèbre chapelier Stephen Jones, accompagnent une slip dress en satin rose poudré, des masques noirs vernis, façon Eyes Wide Shut (1999), rehaussent plusieurs silhouettes du défilé Matières Fécales. Deux références implicites à l’œuvre d’Alexandre McQueen – bien qu’elles nous paraissent évidentes. En effet si la première évoque les imposantes coiffes en plumes d’oiseau de l’automne-hiver 2005-2006, la seconde rappelle la scandaleuse collection automne-hiver 1995-1996 de “l’enfant terrible de la mode“. Et notamment ses masques ornés de crucifix provocateurs…

    Autre détail notable : le maquillage de clown associant teint blafard et rouge à lèvres pourpre volontairement débordant. Une mise en beauté qui rend hommage à l’une des dernières collections du créateur britannique. Celle aux poupées dégingandées de l’automne-hiver 2008-2009. Enfin, la silhouette finale de cet show – une robe au tulle vaporeux et aux fleurs en soie – est un clin d’œil indiscutable. Baptisée “Rose mourante“, cette création semble directement inspirée d’une silhouette sablier imaginée par Alexander McQueen il y a presque vingt ans. Une pièce où fausses roses et fleurs fraîches s’unissaient, en métaphore du cycle de la vie et de sa fragilité.

    Poésie tragique, mélancolie rebelle, à l’instar d’Alexander McQueen, Hannah Rose Dalton et Steven Raj Bhaskaran mettent en lumière les oubliés et la beauté cachée du monde – celle qui dérange et parfois même effraie – faisant vaciller la mode, et avec elle sa suffisance.

    Tous les looks de la collection Matières Fécales printemps-été 2026