23 sept 2025

David Bowie : un musée et un livre ressuscitent la star

Un nouveau livre photo rassemble des images rares de la star anglaise David Bowie, captées par l’œil passionné du photographe français Philippe Auliac. Entre instants volés et portraits mythiques, l’ouvrage révèle un visage méconnu du Thin White Duke. Au même moment, un musée ouvre à Londres pour célébrer le chanteur. La preuve de l’influence éternelle de l’icône du rock.

  • par La rédaction.

  • Un livre de photos rares ressuscite David Bowie

    Un matin de 1976, la gare Victoria de Londres bruisse d’attente. Les voyageurs se figent quand une silhouette élancée apparaît sur le quai. L’homme porte un manteau sombre, le teint diaphane et les cheveux flamboyants. À ses côtés marche Iggy Pop, l’éternel chien fou de la musique et insolent compagnon de dérive.

    Derrière eux, un cliquetis discret : celui du Nikon que serre entre ses mains un jeune photographe français, Philippe Auliac. Originaire de Bécon-les-Bruyères, il s’est déjà frotté aux légendes, de Mick Jagger à Lou Reed en passant par Bob Dylan, Marianne Faithfull, Paul McCartney et Keith Richards. Mais ce jour-là, face à David Bowie, il se retrouve devant l’énigme ultime…

    Disponible le 1er octobre 2025, l’ouvrage Bowie, Hors cadre propose autre chose qu’un simple portfolio. C’est une traversée nous plongeant dans trois décennies d’obsession transformées en matière visuelle. Plus de cent cinquante photographies — pour la plupart inédites — révèlent David Bowie dans toute l’ambiguïté de ses métamorphoses : créature incandescente sur scène, spectre fragile en coulisses, silhouette désarmée dans l’interstice des instants volés. Derrière le masque du Thin White Duke ou de Ziggy Stardust, surgit un homme de chair : inquiet parfois, joueur souvent, toujours hanté par la nécessité de se réinventer.

    Un musée dédié à la star inauguré à Londres

    En plus de ce livre, l’héritage de David Bowie se matérialise dans un lieu pérenne. Le centre qui lui est dédié au Victoria and Albert Museum de Londres. Ouvert le 13 septembre 2025, il rassemble près de 90 000 pièces issues de ses archives personnelles, depuis les costumes de scène du Thin White Duke ou de Ziggy Stardust jusqu’aux manuscrits de chansons, lettres intimes et projets avortés.

    Certaines missives frappent par leur sincérité. Le refus d’Apple Records en 1968, ou les mots d’encouragement de son père face aux échecs de jeunesse. D’autres témoignent de son influence durable. Comme cette lettre de Lady Gaga où la pop star confesse avoir bâti toute sa carrière pour attirer l’attention de son idole. Au milieu de ces reliques surgissent aussi des clés. Celles de l’appartement berlinois partagé avec Iggy Pop, mais aussi celles qui menaient vers des univers inachevés, tel un projet d’adaptation de 1984.

    L’héritage de l’icône du rock, entre métamorphoses et révolutions

    La trajectoire de David Bowie se lit comme une succession de mues flamboyantes. Chaque album ajoutant une nouvelle strate à ce palimpseste sonore et visuel. De The Man Who Sold the World (1970) à Blackstar (2016), publié deux jours avant sa disparition, l’artiste n’a cessé de tracer des territoires inédits.

    Impossible de s’installer dans une seule forme. Avec Ziggy Stardust and the Spiders from Mars (1972), il grave dans le marbre du glam une figure extraterrestre et théâtrale ; avec Young Americans (1975), il surprend par un virage soul où le tube Fame devient une passerelle vers l’Amérique noire.

    Des albums cultes

    Low (1977), fruit de la trilogie berlinoise façonnée avec Brian Eno, reste un laboratoire sonore qui nourrira des générations d’artistes électroniques. Plus tard, Let’s Dance (1983), produit par Nile Rodgers, prouve qu’il pouvait conquérir les stades sans abdiquer sa singularité. Et Blackstar (2016), ultime offrande, apparaît comme une cérémonie d’adieu : une mise en scène consciente de sa propre mort.

    Mais David Bowie n’a jamais contenu son art dans le seul espace sonore. Il a bousculé l’esthétique visuelle, incarné des personnages comme on change de peau, transformé la scène en un théâtre total. Aux côtés de Tony Visconti, Mick Ronson ou Stevie Ray Vaughan, il a construit une constellation où musique, image et identité se reflètent. Ses chansons, miroirs brisés, renvoient des fragments d’époques. Et de cette fracture naît une figure intemporelle, à la fois insaisissable et universelle.

    Bowie, Hors cadre (2025) de Philippe Auliac (éditions HarperCollins), 304 pages, disponible le 1er octobre 2025.
    David Bowie Centre, V&A East Storehouse, Londres.