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À Osaka, Louis Vuitton célèbre ses liens avec le Japon dans une exposition exceptionnelle
À l’occasion de l’Exposition universelle d’Osaka 2025, Louis Vuitton investit le spectaculaire Nakanoshima Museum of Art avec Visionary Journeys, une exposition exceptionnelle célébrant les 170 années de la maison tout autant que son lien avec le Japon. A cette occasion, Numéro art s’est entretenu avec la curatrice de l’exposition, Florence Müller.
Par La rédaction.

À Osaka, Louis Vuitton célèbre ses liens avec le Japon
Véritable odyssée visuelle, l’exposition “Visionary Journeys” propose un parcours hors-du-commun en douze chapitres thématiques retraçant l’évolution de la maison, mettant aussi bien en lumière l’art du voyage, valeur chère à Louis Vuitton, que son savoir-faire. L’occasion de découvrir pas moins de 1000 objets dont plus de 200 spécifiques au Japon.
“Visionary Journeys” : une exposition riche de 1000 objets
Et c’est sans doute dans la salle “Louis Vuitton in Japan” que la fascination de la Maison pour l’esthétique et la culture nippones prend toute sa mesure. “Cette salle offre un large panorama des sources d’inspiration japonaises des créations Louis Vuitton”, précise Florence Müller. On y découvre, à travers un extrait de la collection de 800 tsubas de Gaston-Louis Vuitton, un nécessaire de toilette qui s’inspire de ces formes géométriques qui servaient autrefois de gardes de sabres. Une estampe d’Hokusai de 1833, représentant la Cascade de Kirifuri sur le Mont Kurokami, prêt exceptionnel du Musée Guimet, est présentée par ailleurs à côté d’un puzzle créé en 1933 pour Sacha Guitry avec la même célèbre estampe de cascade.
Une photo évoque aussi une vitrine créée par Gaston-Louis Vuitton pour le magasin des Champs Elysées en 1921, lors de la visite officielle de Hirohito, futur empereur du Japon. Cette vitrine grandeur nature sous la forme d’un jardin japonais évoquait l’une des estampes célèbres de la série du Mont-Fuji – une vitrine qui a connu un très vif succès auprès des promeneurs de l’avenue.” Preuve que le Japon n’est pas seulement une inspiration formelle, mais une passerelle culturelle que Louis Vuitton n’a cessé d’emprunter.


Une histoire d’amour de longue date
La relation entre la maison et le Japon remonte bien plus loin qu’on ne l’imagine. Le tout premier client japonais identifié par les archives est Sameshima Naonobu, ministre plénipotentiaire du Japon, venu à Paris en 1874 pour y acquérir des malles. “Dans l’exposition, ce tout premier client japonais est illustré pour la première fois par son portrait prêté par le Musée Komaba de Tokyo et sa mention dans le livre de comptes client”, explique Florence Müller. Plus encore, la fascination pour le Japon pourrait remonter à l’Exposition universelle de 1867, lorsque le pays tient pour la première fois un pavillon national. “La famille Vuitton devient proche des représentants du japonisme en France et commence alors à collectionner des œuvres d’art japonais”, poursuit-elle.

La toile Monogram, un premier hommage majeur
Parmi les objets emblématiques témoignant de cette connexion, la toile Monogram, créée en 1896 par Georges Vuitton, occupe une place centrale. Son origine pourrait être liée à l’univers graphique japonais. “Même si l’origine japonaise de ses motifs demeure une hypothèse telle que développée dans le livre Louis Vuitton – Japon, édité pour l’occasion”, note Florence Müller. Tout au long de l’exposition, de nombreux documents explorent ses potentielles origines stylistiques dont les motifs présents dans l’architecture médiévale européenne ou dans le mobilier et les objets conservés dans les collections de la famille.
Un magnifique coffre qui aurait appartenu au shogun Tokugawa prêté par le musée Guimet présente des similarités entre ses motifs de Mon (ou blason de famille) et les motifs de la toile Monogram. Georges Vuitton a très certainement vu ce coffre exposé à l’Exposition universelle de Paris en 1878, acheté par Emile Guimet puis exposé lors du lancement du musée en 1889.”


Autre rareté dans l’exposition, l’échantillon du dépôt de modèle de la toile Monogram, prêt des Archives de Paris, est présenté pour la première fois. Exposé avec sa boite d’origine et l’étiquette du dépôt à perpétuité, l’échantillon trône dans une vitrine au milieu d’une salle circulaire dessinée par le scénographe de l’exposition, l’architecte Shohei Shigematsu (OMA), entouré d’une multitude de sacs en toile Monogram d’époques différentes, tournant comme les planètes autour du soleil.
De Nicolas Ghesquière à Virgil Abloh, des créateurs passionnés par le Japon
Le parcours ne serait pas complet sans évoquer les créateurs et artistes qui ont incarné cette fascination plus récemment. Virgil Abloh et ses sacs inspirés des Koi-no Bori, Kim Jones et ses silhouettes empruntant au kimono, Nicolas Ghesquière et ses sacs lanternes ou robes aux allures de samouraï : chacun a su insuffler au vestiaire Louis Vuitton une part du Japon.

Takashi Murakami et Louis Vuitton : une collaboration historique
“De nombreuses pièces rappellent le goût chez Louis Vuitton pour l’évocation d’objets ou de cérémonies traditionnelles japonaises”, souligne Florence Müller. À cela s’ajoutent les collaborations cultes : Hiroshi Fujiwara, Kansaï Yamamoto, Comme des Garçons, Nigo, Takashi Murakami… C’est d’ailleurs avec Murakami que tout commence, en 2002. “La première collaboration avec un artiste japonais est celle lancée par Marc Jacobs avec Takashi Murakami. À l’époque, il s’agissait de réinterpréter la fameuse toile Monogram pour son 150e anniversaire”, raconte la commissaire. Murakami transforme alors les codes de la Maison à travers la Monogram Multicolore, le Monogramouflage ou encore le Monogram Cosmic Blossom.
Hommage vibrant, l’exposition “Visionary Journeys” forme ainsi une déclaration d’admiration d’une maison pour une culture avec laquelle elle dialogue depuis plus d’un siècle. Une façon pour Louis Vuitton de rappeler que l’art du voyage est aussi un art de la rencontre.
“Louis Vuitton : Visionary Journeys”, exposition jusqu’au 17 septembre 2025 au Nakanoshima Museum of Art, Osaka.
