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Kim Jones
Kim Jones naît à Londres en 1973, mais grandit en Afrique, en Amazonie, aux Caraïbes et au Népal, suivant les missions de son père hydrologue. Très jeune, il s’imprègne d’univers culturels variés, forgeant un regard curieux et décloisonné. Ces expériences nourrissent plus tard ses collections, entre tribalisme élégant et codes urbains.
Des débuts prometteurs
Il étudie la mode masculine à Central Saint Martins. Rapidement, son mémoire de fin d’études attire l’attention du milieu. En effet, ses créations audacieuses mêlent inspirations ethnographiques, coupes de rue et élégance britannique. Ainsi, en 2003, il lance son propre label. Ce lancement lui permet non seulement de faire ses armes, mais aussi de collaborer avec des marques comme Umbro, Topman ou Mulberry, élargissant dès le départ son spectre créatif.
Dunhill : tradition et audace
En 2008, il prend la tête de la création chez Dunhill. À partir de ce moment, il modernise cette maison anglaise avec finesse, injectant un souffle contemporain dans une tradition bien ancrée. Il marie, avec brio, coupes classiques et détails novateurs. Sa vision convainc. Il est ainsi nommé « Designer de l’année » à plusieurs reprises. Cependant, dès 2011, il quitte la maison, déjà convoité ailleurs pour sa capacité à allier héritage et modernité.
Louis Vuitton : l’ère du street-luxe
Il rejoint Louis Vuitton en 2011 pour diriger la mode masculine. Dès lors, il réinvente le vestiaire du voyageur, tout en s’ancrant profondément dans la culture urbaine. En 2017, sa collaboration avec Supreme provoque un véritable séisme stylistique. Ce moment-clé marque l’entrée officielle du streetwear dans le lexique du luxe. Kim Jones signe ici une bascule culturelle majeure, prouvant que la rue peut s’allier aux salons sans perdre son authenticité.
Un esprit transversal
Toujours en mouvement, il ne se limite jamais à un seul langage esthétique. Il aime mêler tailoring, art contemporain, skate culture et influences globales. De plus, il travaille régulièrement avec des artistes, des musiciens ou encore des performers. Sa vision du luxe se veut inclusive, fluide et résolument transversale. Selon lui, un défilé peut avoir autant de portée qu’un manifeste visuel ou qu’une installation artistique.
Dior Men : une vision couture du masculin
En mars 2018, il prend les rênes de Dior Men. Très vite, il transforme la ligne. En effet, il introduit la couture dans le vestiaire masculin, conservant raffinement et précision, tout en ouvrant de nouveaux horizons. Il y intègre des sneakers, des broderies, des effets artistiques, voire des sculptures vivantes sur podium. Ainsi, chaque collection devient un événement. Il revisite Dior avec respect mais sans nostalgie, créant un dialogue riche entre passé et présent.
Fendi : le défi féminin
En parallèle, en 2020, il rejoint Fendi pour diriger les collections féminines. Il succède à Karl Lagerfeld, figure emblématique. Il relève ce défi avec humilité et ambition. En s’appuyant sur l’héritage romain, il insuffle une énergie nouvelle. Ses silhouettes conjuguent féminité et rigueur, opulence et simplicité. Ainsi, il réinvente subtilement les codes de la maison, sans jamais les trahir.
Une décennie de métamorphose
Entre 2011 et 2024, Kim Jones transforme profondément l’industrie du luxe. Il impose une lecture contemporaine, ose les hybridations, traverse les genres. À travers ses propositions, il introduit durablement la street culture dans les hautes sphères sans jamais céder à la facilité. Il crée une signature identifiable : souplesse, précision, et narration silencieuse.
L’année charnière : 2025
En 2024, il quitte Fendi, souhaitant se recentrer. Quelques mois plus tard, en 2025, il annonce également son départ de Dior Men. Bien que prévisible, cette décision provoque une onde de choc. Son dernier défilé, en janvier, est un manifeste d’épure : décor minimaliste, coupes parfaites, palette sobre. Il rend hommage aux ateliers et clôt un cycle majeur.
Une liberté retrouvée
Désormais libre, il ouvre un nouveau chapitre. Il n’a pas encore annoncé sa future maison. Néanmoins, les rumeurs évoquent soit un retour à son label éponyme, soit un projet pluridisciplinaire. Il souhaite expérimenter d’autres formats, renouer avec l’instinct, et prendre son temps. Ce départ, loin d’être un retrait, est une mue.
Une esthétique en mouvement
Kim Jones n’a jamais figé son style. Au contraire, il privilégie les glissements, les tensions fertiles, les croisements inattendus. Pour lui, la mode est un miroir du monde. Il croit à l’élégance fluide, aux récits personnels, à la mémoire textile. Il suggère davantage qu’il n’impose, et observe avant de créer.
Un créateur collaboratif
Collaboratif par essence, il dialogue avec des plasticiens, des écrivains, des graphistes. Il pense que le luxe de demain se construit à plusieurs. Il valorise autant les jeunes voix que les anciens maîtres, créant une mode cultivée et accessible. Ce goût du partage se ressent dans chacune de ses collections.
Un héritage déjà solide
Chez Dior, il réconcilie la maison avec le public masculin. Il y introduit la transparence, les broderies, les perles. Chez Louis Vuitton, il insuffle une nouvelle langue. Chez Fendi, il honore la féminité sans clichés. En somme, il traverse les maisons en laissant des empreintes délicates mais fondamentales.
Ce que l’avenir lui réserve
Nul ne doute qu’il reviendra. Cependant, sous quelle forme ? Ligne unisexe ? Studio créatif ? Projet éditorial ? Tout est possible. Ce départ est avant tout un passage. Comme toujours, il saura surprendre, car il ne cesse de se réinventer.
Le luxe, réécrit
Kim Jones fait partie de cette génération rare qui, non seulement, transforme les institutions de l’intérieur, mais les transcende. Tandis qu’il observe le monde, il imagine, en parallèle, un vestiaire qui raconte. Ainsi, en quittant Dior en 2025, il ne ferme pas une porte : au contraire, il en ouvre cent autres. Par conséquent, il laisse une empreinte indélébile, discrète mais puissante. Sa manière d’habiter le vêtement, sans jamais verser dans l’ostentation, continue d’inspirer. Avec constance, il privilégie la précision, cultive la liberté, et approfondit une vision personnelle.
Ce qu’il propose n’est donc pas une mode criarde, mais bien une narration textile subtile. En effet, chaque silhouette raconte un fragment d’époque, une émotion filtrée par le prisme de l’élégance. Plutôt que de suivre les tendances, il les devance ou les contourne, avec ce flair silencieux qui caractérise les créateurs les plus authentiques. Ainsi, en réconciliant l’artisanat et la rue, l’héritage et le futur, Kim Jones redéfinit avec justesse le périmètre du luxe contemporain.
Dès lors, il incarne une forme d’intelligence sensible, précieuse dans un milieu souvent saturé d’effets de style. Bien qu’il reste en retrait du bruit médiatique, il cultive un langage visuel qui parle à tous. Il ne recherche pas l’effet spectaculaire, mais plutôt la justesse d’une coupe, le frisson d’un détail, ou encore la mémoire enfouie d’un tissu. Ainsi, il façonne une mode durable, plus mentale que marchande, plus sincère que stratégique. Finalement, il appartient déjà à l’histoire contemporaine du vêtement, tout en continuant d’en écrire, avec délicatesse, les pages suivantes.