Où dormir à Minorque ? Dans la nature éclatante du Son Ermità

texte et photos par Éric Dahan.

Le Son Ermità, un hôtel au cœur des criques de Minorque

Il n’aura pas fallu trois ans à Victor Madera, un médecin d’Oviedo qui a fait fortune en créant des établissements de santé, pour imposer Vestige Collection : un ambitieux programme de restauration du patrimoine architectural espagnol ainsi qu’une jeune marque de villas de location et d’hôtels qui s’imposent déjà comme les plus beaux de Minorque. Après le Palacio de Figueras, dans la principauté des Asturies, puis la villa Santa Anna et l’hôtel Son Vell, à Minorque, la famille Madera vient de livrer deux nouveaux hôtels voisins.

Le premier, Son Ermità, a ouvert mi-juin et trône au sommet d’une colline environnée de montagnes et de criques accessibles d’une beauté époustouflante. Dans la Vestige Collection, c’est un peu l’anti Son Vell, qui relève de l’architecture du monument, avec sa villa de style palladien, ses fontaines et ses jardins Renaissance, quand le Son Ermità, qui offre différents points de vue sur la nature, participe plutôt de l’architecture du belvédère.

Baptisé Binidufà, le second établissement, qui devrait accueillir ses premiers clients dans le courant du mois d’août, est niché dans la vallée et bordé par une splendide forêt où l’on peut pique-niquer ou se promener en amoureux, sans craindre de croiser qui que ce soit.

Un havre de paix au milieu de paysages naturels

L’emplacement. Le Son Ermità est situé au nord de l’île de Minorque, au cœur d’un domaine privé de 800 hectares, soit à un peu plus de 30 minutes de l’aéroport international de la perle des Baléares. La route pour y accéder plonge d’emblée au cœur de la nature la plus sauvage, l’île de Minorque ayant adopté, il y a plusieurs décennies déjà, l’interdiction de construire sur plus de 70% de son territoire. Bien qu’isolé, l’hôtel n’est qu’à une vingtaine de minutes de voiture de Ciutadella, pittoresque ville portuaire, ainsi que des plages de Cavalleria et Cala del Pilar, et à une trentaine de minutes de leurs rivales du sud : les fameuses Cala Turqueta et Cala Macarella.

La suite. Les onze chambres et suites aménagées, avec le concours d’artisans et d’artistes locaux, dans cette ancienne ferme agricole, font du Son Ermità un rêve de boutique-hotel. Victor Madera étant un Aman junky revendiqué, il a mis la barre très haut en matière de prestations : matelas et oreillers d’un confort inouï ; parure de lit satinée et brodée ; douche à l’italienne en zellige bleu nuit, comme à l’Amanpuri de Phuket ; baignoire ancienne ; lavabos maçonnés ; et, enfin, produits de soin de la marque Rowse fleurant un mélange envoûtant de citronnelle, bergamote, romarin et patchouli. Bref, une leçon de chic rustique avec tout le confort moderne, du coffre-fort à la machine à expresso en passant par le téléviseur à écran plat et la climatisation géothermique !

À la carte, concoctions locales et plats enchanteurs

Le bar. Attenant au restaurant et à la piscine, le bar propose des cocktails rafraichissants comme le Pomada, sorte de Gin Gimlet pétillant qui met en vedette le gin Xoriguer distillé à Port Mahon, la capitale de l’île. Mais les barmen et barmaids, plus sympathiques et serviables les uns que les autres, savent se mettre en quatre quand vous réclamez un daïquiri pastèque qui n’est pas à la carte, comme en témoigne cette photo.

Le restaurant. L’hôtel venant d’ouvrir, la carte du dénommé Brisà est encore en rodage mais on a adoré les œufs Benedicte au saumon et à l’avocat au petit déjeuner — encore un caprice, hors-menu­, de votre serviteur —, les viennoiseries et pâtisseries maison, la Niçoise revisitée au bord de la piscine avec un rosé du cru et, surtout, la salade de courge rôtie, roquette, oranges et burrata le soir, que l’on a fait suivre d’un pavé de thon grillé, honorable, ainsi que d’un dessert, pour le coup mémorable, à base de chocolat, pralines et noisettes caramélisées, servi dans une verrine.

Une salle de sport avec vue sur les flots

La salle de sport. Des poids libres en quantité, quelques machines et tapis de course, mais surtout une immense baie vitrée avec vue sur les flots bleus de la Cala Moragues en contrebas : pour se motiver à soulever de la fonte, on ne fait guère mieux !

Le spa. Il n’y en a pas mais l’on peut réserver une leçon de yoga ou un massage dans une pièce dédiée.

La piscine. « Irrésistible et délicieuse », comme le solitaire à 850 euros de Mauboussin ; infinie et à débordement ; à pratiquer à toute heure : avant la plage, après la plage, au lever comme au coucher du soleil, sur chaise ou transat, mais toujours au son des criquets, cela va sans dire.

Un domaine privé à quelques pas des rivages de Minorque

La plage. De toutes les plages proches de l’hôtel, que l’on dirait privées si la loi n’autorisait pas quiconque le désire à s’y baigner, notre favorite reste la Cala En Calderer qui donne l’impression que le David Bowie de l’Homme qui venait d’ailleurs va surgir, d’un moment à l’autre, en duffle-coat. On recommande d’éviter les escarpins Louboutin et de prévoir des sneakers pour ne pas se tuer sur le chemin, plutôt raide, en attendant l’arrivée imminente des buggies commandés par l’hôtel, qui permettront aux moins aventureux d’aller également y piquer une tête. La meilleure option restant de réserver le yacht de l’hôtel pour enchaîner criques et plongées en toute fluidité.

On adore. L’immensité du domaine privé, qui rappelle feue la Gazelle d’Or de Taroundant, au Maroc ; les oliviers, les pins parasols, les amandiers, les caroubiers, et les criques désertes ; le tout sans musique de fond inepte ! Mais aussi les petits pains du restaurant Brisà, cuits à la commande, à tremper dans l’huile d’olive produite sur place et, enfin, la disponibilité du directeur Simão Damasceno, toujours souriant et d’une infinie délicatesse. 

On déteste. Rien.

Son Ermità, Diseminado Son Ermita, 1007750, Balearic Islands, Espagne.