
3
Jacob Elordi
De Noah Flynn à Nate Jacobs, d’Elvis à Frankenstein, Jacob Elordi incarne une nouvelle génération d’acteurs où la beauté n’est jamais déconnectée de la complexité. À 27 ans, l’Australien impose une trajectoire singulière, mêlant intensité dramatique et élégance moderne, entre cinéma grand public et d’auteur.
Publié le 3 juin 2025. Modifié le 9 juillet 2025.

Un acteur australien au parcours fulgurant
Né le 26 juin 1997 à Brisbane, Jacob Elordi découvre le théâtre à 12 ans, inspiré par Heath Ledger. Après quelques petits rôles, notamment une figuration dans Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar (2017), il se fait connaître grâce à The Kissing Booth (2018), où il campe Noah Flynn, séduisant bad boy qui lui offre une popularité fulgurante auprès de la génération Z.
Mais c’est en 2019 que le virage s’opère : Euphoria l’éloigne de l’image de l’idole adolescente. Avec Nate Jacobs, personnage aussi charismatique qu’instable, Elordi dévoile une palette d’émotions plus complexe. Ce rôle, acclamé par la critique, lui vaut une nomination aux AACTA Awards et assoit sa crédibilité d’acteur.
Des choix audacieux pour une filmographie en mouvement

En 2023, il surprend en endossant le rôle d’Elvis Presley dans Priscilla de Sofia Coppola. Loin du clinquant et des clichés, il livre un portrait nuancé et mélancolique de la légende du rock, centré sur sa relation ambivalente avec Priscilla. Présenté à la Mostra de Venise, le film divise, mais Elordi, lui, séduit par sa retenue et sa densité.
Saltburn : le mystère aristocratique
Jacob Elordi, entre intensité dramatique et icône mouvante
En 2023, Jacob Elordi entre dans une nouvelle ère. Dans Saltburn, réalisé par Emerald Fennell, il incarne Felix Catton, jeune aristocrate aussi magnétique qu’opaque. Charismatique et désinvolte, son personnage oscille entre candeur et cruauté. Bien que parfois silencieux à l’écran, Elordi parvient à imposer une tension constante. Par ailleurs, sa performance subtile lui vaut une nomination au BAFTA du meilleur second rôle. Grâce à cette incarnation troublante, il confirme sa capacité à brouiller les repères. Son regard, à la fois absent et accusateur, capte l’ambiguïté des désirs. Dès lors, l’acteur devient incontournable dans les rôles où l’élégance masque l’inquiétude.
Frankenstein : une figure tragique et sensorielle
À l’automne 2025, Jacob Elordi se réinvente dans un univers radicalement différent. Sous la direction de Guillermo del Toro, il incarne la créature de Frankenstein, dans une relecture poétique du mythe de Mary Shelley. Ce choix audacieux marque un tournant. Là où beaucoup auraient évité la comparaison avec les figures classiques, lui s’y jette à corps perdu. D’ailleurs, il succède à Andrew Garfield, initialement pressenti pour le rôle. Or, loin de copier, il redéfinit. La créature qu’il propose ne se limite pas à la monstruosité. Elle souffre, doute, cherche à comprendre. À travers cette incarnation à la fois violente et fragile, Elordi donne chair à une humanité en lambeaux. Ainsi, il parvient à faire coexister le mythe et l’intime, l’effroi et l’empathie.
Une esthétique qui défie les normes
Jacob Elordi ne fascine pas uniquement par son jeu. Il impressionne également par son allure. Lors de la Mostra de Venise 2023, vêtu d’un costume souple signé Zegna, accessoirisé d’un sac oversize Louis Vuitton, il réinvente le glamour masculin. En revendiquant une silhouette longiligne et des choix vestimentaires audacieux, il refuse les codes virils imposés. De plus, son rôle d’ambassadeur pour Bottega Veneta renforce cette posture de dandy contemporain, entre minimalisme graphique et sensualité assumée. Il ne cherche pas à séduire par la force. Au contraire, il désarme par le style.
Dernièrement, son apparition au Festival de Marrakech, barbe épaisse et coiffure rétro, a suscité autant de commentaires que de fascination. Certains y ont vu un clin d’œil vintage. D’autres, une métamorphose pour un futur rôle. Quoi qu’il en soit, il continue de surprendre. À chaque apparition, il détourne les attentes. C’est précisément cette ambiguïté maîtrisée qui fait de lui une figure de mode insaisissable. Il devient ainsi une projection mouvante du masculin : ni figé, ni calculé, mais librement incarné.
Des choix artistiques marqués par la prise de risque
Pour autant, Jacob Elordi ne se contente pas de paraître. Il agit avec précision. Chacun de ses projets semble répondre à une logique d’exploration. En 2026, il est attendu dans Wuthering Heights, adaptation du roman d’Emily Brontë, aux côtés de Margot Robbie. Il y incarnera Heathcliff, figure romantique sombre et tourmentée. Ce rôle, éminemment littéraire, s’inscrit dans une volonté de creuser les obsessions humaines. De surcroît, sa participation à The Dog Stars, film de science-fiction dirigé par Ridley Scott, atteste de son envie de conjuguer grand spectacle et narration exigeante.
Plutôt que de capitaliser sur sa célébrité, Elordi privilégie la métamorphose. Il pourrait rester dans le registre adolescent, glamour et commercial. Pourtant, il choisit l’inattendu. Il incarne des êtres tiraillés, beaux mais en crise, séduisants mais en marge. En cela, il s’inscrit dans une lignée d’acteurs modernes, à l’instar de Timothée Chalamet ou Barry Keoghan, qui brouillent les pistes du héros traditionnel.
Une figure contemporaine, affranchie et réfléchie
Au fil des années, Jacob Elordi construit une œuvre personnelle. Il compose une galerie de personnages complexes, souvent solitaires, toujours troublants. Sa trajectoire révèle une intelligence artistique rare. Elle montre qu’il est possible de conjuguer succès public et profondeur de jeu. D’un film à l’autre, il déjoue les cases, tout en cultivant une élégance singulière.
Enfin, sa manière de penser son image, de collaborer avec les créateurs, de refuser la simplification, confirme qu’il est bien plus qu’un phénomène générationnel. Jacob Elordi incarne une génération qui refuse le formatage. En cela, il ouvre la voie à un cinéma plus fluide, plus sensuel, plus libre.