27 sept 2023

Louis Vuitton auréole l’artiste Giuseppe Penone pour son entrée à l’Académie

Invité en mai 2022 à rejoindre les bancs de l’Académie des Beaux-arts, le plasticien italien et père de l’arte povera Giuseppe Penone y fera officiellement son entrée le 18 octobre prochain, vêtu d’un costume créé sur mesure par la maison Louis Vuitton.

Le costume d’académicien de Giuseppe Penone par Louis Vuitton : un trésor d’artisanat

 

Chemise, veston et cravate blancs, veste à queue de pie et pantalons bleu nuit ornés de broderies vertes à l’image de rameaux d’oliviers : le vêtement d’académicien est aujourd’hui reconnaissable entre mille. Créé à l’orée du 19e siècle pour draper les membres de l’Académie des Beaux-arts, la tenue sera à nouveau arborée le 18 octobre prochain au Palais de l’Institut de France par l’artiste italien Giuseppe Penone, qui fera alors son entrée dans la prestigieuse institution française.  À cette occasion, toutefois, les éléments caractéristiques de cet uniforme se transformeront dans une création sur mesure de Louis Vuitton. Pour le grand ponte de l’arte povera né en 1947, la maison française a en effet imaginé un costume qui célèbre l’importance primordiale de la nature dans son œuvre autant que les précieux savoir-faire qui font la fierté des ateliers français.

 

Cinq cents heures de travail auront été nécessaires à la réalisation de cette pièce unique à la main, précédées d’une centaine d’heures dédiées à sa conception. Pour un tel projet, l’enjeu était avant tout de respecter les codes stricts et séculaires de l’uniforme d’académicien sans les profaner, tout en sublimant cet habit classique par l’ajout habile de détails d’une grande finesse. Le principal terrain d’action de la maison a donc logiquement été le motif. Pendant des semaines, le studio de prêt-à-porter homme de Louis Vuitton a développé une nouvelle broderie riche d’une plus grande variété de couleurs qu’à l’accoutumée, grâce à l’utilisation de six fils de couleurs différentes s’étendant du vert au doré pour générer des rameaux d’olivier d’une plus grande profondeur. Toujours dans l’optique de mettre en avant l’artisanat français, Louis Vuitton a également fait appel à la société Blanchard, grand fabricant de fil technique, qui a créé spécialement pour le costume un fil métallique intégré à la broderie, faisant briller d’or ces motifs végétaux foisonnants.

Là où dans l’uniforme classique, les rameaux d’olivier restent proches des extrémités de la veste et forment sur tout leur long des bandes régulières, la maison a imaginé une broderie arborescente qui, à l’image de l’olivier, se déploie de la base du vêtement jusqu’à son col. Les manches comme le milieu dos de la veste suivent également cette croissance organique, où le volume des feuilles s’affine vers le haut. Une manière élégante de rehausser la sobriété du noir et du blanc de l’ensemble : le pantalon tuxedo, plus discret, révèle aussi sur ses coutures latérales la présence d’olives et de feuilles, qui monte du pied jusqu’à la taille.

 

Giuseppe Penone : une figure majeure de l’art contemporain, père de l’arte povera

 

En rejoignant le fauteuil VI de l’Académie aux côtés de ses homologues Georg Baselitz et William Kentridge, de l’architecte Norman Foster et du cinéaste Woody Allen, Giuseppe Penone confirme son ancrage dans l’histoire de l’art internationale autant que le rayonnement de l’arte povera. Du bois aux pierres en passant par les feuilles d’eucalyptus, la terre cuite ou la résine, l’artiste emploie depuis les années 60 des matériaux naturels – considérés jadis comme non nobles – pour matérialiser sa vision holistique d’un monde où nature et humains ne font qu’un, démarche qui donnera ses caractéristiques au mouvement italien théorisé par le critique d’art Germano Celant en 1967. “Mon travail était la conséquence logique d’une pensée qui rejetait la société de consommation et qui recherchait les relations d’affinité avec la matière”, confiait il y a quelques années le plasticien à Numéro art. Exprimant des idées aussi essentielles que la sensation de la peau sur un arbre ou le souffle vital, les sculptures de Giuseppe Penone ont pu au fil des six décennies être aperçues dans les jardins du château de Versailles ou dans l’enceinte du Palais d’Iéna, à la Whitechapel Gallery de Londres comme à la galerie des Offices de Florence, ou plus récemment au Couvent de la Tourette et à la Galleria Borghese. La veille de sa cérémonie d’investiture à l’Académie, l’artiste de 76 ans inaugurera une nouvelle exposition personnelle à la galerie Gagosian, à Paris. L’occasion d’y découvrir une série de dessins inédits, inspirés par la rencontre entre la lumière et les couleurs dans l’architecture de Le Corbusier.