16 oct 2024

Art Basel Paris 2024 : zoom sur la galerie Sultana

Du 18 au 20 octobre, le Grand Palais accueille la troisième édition de la foire d’art contemporain Art Basel Paris. Parmi les 195 galeries participantes, focus sur la galerie Sultana, fervente défenseure de la création émergente à Paris, qui présente notamment sur son stand des œuvres des artistes Matthias Garcia, Benoît Piéron et P. Staff.

Texte par Matthieu Jacquet.

Portrait par Blommers & Schumm.

Guillaume Sultana de la galerie Sultana photographié par Blommers & Schumm pour Numéro art. - Art Basel Paris
Guillaume Sultana de la galerie Sultana porte une chemise en coton, Balenciaga. Photo : Blommers & Schumm pour Numéro art. Stylisme : Emmanuelle Ramos. Coiffure : Marion Anée chez Call My Agent. Mise en beauté : Khela chez Call My Agent. Set design et retouche : Anuschka Blommers & Niels Schumm. Assistantes réalisation : Lola Maqueda, Asalah Benatia et Galatée Stroh. Merci à Luc Jossinet.

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La galerie Sultana à Art Basel Paris

Même si Guillaume Sultana ouvre sa galerie en 2010 dans le Marais, ce n’est pas le “quartier des galeries à Paris” qui garantira son succès. D’ailleurs, au bout de quatre ans, il le quitte pour aller s’installer à Belleville, dans l’Est parisien alors en pleine effervescence artistique.

Dans ce nouvel espace de 65 m2, les visiteurs se déplacent alors pour venir voir les œuvres de Bettina Samson, de Jacin Giordano ou encore du grand photographe suisse Walter Pfeiffer. Mais l’implantation de la galerie est aussi stratégique : grâce à un loyer raisonnable, Sultana peut miser très tôt sur les foires à l’étranger. Son entrée à Frieze London, dès 2014, est à ce titre déterminante : “Nous avons commencé à être visibles sur la scène internationale avant de passer par les grosses foires parisiennes”, explique son fondateur, qui a également participé à l’Armory Show à New York, à l’Arco à Madrid ou encore à Liste à Bâle. “Ce qui aurait pu être un désavantage a été très important pour nous faire connaître.

Les questions d’identités politiques et des corps d’aujourd’hui sont devenues récurrentes dans notre programme. Nos artistes sont très engagés sur les scènes queer, sur des sujets sociétaux, environnementaux, mais aussi liés au soin.

Guillaume Sultana

Parallèlement, à Paris, la galerie sort du lot grâce à son soutien affirmé à la jeune scène artistique. C’est chez elle que le public français découvre les installations poétiques de Paul Maheke, les peintures miniatures de Jean Claracq, les vidéos énigmatiques de P. Staff. Le premier vient de remporter le prix Pernod Ricard; le second, très apprécié des institutions françaises, a signé l’affiche officielle de Roland-Garros en 2021. Sans oublier les jeunes quadragénaires Jesse Darling, lauréat du Turner Prize en 2023, et Benoît Piéron, repéré par la Collection Pinault. Dans une époque où le marché émergent a le vent en poupe, il n’y a pas de doute, Guillaume Sultana a le nez fin.

Peu à peu, l’ADN de la galerie se spécifie. “Les questions d’identités politiques et des corps d’aujourd’hui sont devenues récurrentes dans notre programme. Nos artistes sont très engagés sur les scènes queer, sur des sujets sociétaux, environnementaux, mais aussi liés au soin. Cela correspond à des causes qui me sont chères.” Une vision enrichie par l’arrivée de nouveaux artistes très jeunes tels que Matthias Garcia, connu pour ses toiles fantasmagoriques peuplées de personnages hybrides, et Nanténé Traoré, pour ses clichés intimistes sur la communauté trans.

Matthias Garcia, Toi qui me gardes ou me regardes (J’irais te voir en toutes directions) [2024]. Huile et acrylique sur toile, 265 x 180 cm. Art Basel Paris
Matthias Garcia, Toi qui me gardes ou me regardes (J’irais te voir en toutes directions) [2024]. Huile et acrylique sur toile, 265 x 180 cm.

Fort de son expérience auprès du grand galeriste français Yvon Lambert à la Collection Lambert d’Avignon, Guillaume Sultana s’inspire de son approche “généreuse, accueillante, presque familiale” avec les artistes. “La galerie était pour moi la seule façon de travailler au plus près d’eux, de réaliser avec eux des choses très concrètes. Il faut tout savoir prendre en charge : réaliser un portfolio, une exposition, produire des œuvres, aider à organiser un atelier…

Art Basel Paris, du 18 au 20 octobre 2024 au Grand Palais, Paris 8e.

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