Pour le défilé Burberry, l’artiste Gary Hume envahit le National Theatre de Londres
Lors de la Fashion Week de Londres, Burberry a présenté un défilé printemps-été 2025 revisitant les grands classiques de la maison dans un décor réalisé par l’artiste Gary Hume.
Par Delphine Roche.
Un défilé Burberry printemps-été 2025 aux couleurs de la maison
Au National Theatre, le défilé printemps-été 2025 de Burberry proposait un nouveau chapitre de l’histoire d’amour qui unit Daniel Lee à la quintessence de l’esprit britannique. La part belle était donnée aux classiques, au trench, au tartan, avec une légèreté tout estivale : la garde-robe décline ces classiques sous formes de robes, de vestes et de tops en popeline de soie et en lin.
La palette, comme délavée par les éléments (l’alternance de pluie et de soleil typique du printemps anglais), associait les beiges, gris et bruns en camaïeu, aux verts et lilas doux, réveillés par des touches de jaune safran. Un travail de patine était mis en œuvre sur les tissus pour donner cette impression d’usure naturelle, tandis que la gabardine des capes et des parkas était enduite d’un revêtement protecteur.
Le vestiaire utilitaire et militaire, à l’origine du trench-coat de Burberry, dialogue dans cette collection avec de grandes jupes plissées, des robes drapées ou à paillettes métalliques. Le romantisme de blouses à jabot revisitées, s’acoquine aux pantalons cargo, et la silhouette professe la playfulness et la légèreté de celui ou celle qui connaît sur le bout des doigts ses codes et ses classiques, et peut se permettre de les réinterpréter sans les trahir.
L’artiste Gary Hume à l’origine des décors du défilé Burberry
Pour l’occasion, le National Theatre était habillé d’une installation de l’artiste Gary Hume : de grandes bâches vertes à découpes géométriques rythmaient la salle. L’ex Young British Artist a en effet collaboré avec la maison pour ce set design exceptionnel. Dans les années 90, ce dernier se distingue des propositions de ses complices (Damien Hirst, Tracy Emin…), souvent très subversives, en mettant en œuvre une transgression plus mesurée : il adopte la peinture industrielle, et s’inspire du design fonctionnel des portes d’hôpitaux anglais, dont il reproduit les proportions exactes dans ses Door Paintings de la fin des années 80. Plus tard, il abandonnera la référence au modernisme et à la géométrie, comme le prouve son exposition actuelle à la galerie Sprüth Magers de Londres, Mirrors and Other Creatures, consacrée à ses œuvres récentes inspirées de son rapport à la nature.
L’installation de Gary Hume dans l’espace du National Theatre s’inspirait de Bays, une œuvre exposée pour la première fois à Londres en 1989, prenant la forme de vastes bâches imperméables de couleur vert médical, présentant des découpes rectangulaires. “Je ne sais même pas comment Daniel Lee a connu cette œuvre, commente l’artiste. Cette pièce n’a pas été exposée depuis cette époque. Il m’a contacté, enthousiaste, pour me proposer de faire une installation pour son défilé. Pour moi qui travaille toujours de façon solitaire, c’était très exaltant d’avoir ce dialogue créatif avec Daniel. Et je trouve que cette vieille œuvre fonctionne très bien dans ce vaste espace brutaliste, je suis très heureux du résultat.”
“Si la nature m’intéresse, c’est pour son insoutenable beauté, et son acceptation de la mort. Surtout, elle me fournit des formes.”
Gary Hume.
Alors que cette année marque le 25e anniversaire de la Biennale de Venise où Gary Hume représenta la Grande Bretagne, l’artiste se voit consacrer plusieurs expositions simultanées à Londres. Alors que ses œuvres récentes inspirées de la nature, sont exposées à la galerie Sprüth Magers, la galerie Hazlitt Holland-Hibbert propose This way / That Way – Gary Hume. Paintings from the 90s.
Au sujet du lien entre ces expositions, figurant des périodes de son travail radicalement éloignées tant du point de vue temporel, que par leurs thèmes, l’artiste conclut : “Ma génération d’artistes est probablement la première qui ait refusé radicalement de croire qu’il importait de faire de l’art figuratif ou abstrait. A l’époque du modernisme, les artistes s’écharpaient à ce sujet, et c’est un non-sens. Les récits ne m’intéressent pas. Si la nature m’intéresse, c’est pour son insoutenable beauté, et son acceptation de la mort. Surtout, elle me fournit des formes. C’est donc la vie, la mort et des formes.”