Que vaut Archive 81, la série mêlant épouvante et science-fiction qui cartonne sur Netflix ?
Depuis le 14 janvier, la nouvelle série Netflix Archive 81 trône à la première place des programmes les plus vus sur la plateforme de streaming. Complexe, très esthétique et énigmatique, ce show qui mêle épouvante et science-fiction se veut des plus ambitieux, s’inspirant à la fois de l’atmosphère de Stranger Things, de Rosemary’s Baby et du Projet Blair Witch. Mais arrive-t-il au niveau de ces œuvres cultes ?
Par Violaine Schütz.
Dans le catalogue des programmes Netflix du moment, qui regorge de séries adolescentes, de comédies romantiques et de thrillers faussement sulfureux, Archive 81 détonne. Il y a d’abord l’intrigue, complexe. On suit deux personnages à fois, et ce, dans deux espaces-temps différents séparés par presque trois décennies. D’un côté évolue à notre époque Dan (Mamoudou Athie vu dans Black Box), archiviste qui travaille dans un musée du cinéma et restaure de vieux supports d’enregistrement. Repéré pour sa minutie par une mystérieuse société, il se voit proposer une mission très bien rémunérée. Il s’agit de remettre en état, dans un lieu isolé, des cassettes de caméscope qui ont été retrouvées après l’incendie d’un immeuble new-yorkais étrange appelé le Visser.
C’est là qu’entre en scène Melody (Dina Shihabi, aperçue dans Altered Carbon), une jeune thésarde et documentariste qu’on aperçoit dans les vidéos restaurées par Dan. Cette dernière se filme dans les années 1990 en train d’enquêter sur les habitants du mystérieux building. En même temps qu’elle recherche sa mère, qui l’a abandonnée, elle découvre les secrets effrayants de l’immeuble auquel elle s’intéresse. Pendant que Dan visionne les cassettes de Melody, les deux espaces-temps vont se brouiller lors d’énigmatiques voyages dans le temps. Le jeune homme découvre bientôt que la fille qu’il regarde sur les bandes et qui l’obsède a été portée disparue après l’incendie et va tenter de la retrouver à l’époque actuelle et de l’aider.
Il faudra rester très concentré pour suivre les deux intrigues, d’autant plus que la série de huit épisodes contient quelques lenteurs, incohérences et clichés, comme le personnage du meilleur ami de Dan, un geek savant toujours là pour aider le héros. Mais la nouvelle série de Netflix, qui trône en tête du top 10 de la plateforme de streaming depuis presque semaine, recèle assez de qualités pour happer le spectateur malgré ses défauts. Inspirée par un podcast américain à succès, Archive 81 est portée par deux acteurs principaux talentueux et émouvants, encore peu vus jusqu’ici, ainsi que par un glaçant Martin Donovan (l’interprète fétiche du réalisateur indépendant culte Hal Hartley). La bande-son hypnotique et les plans léchés de la série contribuent également à lui conférer une beauté inquiétante.
On pense souvent à Rosemary’s Baby (1968) pour le bâtiment étouffant, au terrifiant Projet Blair Witch (1999) pour la mise en scène de « found footage » (films basés sur des bandes retrouvées) et à Stranger Things pour les couleurs filtrées et le grain vintage. Ce qui n’est pas un hasard car ce thriller d’horreur et de science-fiction coproduit par James Wan (Saw, Conjuring, Aquaman) a été réalisé par Rebecca Thomas, qui a déjà travaillé sur un épisode de Stranger Things. Au final, cette série addictive et habile qui s’attaque à plusieurs sujets fascinants comme les sectes, le conspirationnisme, satanisme, le surnaturel, la sorcellerie ou encore la religion, réussit à tenir le spectateur en haleine jusqu’au bout. Et ce, sans sombrer dans l’écueil du racoleur. Une vraie prouesse.
Archive 81 (2022) créée par Rebecca Sonnenshine, disponible sur Netflix.