26 mar 2021

Que vaut « À tous les bâtards », le nouvel album d’Eddy de Pretto ?

Après un teasing remarquable fait de deux singles et d’un podcast où l’artiste dévoile les secrets de fabrication de son deuxième album, “A tous les bâtards” est sorti ce vendredi 26 mars, et offre un recueil inclassable de chansons autobiographiques et engagées, fidèles à son auteur. 

Cover de l’album « A tous les bâtards » (2021) d’Eddy de Pretto

Depuis quelques années, lorsque l’on pose la question “Tu écoutes quoi comme musique ?”, une réponse surgit toujours, presque unanime : “Un peu de tout”. Si les baby-boomers avaient chacun leur genre musical de prédilection et débattaient ardemment sur qui du disco, du rock ou (pour les plus jeunes) du rap était le meilleur, la génération Z se plaît à mélanger le tout dans des playlists toujours plus éclectiques, où se côtoient volontiers Britney Spears, MC Solaar et Charles Aznavour. Quoi qu’il en soit, ce nouveau rapport à la musique – que l’on doit sûrement au large choix proposé par les plateformes de streaming – a modelé les attentes d’une génération qui espère d’un artiste qu’il s’affranchisse d’une appartenance à un genre unique… comme Eddy de Pretto.

 

A tous les bâtards, deuxième album du chanteur de 27 ans, est un pur produit de cette hybridation musicale. Si certains morceaux de l’opus flirtent avec le rap (Créteil Soleil), d’autres s’apparentent à de la variété lyrique (A quoi bon ou Bateaux-Mouches) ou s’approchent même de la house (La Fronde). Ainsi, forts de leurs différences, quelques-uns de ces titres pourront résonner dans l’habitacle d’un camion sur l’autoroute, traverser les volutes de fumée des soirées parisiennes, ou bien égayer les pavillons où vivent des familles nombreuses.

Depuis Cure (2018), Eddy de Pretto a fait des textes autobiographiques sa marque de fabrique. Plus encore, il parle à tous, tout en parlant de lui-même. Ainsi, les paroles de Bateaux-Mouches, qui relatent ses débuts en tant que chanteur, racontent aussi la détresse de tous les aspirants musiciens, et a chambre remplie des vestiges sacrés de son adolescence, décrite dans le vibrant Créteil Soleil, pourrait s’apparenter à celle de milliers d’autres. 

 

Portés par le phrasé baryton du chanteur, les quinze titres de l’album, aussi introspectifs soient-ils, sont aussi reliés par le fil rouge de son engagement, en forme de soutien à tous les laissés pour compte. Alors que Parfaitement et Freaks sonnent comme des hymnes à la différence remplis d’espoir, le sensible Neige en août évoque la dépression chez les jeunes qui font face à un avenir incertain : “Dis-moi si tu vas bien / En ces temps qui grondent”. Dans Val de larmes, Eddy de Pretto dénonce les violences policières, lui qui a grandi à Créteil, et qui dit avoir “été sauvé par ce visage pâle”. C’est sûrement dans cette capacité à dénoncer sans prétention que réside toute la richesse d’un artiste qui préfère prendre son temps plutôt que d’obéir à l’injonction de la performance, comme il le chante dans son dernier titre, “Tout vivre”.

 

A tous les bâtards (2021), album d’Eddy de Pretto, disponible sur toutes les plateformes.