12 déc 2017

3 bonnes raisons d’aller voir l’expo “Daho l’aime pop !”

Étienne Daho est au cœur de toutes les conversations. À l’heure de la sortie son nouveau disque, l’émouvant et psyché Blitz où l’éternel ado de 61 ans pose en cuir, deux livres lui sont consacrés et une exposition sur l’histoire de la pop française, telle qu’il l’aime, se joue à la Philharmonie de Paris.

Pour découvrir les goûts du chanteur

 

Dans l’exposition Daho l’aime pop !, le son est aussi important que les images. On pénètre donc dans la Cité de la Musique un casque sur les oreilles. Et c’est la voix sans pareil d’Étienne qui nous sert de guide pour un tour de pop. On y découvre l’amplitude de ses goûts à travers sept décennies de musique. Catherine Deneuve, Taxi Girl, Édith Piaf, Bashung, Marquis de Sade, Patrick Juvet, Christophe, Gérard Manset, Amanda Lear, Jacques, Lio, Daft Punk ou NTM… les artistes les plus éclectiques sont présents en 200 photos, textes racontés et chansons. Mais Daho le passeur a aussi tenu à donner un coup de projecteur sur la jeune génération qui n’hésite pas à se réclamer de lui. Ainsi La Femme, Lescop, Mustang, Yan Wagner, Calypso Valois ou encore Paradis ont été photographiés par le chanteur (qui rêvait, jeune, d’être photographe pro) et occupent une salle entière, rappelant qu’en France, la pop est toujours aussi bonne que le vin. Pour Daho : “Aujourd’hui, la pop a des contours fluctuants et se moque des définitions. Elle dresse des ponts entre les différents univers musicaux. Elle décloisonne, brasse, métisse, réconcilie les genres et arrache les étiquettes. Délivrée de la rigidité des codes, toute une nouvelle génération hisse très haut le drapeau d’une pop décomplexée, vive, variée, foisonnante et libre.”

Étienne Daho, 2016 ©Thomas Robin

Pour redécouvrir des groupes oubliés

 

L’histoire de la pop est contée par Daho, à travers sa voix et les tirages photos, mais pas toute la pop hexagonale. Dans le texte de l’exposition, l’artiste explique : “Ce ne serait donc pas un catalogue global de la pop française, mais un choix personnel de portraits d’artistes dont la trajectoire croise la mienne, soit ceux qui ont nourri mon inspiration et mon envie de devenir musicien, ceux qui ont accompagné ma route et ceux sur lesquels je souhaitais mettre de la lumière.” Subjective, la sélection fait ainsi l’impasse sur des incontournables comme Indochine, Murat ou Téléphone. Mais à la place, on a le plaisir d’entendre ou réentendre des oubliés de l’histoire musicale. La scène des jeunes modernes (dont Daho a fait partie avec Elli et Jacno) est fièrement représentée tout comme la no-wave et le punk de chez nous (Lucrate Milk, Les Fils de Joie ou Les Thugs qui ont même influencé Nirvana). Les photos de Modern Guy, Casino Music ou encore Mathématiques Modernes, le groupe Edwige, sublime égérie du Palace, s’avèrent très inspirantes en plein retour des années 80.

Serge Gainsbourg et Étienne Daho, 1987 ©Claude Delorme

Pour se laisser happer par la scénographie

 

La scénographie des expositions françaises a souvent à rougir face à celle de l’étranger. Ici, l’espace a beau ne pas être très grand, le parcours n’en reste pas moins pop, dans la forme comme dans le propos. Le jeune architecte de l’agence Freaks, Guillaume Aubry, qui a travaillé sur le dispositif nous explique : “l’idée de départ était de présenter des photos « pop » et dans « pop » il y a d’un côté « populaire », donc on voulait que ces photos ne soient pas montrées dans des cadres, protégées par des vitres et à distance des visiteurs. On a opté pour un accrochage de photos tirées sur alu et posées sur une petite étagère, comme des clichés de famille sur la cheminée ou la table de nuit. Et il y a aussi le « pop » à l’anglaise avec cette idée du surgissement (pop up) et c’est pour cela qu’on a dessiné de grandes stèles avec un miroir sans tain, au travers duquel les images apparaissent puis disparaissent en suivant la voix d’Étienne. Les photos sont de vrais objets et pas juste des fichiers, donc dans ces stèles elles sont tirées sur alu et rétroéclairées avec des leds, comme dans une boîte américaine.” Une salle sert aussi de vidéodrome projetant des clips (Vanessa Paradis, Rita Mitsouko, Air, Mr Oizo) en grand format comme au cinéma (ça change de Youtube). Et la pièce la plus réussie, intitulée Juke Box Babe en hommage à Alan Vega, propose un panorama de 200 morceaux à écouter au casque en appuyant sur une télécommande, avec les pochettes qui vont avec et un mini dancefloor aux lights folles pour pouvoir danser comme si on n’était pas au musée.

 

Blitz (Virgin/Mercury). Daho l’aime pop !, jusqu’au 29 avril 2018 à la Philharmonie de Paris-Musée de la Musique.