23 oct 2020

Comment Ryan Gosling est-il devenu l’acteur le plus prisé d’Hollywood?

Jusqu’au 14 novembre, Arte diffuse sur son site web le documentaire “Ryan Gosling, tout simplement” qui décrypte – à coup d’interviews de réalisateurs, de critiques de cinéma et d’amis de l’acteur mais aussi d’extraits de films et d’images d’archives – le “mythe Ryan Gosling”.

Ryan Gosling et Emma Stone dans “La La Land” (2016) de Damien Chazelle © Broadview/Action Press/Everett Collection

C’est l’histoire d’un “mec bien” qui a mis à ses pieds toute l’industrie du cinéma américain. Celle d’un gamin qui, à l’aube de l’adolescence, s’est retrouvé propulsé en tête d’affiche de l’émission pour enfants All New Mickey Mouse Club – avec comme camarades les futures superstars Britney Spears, Christina Aguilera et Justin Timberlake – et y a développé des rêves de scène. “Certains d’entre nous étaient faits pour ce métier, c’était le cas de Ryan Gosling. Il savait très bien se laisser diriger et offrir à la caméra toute sa vitalité et son légendaire sourire en coin qu’il a depuis toujours”, commente Jennifer McGill – autre bébé actrice revenue à l’anonymat après la fin de la diffusion du show – dans le documentaire Ryan Gosling, tout simplement. Réalisé par l’Allemande Jana Buchholz en 2018, ce reportage explique comment un jeune homme au visage d’ange, issu d’une famille monoparentale canadienne et victime de harcèlement à l’école a continué de briller après son succès sur Disney Channel et, au fil des années, s’est peu à peu hissé au rang d’acteur le plus désirable d’Hollywood.

 

 

Un comédien discret que tout le monde s’arrache

 

Ryan Gosling, 40 ans dans quelques jours, incarne depuis le début des années 2010 la figure de l’acteur ultra bankable. Réalisateurs américains (Nick Cassavetes) et européens (Nicolas Winding Refn), cinéma indépendant (Danny Balint) et à gros budget (Les Marches du pouvoir), films de science-fiction (Blade Runner 2049) et comédies musicales (La La Land)… l’ami d’enfance de Justin Timberlake ne se refuse rien. Sans doute choisis “au feeling”, les rôles qu’il a abordé au début de sa carrière ont pourtant construit son image au cinéma. D’apparence sage, le blondinet au physique parfait accepte le rôle d’Hercule dans la série du même nom (1998-1999)… une expérience qui le “vaccine contre les séries télévisés”, d’après la narratrice du documentaire, puisqu’elle l’érige d’abord en figure lisse du petit écran et même en pur produit de l’entertainment américain. Une étiquette qui, visiblement, ne colle pas avec les projets de Ryan Gosling : il sera un acteur à la palette extra large, passant de la comédie au drame et des Oscars au Festival de Sundance.

 

Pour ce faire, il passe un casting pour incarner un juif américain devenu néo-nazi puis leader du Ku Klux Klan dans les années 60 (Danny Balint, 2001) et passe l’épreuve haut la main. Pour mieux comprendre comment l’acteur a abordé ce rôle polémique (dans un film sur lequel beaucoup ont refusé de travailler), le documentaire Ryan Gosling, tout simplement donne la parole à son réalisateur, Henry Bean : “Je me souviens de la scène au café […]. Avant même la première prise [Ryan Gosling] s’est excusé auprès des figurants et des techniciens pour les propos qu’il allait tenir ” . Sur un plateau – et même quand il doit débiter des horreurs antisémites –, l’acteur se révèle être un homme sensible et bienveillant, mais aussi ultra perfectionniste et prêt à tout pour que son jeu fasse décoller sa carrière.

 

 

Du « type normal” au preux chevalier

 

Après Danny Balint, c’est l’ascension que tout le monde lui connaît. Le film remporte le Grand prix du jury au Festival de Sundance et révèle au monde les qualités de son acteur principal : un comédien au jeu profond et au faciès inoubliable. S’il s’est montré à l’aise dans la figure du bad boy, Ryan Gosling tient tout de même à changer de registre : il devient Noah, personnage principal de N’oublie jamais (2004) amoureux fou d’Allison – interprétée par Rachel McAdams. Si le documentaire n’occulte par les détails croustillants (sa relation avec l’actrice née sur le tournage), il met aussi en lumière la perspicacité de l’acteur. Ce dernier comprend vite qu’à Hollywood, le secret de longévité réside dans la capacité à alterner les rôles de “gros dur” et ceux d’amoureux transi (Blue Valentine ; Crazy, Stupid, Love). Plus encore, de réussir à combiner les deux dans un seul et même personnage.

 

C’est alors que Ryan Gosling signe pour deux longs-métrages qui feront basculer sa carrière tout autant que sa vie privée. Le premier, Drive (2011), où il incarne un malfrat qui prend soin de sa voisine – une mère élevant seule un enfant dont le père est en prison – et le second, The Place Beyond the Pines (2013), dans lequel son personnage de cascadeur tatoué au visage tente de renouer avec une ancienne petite amie qui lui a donné un fils… À travers ses deux rôles de ripoux hypersensibles, Ryan Gosling se crée une figure de preux chevalier au cinéma. Aussi, il rencontre sur le tournage du second celle qui deviendra sa femme et la mère de ses enfants, l’actrice Eva Mendes.

 

 

Bien sûr, cette étiquette d’acteur touche-à-tout ne lui suffit pas. Le héros de Drive passe à la réalisation avec Lost River (2014), mais le film est boudé par la critique. Il revient donc devant la caméra avec La La Land (2016) de Damien Chazelle, qui semble faire l’unanimité puisqu’il ravive un genre quelque peu oublié à Hollywood, la comédie musicale. Aux Golden Globes 2017, Ryan Gosling remporte la statuette de meilleur acteur et, comme le montre le documentaire, la dédie à sa femme et à la mémoire de son beau-frère décédé.

 

Car c’est un point essentiel du reportage : l’acteur américain est un gentil garçon. Alors qu’il est très discret sur sa vie privée et n’alimente aucun réseau social, les Internautes ont pu le voir dans les rues de New York – casquette vissée sur la tête et sac de courses à la main – s’interposer dans une bagarre et calmer deux inconnus pourtant prêts à en découdre… Preuve que le “mec bien” a encore frappé.

 

 

Ryan Gosling, tout simplement (2018) de Jana Buchholz, disponible jusqu’au 14 novembre sur Arte.tv.