Faut-il croire au grand retour de Mariah Carey ?
Diva excentrique capable d’atteindre des notes inaccessibles et reine incontestée de Noël depuis son tube de 1994, Mariah Carey revient en bonne compagnie avec Caution, un album confectionné notamment par Blood Orange et Skrillex. Décryptage.
Par Violaine Schütz.
Ses chansons font du bien à l’âme
Capable d’atteindre les notes les plus aiguës, la Minnie Riperton de la génération MTV chante mieux que personne les émotions humaines et le désarroi amoureux. Sa voix haut perchée, répertoriée dans tous les livres de records, lui permet de couvrir plus de cinq octaves. Mais ce qui a rendu Mariah Carey si célèbre, ce sont surtout les thèmes qu’elle aborde. Souvent doux-amers, les titres de ses compositions annoncent la couleur : “J’ai souffert mais je vais m’en remettre.” Love Takes Time, Without You, I Don't Wanna Cry… à l’ère du grunge “no future” des années 90, le mélodrame est son unique moyen d’expression. Mais avec Mariah Carey, les chagrins sont plus doux et c’est pour cela qu’elle poursuivra sa carrière avec des titres plus légers tels que Fantasy, Butterfly ou Rainbow.
Ainsi, depuis son tube de 1994 All I Want For Christmas Is You, la chanteuse accompagne les hivers glacials et les téléfilms sirupeux de Noël. En cas de coup de blues, ses performances sont des remèdes imparables. Et après chaque disgrâce survenue dans sa vie privée ou sa profession, la diva renaît de ses cendres. En témoigne ce nouveau disque, Caution, avec Blood Orange et Skrillex, au sein duquel les nappes de R’n’B old school sont d'excellente facture.
Robes pailletées, contouring outrancier, performances explosives à Las Vegas, scandales et caprices en tout genre… Mariah Carey était déja l’emblème du maximalisme bien avant Gucci et Balenciaga.
Elle a mangé son pain noir
La vie de Mariah n'a pas toujours été “Glitter” (“Scintillante”) pour reprendre le titre de la bande-originale de son film qui a fait un flop à sa sortie en 2001 avant de caracoler en tête des ventes, dix-sept ans plus tard. Née d’un père d'origine vénézuélienne et d’une mère d’origine irlandaise, la métisse n’a pas vraiment eu une enfance rose. Mariah Carey grandit dans un quartier WASP, elle y subit le racisme à cause du mariage mixte de ses parents. À l'école elle est surnommée “le mirage” car elle brille par ses absences, plus absorbée par le solfège que l'arithmétique. Plus tard, Mariah Carey sera serveuse, hôtesse, concierge puis choriste. C’est en rencontrant Tommy Mottola, président du label Sony Music, qu’elle débarquera avec fracas dans le monde du showbizz. Encore aujourd’hui, à 48 ans, la “petite Cendrillon de l'Amérique” redevient parfois madame Tout-le-monde comme lors de sa rencontre avec l’ex-première dame américaine Michelle Obama : “Mon fils de deux ans a vomi sur la robe de Michelle, c'était l’un des moments les plus humiliants de ma vie.”
Mobil-home avec humidificateurs pour ses huit chiens, robinetterie en or et assistants qui lui tiennent son verre ou ramassent ses vieux chewing-gums, rien n'est épargné à son staff qu'on imagine en PLS.
C'est une vraie diva
Avant les campagnes Gucci et le “more is more” de Balenciaga, Mariah Carey était déja l’emblème du maximalisme. Robes pailletées, contouring outrancier, performances explosives à Las Vegas, scandales et caprices en tout genre… la carrière de la chanteuse est digne d’une telenovela. En juillet 2001, elle est hospitalisée suite à une dépression nerveuse et ne peut donc pas assurer la promotion de son album Glitter. Discrète à ses débuts, adulée par les médias pour sa frimousse et son côté “girl next door”, elle révèle finalement une autre facette qui agace rapidement la presse. Ses tenues sont jugées bien trop vulgaires, ses fluctuations de poids sont épinglées par les tabloïds et son attrait pour le bistouri est sévèrement moqué.
Mariah Carey chute de son piédestal et, d’après la rumeur, tente de se suicider. Mais la diva déchue dément fermement et se réfugie chez sa mère. Sa vengeance sera terrible, à coup d’excès et d’exigences démesurées. Diagnostiquée bipolaire, la star ne passe pas une semaine sans être la risée du web entre flagrants délits de playbacks, concerts catastrophiques, et téléréalités ridicules. Son propre frère déclarera d’ailleurs : “Je ne pense pas l’avoir déjà vu sobre, c’est effrayant.” Siestes à répétition, mauvaise humeur, addiction aux selfies à l'alcool et aux cachets, mobil-home avec humidificateurs pour ses huit chiens, robinetterie en or, tapis rouge déroulé devant chaque hôtel et assistants qui lui tiennent son verre ou ramassent ses vieux chewing-gums, rien n'est épargné à son staff qu'on imagine en PLS. L'an dernier, en pleine affaire Weinstein, l’un de ses anciens garde du corps l'accuse même de harcèlement sexuel, de racisme anti-blanc et de ne pas payer ses factures aux montants faramineux… Mais Mariah Carey sait aussi se montrer philanthrope et tient encore debout sur ses Louboutin. Elle réclame d’ailleurs 2 à 5 millions de dollars pour interpréter quelques titres en live. L'apanage des monstres sacrés.
Mariah Carey, Caution [Epic Records], disponible.