Owlle, future icône de la pop music ?
La musicienne française vient de dévoiler un nouvel album, Heavy Weather, entre flamboyance et introspection. Portrait d'une artiste, trait d'union parfait entre références arty et pop grand public, à découvrir en live à la Maroquinerie ce 18 décembre.
Photos Maxime Passadore.
Réalisation & Texte Thibaut Wychowanok.
Elle a, tour à tour, le visage d’une madone italienne touchée par la grâce, et les traits glaçants d’une valkyrie au combat. À l’image de sa pop hybride, Owlle souffle en permanence le chaud et le froid, dans un basculement vertigineux entre vulnérabilité et flamboyance, entre musique populaire à la Katy Perry et références arty façon Brian Eno et David Bowie.
Révélée en 2011 par le prix des Inrocks Lab puis son tube Ticky Ticky, Owlle s’impose d’abord en héritière de Feist et Bat For Lashes, soit le versant le plus électro-arty de la pop anglo-saxonne. Elle chante donc en anglais, mais son vrai nom est France. France, ce sera aussi le titre d’un premier album en 2014. Les sonorités sont dark. On pense à Fever Ray. La musicienne vient de remixer un morceau de Depeche Mode, Heaven. Un paradis et un nouveau hit, viscéral et synthétique, qui lui va bien.
”Heavy Weather est plus personnel. Je ne suis plus rousse. Je suis moi-même.”
La Française qui a forgé son caractère artistique aux Beaux-Arts de Paris sait aussi incarner, au-delà de son talent vocal ou de remixeuse. Pour Numero.com, elle a ainsi accepté de se métamorphoser en créature hybride, mi-animale mi-androïde, le temps d’une série mode. Un esprit dystopique et mélancolique pas si loin de son univers personnel. “J’ai commencé par étudier dans une école de scénographie dans le sud de la France, confie l’artiste. La musique était déjà présente, comme une passion inavouée. Je n’avais pas appris à chanter, je ne savais même pas si je pouvais écrire une chanson, mais j’aimais les divas et les mises en scène. Je me suis prise de passion pour Pierre Huyghe et la vidéo d’art contemporain. En réalité, je tournais autour du pot : c’était moi qui voulais être sur scène, au centre des choses.”
L’arrivée à Paris et les rencontres humaines et instrumentales (sa passion pour l’Omnichord) feront le reste. France change de couleur de cheveux et se fait une frange : “Je me suis vue dans la glace et je me suis dit : ça y est, j’existe.” Owl, c’est la chouette, un oiseau de nuit, comme France qui passe ses heures nocturnes à composer et écouter de la musique. “Mon père s’amusait aussi à me comparer à une chouette avec mes pupilles toujours dilatées et cerclées…”
Avec son second opus sorti en 2018, Heavy Weather, la Française joue plus que jamais de son ambivalence. Partie voyager en Californie, elle en revient avec des tubes forcément plus solaires (jusqu’au paradoxal In the Dark) et assume plus encore son désir de pop brûlante ou écorchée à la Sia (dont elle a d'ailleurs remixé le titre Chandelier). Le piano-voix du titre Deep Sea Diver en a la légitimité.
“J’étais dans une voiture lancée à 200 à l’heure, qui tout à coup se trouvait à l’arrêt. Il me fallait un nouveau départ.”
On se balade dans Heavy Weather comme dans Drive et The Neon Demon, les deux films cultes tournés par Nicolas Winding Refn. Leur vision commune d’un Los Angeles synthétique et mystérieux forme une "Cité de Quartz” amplifiant chaque ressenti, les réverbérant dans tous les sens-timents : “Los Angeles n’est pas uniquement superficielle. J’y ai perçu une vraie mélancolie et une étrangeté fascinantes, explique l'artiste.Le rapport aux gens, à l’espace et au temps est comme distordu. Je m’y suis rendue à la suite d’une rupture et à la fin de la tournée du premier album. J’étais dans une voiture lancée à 200 à l’heure, qui tout à coup se trouvait à l’arrêt. Il me fallait un nouveau départ.”
La jeune trentenaire s'est associée à Dan Levy (moitié de The Do) pour produire ce nouvel album avec en ligne de mire les stars contemporaines de la chanson pop. Elle n’a pourtant rien d'une copie pâlie sous le soleil de Sunset Beach. “Je ne voulais pas d’une pop putassière ou trop américanisée, assume la musicienne. Je cherchais à emmener mon écriture naturellement pop vers plus d’étrangeté et de cassures grâce à Dan. Et il a réussi à me sortir de ma zone de confort. J’écrivais des choses un peu abstraites, inspirées de films ou de ce que je voyais. J’avais peur d’aller en profondeur et de me confronter à moi-même. Heavy Weather est plus personnel. Je ne suis plus rousse. Je suis moi-même. C’est mon voyage personnel, croisement hybride entre les beaux-arts et ma passion pour la musique populaire, de Cindy Lauper à la musique country, de Madonna à Ellie Goulding.”
Découvrez “Les androïdes rêvent-ils…?”, une série mode inédite avec Owlle.
Heavy Weather de Owlle, disponible.
Concert à la Maroquinerie le 18 décembre 2018.
Assistante réalisation : Léa Zetlaoui. Coiffure : Yolette Bouchar @yolettebouchar @yoletteboucharhairstylist pour @sebastianprofr chez @Artlist. Maquillage : Emilie Nssoga @emilie.makeupyourmind pour @narsissist chez @Artlist. Merci à Julot Bandit et Gabriel Boyer. Merci au Studio des Acacias.