La collection Rick Owens homme automne-hiver 2021-2022
Après une première incursion sur l’île de Lido, au large de Venise, en octobre dernier, Rick Owens remet le cap sur la ville italienne avec sa collection homme automne-hiver 2021-2022. Entre structure et fluidité, asymétrie et volume, le créateur américain y joue sur l’esthétique des contrastes.
Par Matthieu Jacquet.
En octobre dernier, Rick Owens quittait son Paris habituel pour présenter sa nouvelle collection femme sans public sur l’île de Lido, au large de Venise. À la fois romantique et froid, notamment grâce à l’architecture autoritaire du Tempio Votivo, ce décor a quelques mois plus tard de nouveau attiré le créateur américain, qui y présente cette fois-ci sa collection homme automne-hiver 2021-2022. Et si c’est le Gethsémané, jardin où Jésus aurait prié avant sa crucifixion, qui donne son nom à l’ensemble de ce nouveau vestiaire, les pièces inédites dévoilées ici suggèrent davantage la dureté de nos temps sombres que la sérénité d’un havre naturel et florissant. Comme pour la précédente collection, tous les visages des mannequins sont d’ailleurs couverts de masques, exception faite de Tyrone Dylan Susman, muse du créateur américain qui endossait déjà l’intégralité des vêtements de la collection homme printemps-été 2021.
En 44 ensembles, la nouvelle collection Rick Owens réunit tous les éléments – parfois paradoxaux – qui ont fait la force de son style depuis maintenant deux décennies. Si la vision architecturale du corps y est toujours saillante, à travers notamment les épaules très marquées des vestes de costume oversize ou les lignes dessinés par les coutures des bombers, la fluidité et l’asymétrie dominent les silhouettes : on retrouve des vestes moulantes aux zips décalés sur la droite, des manteaux XXL dont la laine traîne au sol et les manches tombent jusqu’aux cuisses, mais surtout les nombreux pulls-tuniques en cachemire recyclé dont les multiples ajours circulaires rappellent les tuniques “peep-hole” de la saison automne-hiver 2015-2016, qui avaient à l’époque choqué la toile en dévoilant subrepticement les organes génitaux masculins. Grand amateur de contrastes, Rick Owens assortit ici les pièces moulantes et légères aux plus chaudes, comme les slips blancs mariés à d’étonnantes cuissardes couvertes de fourrure et de larges manteaux noirs. Mais son talent pour la déconstruction se note encore davantage dans les doudounes mauves ou kakis aux morceaux détachables, pièces maîtresses d’un vestiaire à la fois conquérant et protecteur.