2 fév 2022

Sur Tënk, découvrez le portrait trash, cru et intime des Parisiennes d’aujourd’hui

Véritable réflexion sur la difficile transition de l’adolescence à l’âge adulte, Jungle, le premier court-métrage de la réalisatrice de 25 ans Louise Mootz, dresse le portrait cru d’une bande d’amies dans la capitale française. Primé au festival Visions du réel 2020 et en lice aux César 2022, le film suit le quotidien, sur trois années, de Parisiennes loin des stéréotypes qui, entre engueulades et débrouille, sont le reflet de toute une jeunesse vibrante.

Elles parlent de sexe, de poils, de drogues et de harcèlement. Dünya, Lila, Héloïse, Bonnie et Solveig sont les meilleures amies de la réalisatrice Louise Mootz, qui s’était attelée jusqu’ici à la réalisation de clips musicaux pour Crystal Murray ou Thee Dian. Une bande de filles de 23 ans, toutes un peu artistes, qui promènent leur fureur de vivre entre Belleville et Stalingrad. Dans ce court-métrage queer et féministe, les filles abordent sans tabous leurs joies et leurs peines et nous font pénétrer dans leurs univers si singuliers. Rythmé, dynamique, à la construction libre et imprévisible comme ses héroïnes, ce documentaire montre des vrais corps, de vraies femmes, qui assument leurs désirs et leurs pulsions. La réalisatrice suit ses amies avec un regard complice et plein d’amour et ce dans toutes leurs aventures, les écoutent sans jugement et les filme sous toutes les coutures. L’impression d’être avec elles, autour d’une bière, un soir dans un de ces bars de Strasbourg-Saint-Denis alors que les mégots de cigarettes s’entassent dans le cendrier au fil des conversations interminables. Elles parlent de mecs, de drague, mais aussi de la solitude et des maladies sexuellement transmissibles. On les accompagne ensuite en soirée où elles prennent le verre de trop, embrassent leurs amis, mais rentrent finalement en sécurité chez elles, grâce au pouvoir de la sororité. Car c’est de ça que parle Jungle : de la solidarité et de l’amitié entre femmes, un rempart contre les coups de poing de la vie, une « safe place« , comme le dit Solveig au début du film. 

 

 

Derrière leurs rires tonitruants et leur joie de vivre, les héroïnes ne cachent pourtant pas leurs failles et leurs doutes quant à l’existence qu’elles mènent. D’un test VIH fait à l’arrache sur un coin de table au récit d’une agression sexuelle, les expériences du groupe de copines ne sont pas toujours roses. Solveig peine à se relever d’une rupture, Dünya doit s’assumer seule sans l’aide de sa famille tandis qu’Héloïse songe à arrêter l’école pour se lancer dans la musique, au grand dam de sa famille. Vivre la vie dont elles rêvent requièrent parfois des sacrifices. C’est peut-être au prix de leur liberté qu’elles pensent, le regard perdu vers l’horizon. Ces filles sont des livres ouverts, elles dévoilent leurs émotions à fleur de peau, passant du rire aux larmes. Ces amazones des temps modernes foulent la jungle urbaine de leurs Doc Martens défoncées alors que leur maquillage devient parure de guerre. Elles se préparent à la bagarre contre la vie âpre, qui ne leur fera pas de cadeaux. Loin d’être mélancolique et résigné, ce documentaire n’élude pas la complexité de l’existence et montre des femmes libres, engagées et puissantes à la conquête de leur liberté. 

 

Jungle, (2020), Louise Mootz. Disponible prochainement.

« Jungle », Crédit Silex Film.