Will Man Ray become the author of the most expensive photograph in history?
Estimé entre 5 à 7 millions de dollars, le cliché iconique de Man Ray “Le Violon d’Ingres” pourrait bien battre en mai prochain le record de la photographie la plus chère de l’histoire lors d’une vente aux enchères, organisée par Christie’s New York.
Par Erwann Chevalier.
C’est l’un des clichés les plus célèbres de l’histoire de la photographie moderne. Réalisé en 1924 par Man Ray, Le Violon d’Ingres met en scène dans une ambiance intimiste la séduisante Kiki de Montparnasse, chanteuse, danseuse, et gérante de cabaret également muse et amante de l’artiste surréaliste. Capturée en noir et blanc face à un fond gris, la jeune femme assise de dos dévoile une chute de reins décorée de deux ouïes de violon, rajoutées à l’encre de Chine après la prise de vue. Comme le dit l’expression française qui donne son titre au cliché de Man Ray, inspirée par la passion du peintre néo-classique Jean-Auguste Dominique Ingres pour l’instrument à cordes, “le violon d’Ingres” est une passion à laquelle on aime se consacrer – ici, incarnée par une Kiki de Montparnasse dans la peau d’un violon humain. Cette image emblématique du mouvement surréaliste est aujourd’hui en passe de devenir la photographie la plus chère de l’histoire, déjà estimée entre 5 à 7 millions de dollars pour la vente d’art moderne organisée en mai par la maison Christie’s New York. Lors de cette vente, on trouvera aux côtés d’œuvres de Marcel Duchamp, Vija Celmins et William N. Copley l’une des versions originales de ce cliché, acquis directement auprès de Man Ray en 1962 par les acheteurs de mode américains Rosalind Gersten Jacobs et de Melvin Jacobs, couple proche des surréalistes.
Acteur majeur du mouvement surréaliste et Dada, Man Ray (né en 1890 et décédé en 1976) était à la fois peintre, photographe et réalisateur. Celui qui aimait déclarer que “ tout est possible à partir de rien” a su, de New York à Paris, faire briller son sens de l’inattendu et de la surprise : après avoir quitté les États-Unis, faute de rencontrer le succès escompté, auprès des dadaïstes new-yorkais, l’homme s’est affirmé sur la scène artistique parisienne en tant que photographe dans les années 20, repoussant les limites du médium en le faisant par exemple rencontrer la peinture. C’est ainsi qu’est né Le Violon d’Ingres, dont un des exemplaires est aujourd’hui conservé au musée national d’Art moderne à Paris. Ancienne propriété d’André Breton, le tirage inspire depuis près d’un siècle de nombreux créatifs et se fait un puissant témoignage de l’esprit surréaliste.
Avec ses chiffres vertigineux, la photographie de Man Ray est déjà en passe de battre un record de vente, bénéficiant selon Christie’s New York de l’estimation la plus élevée de l’histoire des enchères pour une photographie. Son auteur est sur le point de détrôner le record détenu par le photographe allemand Andreas Gursky, dont le paysage Rhein II de 1999 avait été adjugé 4,3 millions de dollars chez Christie’s en 2011. Il y a cinq ans, la photographie Noire et Blanche (1926) de Man Ray partait déjà pour 3 millions d’euros, présageant une envolée de la cote de l’artiste surréaliste auquel Christie’s Paris consacrait une vente exceptionnelle en mars dernier : 188 lots sont passés sous le marteau à cette occasion, comme L’Objet à détruire ou encore la photographie La primauté de la matière sur la pensée.
L’œuvre Le Violon d’Ingres (1924) de Man Ray sera en vente en mai chez Christie’s New York.