Ripley : pourquoi il faut voir la série Netflix avec Andrew Scott
Sombre et fascinante, la série Ripley, disponible sur Netflix, offre une nouvelle vision d’un personnage de roman manipulateur inventé par Patricia Highsmith avec un Andrew Scott au sommet de son art et de son ambiguïté.
par Violaine Schütz.
La série Ripley sur Netflix : une nouvelle vision d’un personnage de livres cultes
Ripley ou Replay ? Ripley, la nouvelle série qui cartonne sur Netflix, raconte une histoire qui parlera déjà à beaucoup de monde. En effet, le show propose une nouvelle vision d’un personnage, l’imposteur manipulateur fascinant et effrayant Tom Ripley, apparaissant dans cinq romans signés Patricia Highsmith.
Aussi séducteur que diabolique, ce dernier a déjà été au cœur des films Plein Soleil (1960) avec un Alain Delon au sommet de sa beauté et Le Talentueux Mr Ripley (1999) avec Matt Damon, Jude Law et Gwyneth Paltrow. Mais l’ombre de l’arriviste et dangereux Tom Ripley plane aussi le sulfureux Saltburn (2023) avec Jacob Elordi et Barry Keoghan. Une preuve de sa versatile immortalité…
Dans le thriller Netflix créé par Steven Zaillian (coscénariste de Gangs of New York) et mettant en scène Andrew Scott, Tom Ripley est un escroc new-yorkais ténébreux des sixties qui vit de menues arnaques, avant d’être engagé par un homme riche pour retrouver son fils parti vivre la vie de bohème en Italie. Et c’est sans doute la version la plus noire et la plus désenchantée de toutes les adaptations de Patricia Highsmith.
Des partis pris artistiques forts
Réseaux sociaux, streaming, zapping… Aujourd’hui, tout se consomme à la vitesse la lumière. Sombre, peu bavarde et extrêmement lente, la série Ripley se veut à contre-courant de la course permanente dans laquelle nous place le monde moderne. Et elle propose des parti pris stylistiques rares sur Netflix et sur le petit écran.
Filmé en noir et blanc et très esthétisante – ses plans d’architecture italienne aux jeux de lumière saisissants ressemblent à des tableaux -, le programme lorgne plus du côté de l’expressionnisme, d’Hitchcock et d’Orson Welles que des thrillers musclés, rythmés, bruyants et tape-à-l’œil qui font la renommée des plateformes de streaming.
On peut aussi rapprocher cette série d’une autre réussite visuelle old school, l’atypique Sugar, disponible sur Apple TV+. Colin Farrell – bogartien à souhait – y interprète un détective privé cinéphile qui enquête sur la disparition d’une jeune fille. Comme dans Ripley, on retrouve de nombreux plans très esthétiques de la ville (ici, Los Angeles), des séquences en noir et blanc (tirées de vieux films) splendides et une atmosphère aussi vintage que mystérieuse.
Andrew Scott, héros de Ripley et immense acteur
Moriarty dans la série Sherlock (2010), prêtre sexy dans Fleabag (2016-2019), amant mélancolique de Paul Mescal dans le sublime film Sans jamais nous connaître (2023)… L’acteur irlandais Andrew Scott, 47 ans, a imposé sa beauté étrange à Hollywood. Avec son visage insaisissable et son regard profond, Andrew Scott excelle dans les rôles d’anti-héros et possède quelque chose d’un autre temps.
Il ressemble aux grands acteurs de thrillers et de films noirs des années 50 : ces playboys à trench et mine renfrognée dont on avait du mal à savoir s’ils étaient du bon ou du mauvais côté. Ici, Tom Ripley est clairement le méchant de l’affaire. Perfide et adepte de magouilles en tout genre, il s’enfonce de plus en plus dans le côté obscur de la force pour devenir, lentement, un meurtrier.
Grâce à sa palette de jeu très dense, Andrew Scott apporte de nombreuses nuances à ce personnage opprimé et fauché qui se révolte, avec violence, contre les privilèges d’une classe sociale qui le fascine autant qu’elle le rend fou.
Ripley (2024) de Steven Zaillian, avec Andrew Scott, Dakota Fanning et Johnny Flynn, disponible sur Netflix.